Depuis l’Antiquité jusqu’au début de l’époque moderne, la pensée sur le droit de la guerre fut centrée sur le jus ad bellum, le « droit à la guerre », c’est-à-dire la légitimité ou non du recours à la force, comme en témoignent les réflexions de saint Augustin (354-430), puis de saint Thomas (1225-1274) sur la guerre juste. Le jus in bello, le « droit dans la guerre », c’est-à-dire la manière dont la guerre est menée et la façon de traiter les combattants, n’a commencé à s’affirmer qu’au milieu du XIXe siècle, avec le début des carnages de la guerre de masse. Nous pourrions penser et réaliser une troisième période, celle de l’interdiction de toute guerre, et par là-même en finir complètement avec les crimes de guerre.
Composé de deux branches – celle de Genève et celle de La Haye –, le droit international humanitaire, ou droit des conflits armés, vise, à défaut de vouloir et de pouvoir interdire la guerre, à l’encadrer. Le droit de Genève, avec la première convention de 1864 sur les soins aux blessés et l’immunité des secours, est centré, avant tout, sur la protection des civils et la façon dont les victimes doivent être traitées par l’adversaire. Les conventions de La Haye de 1899 et de 1907 visent, elles, à déterminer des règles claires limitant le droit de tuer au combat. La liste des crimes de guerre, tels qu’ils sont aujourd’hui précisés dans les diverses conventions internationales, est longue. Elle va de l’homicide intentionnel à la torture ou au traitement inhumain en passant par la prise d’otages, les détentions illégales, le bombardement de villes, de villages ou d’habitations qui ne sont pas des objectifs militaires, ou le blocage des aides humanitaires.
Tenter de définir un cadre légal à la guerre dans l’optique noble d’en limiter les effets les plus atroces produit un effet pervers, celui de légaliser « le reste » de la guerre. Cela revient à essentialiser la guerre.
Le point de vue des écologistes pacifistes
La notion même de droit à la guerre est un oxymore. La guerre, par définition, c’est l’absence de justice, la seule loi qu’on voudrait mettre en place, c’est celle du plus fort, depuis toujours en encore aujourd’hui, Poutine/Ukraine, Israël/Palestine, etc… Si les belligérants pouvaient s’entendre au préalable par la diplomatie, alors il n’y aurait pas de guerre… La seule posture raisonnable et humaniste serait de déclarer l’illégalité de la guerre, dans son ensemble, comme la violence physique l’est déjà en droit pénal pour les individus.
Le mouvement écologiste est explicitement partisan de la non-violence. Ainsi dans la Charte des Verts mondiaux (Canberra, 2001) :
« Nous déclarons notre engagement en faveur la non-violence et nous nous efforçons de créer une culture de paix et de coopération entre les États, au sein des sociétés et entre les individus pour en faire le fondement de la sécurité mondiale. Nous pensons que la sécurité ne doit pas reposer principalement sur la force militaire mais sur la coopération, sur un développement économique et social sain, sur la sécurité environnementale et le respect des droits de l’Homme.
On pourrait constitutionnaliser un renoncement à la guerre comme l’a fait le Japon au sortir de la Seconde Guerre mondiale (article 9 de la Constitution adoptée en novembre 1946) :
Aspirant sincèrement à une paix internationale fondée sur la justice et l’ordre, le peuple japonais renonce à jamais à la guerre en tant que droit souverain de la nation, ou à la menace, ou à l’usage de la force comme moyen de règlement des conflits internationaux. Pour atteindre le but fixé au paragraphe précédent, il ne sera jamais maintenu de forces terrestres, navales et aériennes, ou autre potentiel de guerre. Le droit de belligérance de l’État ne sera pas reconnu. (Article 9 de la Constitution japonaise votée en novembre 1946.)
La France en renonçant à la guerre transforme tous ses habitants en objecteurs de conscience, opposés à un usage collectif des armes. Internationalement, elle pourrait mettre ses forces armées à disposition de l’ONU, elle pourrait ainsi avoir un impact planétaire immense.
