Corinne Maier, le regret d’avoir enfanté

Corinne Maier a participé en 2023 à l’écriture du livre « Surpopulation… Mythe ou réalité ? ». Elle y écrivait : « Les enfantophiles ont beau s’époumoner, la fécondité est en baisse dans de nombreux pays. Beaucoup l’ont compris, les discours natalistes sur le thème « Rien n’est plus beau qu’un sourire d’enfant », « Avoir un enfant épanouit », ne sont rien d’autre qu’une propagande éhontée pour le maintien de l’ordre productiviste. Car l’enfant, futur travailleur, consommateur, contribuable, soldat peut-être (puisque la « mondialisation heureuse » n’a pas apporté la paix), est évidemment un bon plan pour les États. Beaucoup moins pour les parents, qui déboursent en moyenne dans les pays riches 300 000 euros pour élever ce petit être merveilleux, depuis sa naissance jusqu’au moment où il travaille…. » .

Dans Me first ! Manifeste pour un égoïsme au féminin (L’Observatoire, 160 pages, 18 euros), en librairie le 31 janvier, Corinne Maier consacre trois chapitres aux enfants : le premier invite à oser ne pas en avoir (pas vraiment une surprise de la part de celle qui avait publié en 2007 No Kid, chez Michalon) ;  le chapitre suivant enjoint, si on a refusé de suivre le conseil précédent, de refuser d’être une bonne mère ; et le troisième recommande de faire garder ses petits autant qu’on peut. A 60 ans, Corinne Maier reconnaît avoir enfreint toutes ces règles.

Le 4 février 2024, elle à l’honneur d’une interview dans LE MONDE : « En tant que mère, il faut de la distance, de l’indifférence, il faut s’en foutre » En ce moment même son témoignage recueille déjà plus de 190 commentaires, une moitié élogieux et l’autre indignés. Ainsi va la vie…

Corinne Maier : Un jour où je rangeais mes archives dans de grands dossiers , ma fille, qui devait avoir 8 ou 9 ans, m’a dit : « Quand tu seras morte, je brûlerai toutes tes archives. » Un jour, j’ai lancé à mon fils : « L’éducation qu’on t’a donnée est un échec ! » Il venait encore de se faire virer d’une école. Dans les rapports avec les autres, mais encore plus souvent en tant que mère, en me disant qu’il faut de la distance, de l’indifférence, il faut s’en foutre. Je suis à peu près convaincue que l’épidémie de jeunes qui ne font rien, le 1,4 million de 15-29 ans qui ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation [en 2021], est en partie liée au fait qu’on s’occupe trop d’eux. Mon fils de 27 ans a commencé à travailler il y a six mois, et j’ai peur qu’il ne démissionne et se retrouve bientôt à glander pendant des mois à la maison. Parce que je n’ai qu’une envie, c’est qu’on en finisse avec cette transition entre adolescence et âge adulte. Ma fille de 29 ans vit à San Francisco [en Californie] où elle est partie il y a six ans. Elle a pris la nationalité américaine.

LE MONDE : Quand vous écrivez « l’enfant coûte cher, il est épouvantablement chronophage, il emprisonne les femmes dans des vies ennuyeuses et le jeu n’en vaut pas la chandelle », vous n’avez pas peur d’envoyer vos enfants faire quarante ans de thérapie ?

Corinne : Non, mon fils est imperméable à ce que je peux dire ; il ne lit pas mes livres. Ma fille me les demande par politesse et ne les lit pas.

La controverse

DomiDal : Si la psychanalyse c’est cela, alors il faudrait tuer père et mère ! C’est immonde et je ne sais de quelle école viennent ces idées non justifiées ! Au contraire le rôle d’une mère est de connaître au mieux ses enfants.

Michel SOURROUILLE : Immonde ? Connaître ses enfants ? Les relations parents-enfants ne sont jamais simples, c’est pourquoi il faut approfondir ses connaissances avant de porter un jugement sur une personne à propos des relations intrafamiliales.

