Louis d’Hendecourt : « Un virus qui se réplique à très grande vitesse met en valeur le phénomène de la sélection naturelle darwinienne à l’échelle de quelques semaines seulement. Toute réplication virale fait inévitablement des erreurs de copie qu’on appelle des mutations. Parfaitement aléatoires, strictement imprévisibles et, surtout, non déterministes, elles vont produire des variants. Un avantage sélectif est conféré à un mutant particulier parce que celui-ci s’adapte mieux que le virus initial à cet environnement qui n’est autre que l’être humain. Depuis l’apparition officielle du SARS-CoV-2, il y a seize mois environ, plus de 16 000 mutations ont été répertoriées mais on ne parle que de quelques unités de variants − anglais, sud-africain, brésilien, japonais, californien, new-yorkais… − dont la caractéristique principale semble être leur plus grande contagiosité, qui est en fait leur raison darwinienne. Mais alors, que va-t-on faire ? La vérité scientifique oblige à dire qu’il n’y a pas de réponse définitive à cette question existentielle. Les vaccins − ou n’importe quel traitement − augmentent fatalement la pression de sélection. Si une mutation entraîne un virus plus létal et plus contagieux dans la population, on ne parlera alors plus de 3 millions de morts en un an, mais de centaines de millions en six mois. Cette prévision apocalyptique n’est qu’une hypothèse parmi d’innombrables possibilités que Darwin nous offre. »
En fait Darwin ne serait pas mécontent d’une mortalité élevée : « Chez les sauvages, les individus faibles de corps ou d’esprit sont promptement éliminés, et les survivants se font ordinairement remarquer par leur vigoureux état de santé. Quant à nous, hommes civilisés, nous faisons, au contraire, tous nos efforts pour arrêter la marche de l’élimination ; nous construisons des hôpitaux pour les idiots, les informes et les malades ; nous faisons des lois pour venir en aide aux indigents ; nos médecins déplient toute leur science pour prolonger autant que possible la vie de chacun » (La descendance de l’homme – 1871, p 179)
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Petrichor : La « Théorie » darwinienne doit être pris ici dans sa définition scientifique : ensemble d’explications d’un phénomène (ici l’évolution) et non dans son sens ordinaire d’hypothèse. La théorie de l’évolution est l’ensemble des mécanismes (mutations, sélection naturelle, sélection sexuelle, dérivé génétique etc etc) qui expliquent l’évolution des espèces. Depuis la naissance de cette théorie, tous les faits scientifiques découverts ont confirmé et renforcé cette théorie.
Anne C. : Mais pourquoi Hendecourt considère que le virus qui s’adapte le mieux est celui qui tue le plus ? Il semble penser que les virus nous veulent personnellement du mal. D’après ce que je retiens de mes cours de biologie, ils veulent juste se perpétuer – le virus le mieux adapté est donc celui du rhume saisonnier qui circule sans obstacles, contamine tout le monde et ne provoque pas d’hécatombes.
-Alazon- : La sélection naturelle favorise les souches les plus contagieuses, c’est tautologique. Pour des raisons aussi évidentes, elle tend à favoriser les souches les MOINS létales.
Lila lala lala : Non, c’est faux : la sélection naturelle ne favorise pas les souches les moins létales, c’est un mythe. On aimerait bien que ce soit vrai… Contre-exemples : la variole, très contagieuse, très mortelle (souches « majeures »), la polio (87% de mortalité quand même, avant l’invention du poumon d’acier). L’important c’est que le virus contamine beaucoup de gens avant de tuer…ce que le covid fait très bien, les malades étant fortement contagieux avant l’apparition des symptômes.