En savoir plus grâce à notre blog biosphere
Le pape François pour une guerre « juste », hérésie !
extraits : L’Eglise catholique a depuis plusieurs siècles développé une doctrine sur les guerres justes et les guerres injustes : massacrer pour la « bonne cause » a été l’une des maladies de toutes les époques. C’est oublier que la non-violence et le refus de toute guerre est un fondement de la chrétienté. Le Nouveau Testament présente Jésus comme un adversaire de toute violence : « Si quelqu’un te donne un soufflet sur la joue droite, tends la gauche » (Mt 5/28) ; « Vous avez appris tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi, je vous dis, aimez vos ennemis » (Mt 5/38-48) ; « Rengaine le glaive car tous ceux qui prennent le glaive périront par le glaive » (Mt 26/51-52) ; « Un garde gifla Jésus : « Si j’ai mal parlé montre où est le mal ; mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? » (Jn 18/22). Les chrétiens, aux trois premiers siècles de l’Eglise, ont en conséquence de leur foi refusé le service des armes. Par la suite, l’Eglise catholique s’est inféodée aux pouvoirs temporels…
LeMonde, une guerre « juste » en Libye ?
extraits : Pour la deuxième fois en quelques jours, Le Monde prend fait et cause pour la guerre de Sarkozy. Cette fois, ce n’est pas pour fouler aux pieds la neutralité de l’Allemagne, c’est pour se retrancher derrière la « doctrine d’intervention humanitaire » de 2005. Ah le droit d’ingérence ! Comme dit l’ex-diplomate Jean-Christophe Rufin**, où s’arrête la guerre « humanitaire » ? D’ailleurs, où commence ce droit qui ne peut être utilisé que par les puissants pour attaquer qui ils souhaitent ? Nous, sur ce blog, nous ne pouvons croire à la guerre « juste »…
Le coût écologique exorbitant des guerres
extraits : Tour à tour enjeu stratégique ou victime collatérale, l’environnement n’a jamais été épargné dans la longue histoire des peuples et de leurs affrontements. Des batailles menées par Darius contre les Scythes en – 513 av. J.-C. jusqu’aux puits de pétrole incendiés au Koweït par l’armée de Saddam Hussein en 1990, la stratégie de la terre brûlée s’est de tout temps révélée une arme redoutable. Dans cette histoire de feu et de sang, les conflits de masse du XXe siècle ont franchi un palier. Les guerres industrielles, capables d’anéantir les populations, dévastent aussi durablement les écosystèmes. Sans compter l’arsenal atomique qui fait peser une menace écologique sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Pourtant, face à ces tragédies, le prix écologique exorbitant des guerres, le « thanatocène », est longtemps resté un angle mort de la réflexion politique…
Bien sûr d’accord, sur toute la ligne, toutes les lignes.
Précisons que le Japon est le seul pays au monde auquel sa propre Constitution interdit de faire la guerre. Sauf que …
– Japon : l’ombre de la guerre (ARTE Reportage – Émission du 12/04/2023)
– Le Japon, poussé à la remilitarisation par les tensions en Extrême-Orient, s’éloigne de son idéal pacifiste (Le MONDE 26 mai 2023)
Sur un autre terrain, celui de la décolonisation des imaginaires…. pour en finir de la guerre, commençons par faire la guerre au langage guerrier. La liste est longue, que celle de ces mots que nous utilisons chaque jour sans même nous rendre compte de leur toxicité :
– GUERRE bien sûr : Guerre économique, guerre des prix etc. etc. Guerre contre le Covid, guerre contre la drogue, guerre contre ceci et contre cela et contre n’importe quoi !
– ALLIÉS ; ENNEMIS ; VICTOIRE ; DÉFAITE ; ARME ; STRATÉGIE ; CIBLE et j’en passe !
D’accord sur toute la ligne… en précisant toutefois que ce ne sont là que de belles paroles. Des paroles d’évangile dont la religion s’appelle Pacifisme ou non-violence.