Corinne Maier est passé par l’IEP, diplômée de troisième cycle en relations internationales et en économie et surtout, pour ce qui nous intéresse, titulaire d’une thèse en « Psychanalyse et champ freudien ». Donc une multi-compétence tant sur la vie socio-économique qu’en psychologie. Dans son dernier livre, elle a fait le calcul que, à raison de vingt heures par semaine pendant vingt ans, elle a consacré vingt mille heures à l’éducation de chacun de ses enfants, ce qui n’est pas rien. Connaissant son cursus intellectuel, je ne pense pas qu’elle ignore que la responsabilité d’un parent est d’être en charge de l’équilibre de l’enfant et qui faut leur témoigner de l’amour. Par contre elle sait aussi que faire passer l’idée selon laquelle nos enfants sont tout pour nous, parent, risque fort d’empêcher leur autonomie, le fait d’être capable de se détacher de ses parents, ce qui commence par la possibilité d’affronter (amicalement ses parents), ce qu’on appelle la crise de l’adolescence.

C’est pourquoi Corinne Maier ne semble pas détruire ses enfants, elle semble au contraire leur permettre de se construire. Elle est très réaliste sur son expérience de parent, un enfant nous échappe, il ne lit plus, il est victime des réseaux sociaux, il croit que la fréquentation de ses pairs et de Tiktok est tout dans une vie. Mais Corinne accepte que ses enfants fasse leur propre vie même si elle n’en pense pas moins. Elle peut même avoir dit regretter de les avoir mis au monde, mais ce monde n’est-il pas devenu invivable ? Trop âgé pour avoir pu conceptualiser un choix radical, devenir stérilisée volontaire, elle avait écrit en 2007« No Kid, Quarante raisons de ne pas avoir d’enfant », à 44 ans.

Points de vue complémentaires

Lisa dorel : J’ai tout lu cet interview au premier degré, çà m’a fait un bien fou , à moi qui ai toujours tout fait pour mes enfants et çà m’a coutéééééé

Babylon : Une bouffée d’air frais, dans les relations avec les ascendants comme avec les descendants.

Pascale C. : Corinne Maier a un côté rafraîchissant après tous les discours angoissants des Mamans parfaites et de leurs épigones, selon lesquels le moindre manque d’enthousiasme devant une couche à changer peut avoir des conséquences gravissimes et la plus petite marque d’agacement envers un poupon hurleur, générer chez celui-ci un autisme sévère et irrémédiable. Etc, etc. Il fallait bien que quelqu’un le redise, les Mamans parfaites n’existent pas

Nemo auditur : J’ai lu l’interview à mon épouse et nous avons beaucoup aimé son humour. Il faut dire qu’avec cinq enfants qui vont du zadiste à la dentiste nous sommes expérimentés.

Rémy Boileau : Je suis père de deux enfants, jeunes adultes, et j’adhère totalement aux propos de cette mère et psychanalyste. Plus ils grandissaient, plus je me sentais détaché de leurs décisions qui leur appartenaient pleinement. Je n’irai pas jusqu’à dire que je m’en foutais, mais la notion de « mère suffisamment bonne » s’appliquait totalement à mon rôle de père, j’ai essayé de leur foutre la paix.

une retraitée : Contributeurs, vous n’avez pas compris, c’est de la blague tout ça ! D’ailleurs, quand elle parle d’elle (sur sa page web), elle dit qu’elle veut surtout faire rire, car « Peu importe puisque tout va s’effondrer ».

Rose : Sympathique, mais le mieux c’est quand même de ne pas faire d’enfants.

Hdh : Oui ayons le courage et l’honnêteté de ne pas faire d’enfant. La plupart des parents craquent quoiqu’ils en disent et en font trop ou pas assez soumis à la pression sociale. Et surtout ce serait un acte d’amour de ne pas infliger à ces enfants une vie sous l’emprise de la guerre, de la catastrophe écologique et des fascismes de tout bord.