JFG 2 : Les souches qui tuent leurs hôtes se propagent forcément un peu moins bien, sauf à ne se transmettre que précocement. C’est un des soucis avec le SARS-2. Il se transmet non seulement précocement, mais aussi via porteur sain. C’est une différence fondamentale que peu de gens comprennent, il semble. Ebola est d’une virulence effroyable, mais sa contagiosité est très limitée (fluides de personnes symptomatiques). MERS (corona) est d’une virulence très élevée, mais idem sa contagiosité est contenue. Inversement, la virulence de SARS-2 reste limitée, mais il est d’une extrême contagiosité (respiratoire, aérosolisé, inc. via porteurs sains).
Claude Danglot : La pandémie évolue plus vite que les autres à cause du très grand nombre de virus produit par un malade (supérieur à 10^10 voir 10^11). Le taux de mutation étant de l’ordre de 10^-6 à 10^-7, plus le nombre de virus est élevé plus le nombre de mutants est importants et plus la probabilité d’apparition d’un virus plus « performant » en infectiosité est élevée.
le sceptique : Oui mais attention : les circulaires du gouvernement français ont désormais une vitesse de mutation au moins égale à celle du virus.
Diego : La performance d’un organisme dépend de son milieu… c’est justement parce que notre planète est une mosaïque de milieux sensiblement différents qu’elle abrite un grand nombre d’espèces, chacune étant (à peu près) parfaitement adaptée à sa niche écologique. Et c’est aussi pour ça que le changement climatique brutal actuel est un très (très très) gros problème, puisqu’un très (etc) grand nombre d’espèces verront, à génotype fixé, leurs performances diminuer à mesure du changement de milieu, donc seront moins performantes… donc disparaîtront.
Çaosetout : Moi je prédis que le virus va évoluer vers un mutant super-létal et qu’il va y avoir 7,8 milliards de morts. Seuls quelques dizaines de millions d’humains survivront, et tous les problèmes d’environnement seront réglés, grâce à ce mutant appelé « GretaThunbergus ». Mais je peux aussi prédire que ce virus va évoluer vers quelque chose de moins létal, voire de totalement bénin… C’est déjà arrivé nombreuses fois. C’est tout aussi possible sur le plan darwinien !
Comme le rappelle Petrichor, la théorie de l’évolution ne se réduit pas à la sélection naturelle.
Comme le «prédit» Çaosetout, sur le ton de l’ironie, rien ne dit que le «vainqueur» sera le plus tueur.
Et rien ne dit non plus que Darwin se réjouirait (ou ne serait pas mécontent) d’une telle hécatombe.
Darwin lui-même avait une santé précaire, comme la plupart d’entre nous il ne rechignait pas à se soigner. Tout simplement pour éviter de souffrir et surtout de mourir. D’un certain point de vue on peut dire que le rôle des médecins et d’aller à l’encontre de la sélection naturelle, de cette «loi naturelle» qui voudrait que seuls les plus résistants devraient survivre. En attendant, depuis la nuit des temps l’homme utilise tout ce qu’il peut pour se soigner. La médecine précède même les religions, certains animaux aussi se soignent, tout naturellement.
Quant à la suite de cette pandémie, seul l’avenir nous le dira.
En attendant chacun continuera avec ses prédictions (plus ou moins à la con), ses yaca-faucon (idem) etc. Et chacun continuera à serrer (plus ou moins) les fesses. En priant le Ciel (ou l’Enfer, ou Gaïa ou Greta peu importe) pour que surtout, surtout… ça tombe à côté. Chez les autres quoi.
Enfin se soigner oui naturellement, mais il y a une limite à tout, à quoi ça sert de continuer à soigner le corps lorsqu’on ne parvient plus à soigner la tête en parallèle ? Au point de perdre toute autonomie ? Parce qu’une personne âgée sacrifie la vie d’une personne valide en terme de temps de vie, pour la prendre à charge constamment ! Que ce soit pour manger, se laver, aller à la selle, gardiennage de la personne susceptible de commettre des crises de démences, de fugues, etc. Bref, la personne qui prend à charge la personne âgée invalide ne vit plus vraiment sa propre vie, voir même se retrouve en situation de stress constant ! Alors soigner oui mais acharnement thérapeutique non ! Il y a bien une frontière entre les deux !