Les méchantes langues diront que ça c’est juste pour se donner belle image, ou bonne conscience. Les moqueurs que c’est juste bon pour les Bisounours. D’autres que les si c’est comme les yaka (faucon). Si… les belligérants pouvaient s’entendre au préalable par la diplomatie… si tous les pays faisaient comme le Japon, si tout le monde comme moi, faisait la guerre au langage guerrier, et si ma tante en avait ! Bref, en attendant, de mettre Paris en bouteille, la guerre est là.
Quelle soit juste ou quelle soit sainte, la guerre c’est la guerre. Et la guerre c’est l’horreur, c’est pas bien etc. etc. OK ! ( à suivre )
Seulement… si ON dit qu’il n’y en a aucune de propre, aucune de juste, aucune qui puisse se justifier, aucune de légitime… que les guerres « de libération » sont d’éternels recommencement (sic Biosphère), etc. etc… alors comment peut-ON et en même temps, soutenir que certaines violences sont légitimes ? Notamment la fameuse contre-violence. Comme quoi c’est pas très clair tout ça.
Sur “Le Monde, une guerre « juste » en Libye ?” (Biosphère mars 2011) Réno, Vincent et Haltux démont(R)ent les contradictions dans ce discours.
Catharine MacKinnon : « Les agressions sexuelles et le viol sont moteurs dans chaque système d’oppression élaboré par l’homme, au nombre desquels comptent l’esclavage, le colonialisme, la guerre, le génocide et l’ensemble des crimes contre l’humanité. Ces agressions jouent un rôle central dans la domination masculine.
Le consentement est le principal prétexte, légal et social, de ne rien faire contre les agressions sexuelles… Dans le cas de violences sexuelles alléguées, se focaliser sur l’absence ou non de consentement sert de projection psychologique du point de vue masculin. On fait le procès de la victime en se concentrant sur l’état d’esprit de la plaignante – que pensait-elle ? – plutôt que les débats ne portent sur le comportement de l’auteur – que faisait-il ? – et qu’on juge la façon dont il a tiré parti d’une situation d’inégalités pour parvenir à ses fins. »
La démonstration que c’est la nature de l’homme qui fait que la guerre existe et que c’est une pulsion sexuelle me paraît abusive voire farfelue.
Certes l’homme a une agressivité hormonale que la femme a moins mais elle fait aussi valoir cette agressivité bien que différemment.
Au passage, Les femmes produisent aussi de la testostérone.N’oublions pas les grandes guerrières de l’histoire.Jeanne d’arc, Les Amazones, guerrières du Dahomey, reine celte, Générales chinoises, Chin Shih, cheffe des pirates.
L’agressivité n’est pas l’apanage du mâle mais il est vrai que quand la force fait loi, l’homme a une supériorité musculaire qui fait la différence.😢
Je suis content de voir que je ne suis pas tout seul à douter de cette fameuse (ou fumeuse) «nature humaine». Ce concept est très pratique pour botter en touche ou clore un débat. «C’est dans la nature humaine» c’est comme amen ou CQFD, circulez y’a rien à voir ! Très pratique aussi et surtout, pour éviter de réfléchir.
Ceci dit c’est vrai que quand la force fait loi… ce sont généralement les mâles qui font la loi. Et en plus qui les écrivent. Pour autant, et pour en revenir à la nature, cette fois la nature tout court :
– « L’existence de deux sexes au sein d’une espèce et la supériorité physique du mâle sur la femelle sont loin d’être des lois universelles, souligne le biologiste Pierre-Henri Gouyon. » (Dans la nature, « la séparation mâle/femelle est loin de constituer la règle » – nouvelobs.com – 27 juin 2019)
La guerre c’est l’horreur, le nihilisme, la destruction. Tout le monde le constate pourtant il existe toujours des peuples, des chefs de guerre, des états pour la justifier.
La notion d’état elle-même n’est-elle pas une incarnation de cet état de guerre permanent? La nation elle-même ne définirait elle pas une limite de fraternité à ne pas dépasser?
La paix est donc impossible sans une volonté des dirigeants des états à ne pas faire la guerre et sans un équilibre de la terreur (bombe atomique pour les plus chanceux).
Les individus ne peuvent rien faire sauf avoir conscience que la paix est précieuse et le dire aux gouvernant pour leur rappeler le bon sens.