En savoir plus sur Corinne Maier grâce à notre blog biosphere

Corinne Maier, féministe et malthusienne

extraits : Avoir un enfant, c’est cher payé quand on est une femme. Certains balaient d’un revers de main cet argument ; les Français ne disent-ils pas souvent : « Quoi de plus beau qu’un sourire d’enfant » ? Le problème, c’est que cet enfant ne va pas sourire longtemps. Le temps passe, et il est appelé à devenir… Un jeune. Un quart d’entre eux sont au chômage, et les autres, souvent surdiplômés, n’ont guère de perspectives d’avenir. Au regard des « non-carrières » qui sont leur lot, il est peu probable qu’ils soient en mesure, demain, de payer les retraites de leurs aînés. Être jeune, c’est no future. Qu’ils oublient les boulots rémunérateurs, le patrimoine immobilier, ce n’est pas pour eux…

En savoir plus sur la surpopulation

Alerte surpopulation, le combat de Démographie Responsable (2022)

Surpopulation… Mythe ou réalité ? (2023)

Un panorama des pays surpeuplés,

Surpopulation généralisée dans tous les pays

11 réflexions sur “Corinne Maier, le regret d’avoir enfanté”

  1. Janvier 2023 est sorti le livre de Corinne Maier intitulé  » Me first ! Manifeste pour un égoïsme au féminin » et dans son livre voici une de ses recommandations pour les femmes concernant leurs enfants, je cite « de faire garder ses petits autant qu’on peut. »

    Bref, ces féministes intégristes ne veulent pas assumer leur dit égoïsme ! Elles font tout pour que ce soit les autres qui portent le poids de leur charge ! Bref, elles veulent garder leur liberté absolue sans avoir à assumer leurs responsabilités et leurs devoirs. Vous savez j’ai connu çà à la maison, une de mes sœurs à tout fait pour écarter le père de son fils, ensuite elle fait garder quasiment en permanence son fils à nos parents, soit les grands parents du garçon, puis elle passait toutes ses soirées en discothèque du mercredi au dimanche. Bref, ces féministes intégristes ne veulent que du temps pour leurs loisirs et rien d’autre.

  2. Didier BARTHES

    Pour ma part je déconnecte complètement la conscience de la nécessité d’être moins nombreux (j’en suis bien persuadé) de cette haine anti enfant, on peut être parfaitement épanoui avec des enfants et pas dans ce conflit ou dans ce sentiment qu’un enfant est une gêne permanente.
    Cette façon de présenter le combat contre la surpopulation me gène profondément, je ne le partage en rien.

    1. Mon cher Didier, je vous félicite de le dire aussi clairement.
      Sans aller jusqu’à cette haine dont vous parlez, les no-kids et autres childfrees portent un tort considérable à votre combat, que je respecte (même si je vous taquine souvent 🙂 )
      Seulement ce ne sont pas les seuls. Je pense bien sûr à ces misérables qui font valoir cette nécessité d’être moins nombreux (sic) pour cracher leur haine de l’Autre.
      Pour les un(e)s comme pour les autres, l’écologie n’est qu’un prétexte.

      1. Didier BARTHES

        Je n’ai rien contre les no kids ou les childfree même si je ne partage pas leur pratique. Ce qui me gène beaucoup ici c’est que quelqu’un qui par ailleurs est censé soigner l’âme des gens puisse tenir des propos qui puissent faire tant de mal à ceux qui les écoutent et surtout à ceux qui sont concernés. Les enfants doivent-ils se sentir coupables des soucis de leurs parents ? Cela me semble incroyable. Cela fait du mal au militantisme que je pratique, cela donne des partisans d’une certaine modération démographique l’image de gens assez agressifs. Ce n’est pas le cas. Si nous sommes fermes sur l’idée que la Terre irait beaucoup mieux si nos effectifs étaient beaucoup plus faibles nous ne sommes en rien des ayatollahs liberticides et ne culpabilisons pas les enfants.

        1. Nous sommes d’accord, la seule chose que je reproche aux no kids (childfree, gink et autres) c’est de se servir de l’écologie comme alibi.
          Quant à celle-ci vous avez entièrement raison, je plains ses pauvres cli euh pardon, patients ! Et j’adorerais la voir passer sur le divan du Professeur Foldingue, du journal de la joie de vivre. D’ailleurs j’ai bien envie d’écrire à Vincent pour lui soumettre l’idée. 😉

  3. Mieux vaut en rire qu’en pleurer. Écouter ce qu’en dit Richard de Seze sur Radio Courtoisie :
    – Corinne Maier : cette femme qui vous interdit de faire des enfants – Richard de Seze (YouTube – vidéo 14 min 40)

    1. Esprit critique

      Lire aussi ce qu’en disait Didier Desrimais* le 13 octobre 2023 dans Causeur :
      – Corinne Maier, psychanalyste: Ô le beau cas!

      * Les Gobeurs ne se reposent jamais ( Éditions Ovadia, 2022 )

  4. Dans le journal le Monde article intitulé : « Corinne Maier, écrivaine et psychanalyste : « En tant que mère, il faut de la distance, de l’indifférence, il faut s’en foutre » », elle déclare je cite : « « Passer vingt ans à concentrer vos forces sur l’éducation d’un enfant n’est pas raisonnable » et « le temps est l’un des rares actifs que vous ne pourrez jamais augmenter quoi que vous fassiez »

    Bah peut-être que le temps consacré à éduquer un enfant c’est restituer le temps que nos parents ont investi pour nous même ?
    D’ailleurs dans cet article, elle déclare aussi : « Quant à l’injonction à être une mère parfaite, elle fait remarquer que sa génération a réussi à devenir adulte, et avec une belle espérance de vie, sans avoir été nourrie au sein, sans aller aux bébés nageurs ni aux activités d’éveil, et en mangeant des boîtes de conserve. »

    1. Vous voyez que je n’invente rien, lorsque je dis que les féministes intégristes sont prêtes à faire manger des boîtes à leur mari (qu’elle ne garde pas longtemps, en vrai elles ne veulent qu’un géniteur pas plus) et à leurs enfants, comme du Canigou pour chien.

      C’est marrant dans ses livres elle oublie (sciemment ?) de préciser que les jeunes garçons, voir filles, qui sont en échec scolaire et qui finissent délinquants et à la rue proviennent souvent de mère isolée, bref de femmes qui ont tout fait pour écarter le père de leurs enfants ! Quand je vois de nombreux cas parmi l’entourage, l’éducation des enfants se passent mieux en présence du père, même parmi les couples homosexuels hommes, ça se passe beaucoup mieux, c’est dire !

  5. « Ses enfants l’ont ruinée ! » Voilà qui ferait un titre aguichant à la une de Gala.
    Si ça peut la con soler, ne serait-ce qu’un peu, c’est toujours ça, elle peut toujours se dire qu’elle n’est pas la seule. À deux elles peuvent même monter une assoce, de parents maltraités.
    – “Mes enfants ont ruiné ma carrière” : Lily Allen jette un pavé dans la mare (Gala 13 mars 2024)

    Autrefois ON lavait son linge sale en famille, aujourd’hui ON le fait en public. ON appelle ça la transparence. Le pire c’est que ça intéresse une certaine clientèle. Misère misère !
    Et dire qu’il y a quelques jours à peine ON bavardait ici au sujet du bavardage meRdiatique, des faits divers qui nous enfument autant qu’ils nous rendent cons, toujours plus. Misère misère !
    ( à suivre )

    1. Voilà donc la notre ruinée, la pauvre. Le pire étant qu’elle accuse ses propres gosses de l’avoir mise dans cet état. Les petits salopards ! Ben moi je me fais leur avocat.
      Non, ce ne sont pas mes clients qui ont ruiné la plaignante !
      Non, ce ne sont pas eux les responsables de sa profonde misère !

      Franchement, Biosphère, vous n’avez pas honte, non, de vous servir de cette daube pour nous vendre votre malthusianisme ? Vous ne voyez pas, non, que cette pauvre psy ne tourne pas rond dans sa tête ?
      Par simple curiosité, j’aimerais bien savoir si le Professeur Foldingue a des gosses.
      Peut-être le savez vous… Sinon vous pourriez demander à votre pote Vincent… 🙂

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