croissance endogène négative (Negative Endegeneous Growth)

Notre empreinte écologique humaine dépasse les possibilités de la biosphère, il faut en conséquence diminuer le niveau de vie de la classe globale. Le livre* de Stefano Bartolini  repose sur ce principe « moins de biens, plus de liens ». Bartolini montre en effet que la perte de nos capacités relationnelles entraîne la croissance qui, en retour, détériore encore plus les relations humaines. Pour un objecteur de croissance, c’est donc le retour au relationnel qui importe… Choix valable pour tous ?

D’après la vision consacrée de la croissance, les biens qui sont des biens de luxe pour une génération sont des biens standard pour la génération suivante, puis des biens de première nécessité pour la troisième génération (électroménagers, voiture, voyages…). La face obscure est celle des biens gratuits pour une génération devenant des biens rares et coûteux pour la génération suivante, puis des biens de luxe pour celle d’après : le silence, l’air pur, l’eau non polluée, des quartiers sans criminalité… L’argent s’impose comme la solution privée à la détérioration de ce que les individus ont en commun.

Il y a des biens libres ou gratuits que l’on en peut acheter mais qui sont indispensables au bien-être ; or l’économie marchande possède une grande capacité à fournir des substituts coûteux aux biens libres ; la croissance économique réduit en conséquence la disponibilité des biens libres. Ce sont les hypothèses sur lesquelles repose la modèle de croissance endogène négative NEG (Negative Endegeneous Growth). La première hypothèse se réfère aux biens environnementaux et aux biens relationnels. Personne ne nous vend l’amitié, l’air qu’on respire et une ville sans criminalité. Pour la seconde, la piscine remplace la rivière polluée, le téléviseur et Internet nous protègent d’une ville trop dangereuse, la baby-sitter nous remplace auprès des enfants. La troisième hypothèse est que la croissance économique favorise en retour la dégradation des conditions environnementales et relationnelles. Pour financer des dépenses défensives, nous devons travailler plus. En d’autres termes, les efforts que nous déployons pour nous défendre contre la dégradation des biens libres contribuent à l’augmentation du PIB. Par conséquent, la dégradation favorise la croissance, qui favorise la dégradation. La croissance économique fonctionne comme un processus de substitution sans fin. La croissance est alimentée par son propre pouvoir de destruction.

* Manifeste pour le bonheur de Stefano Bartolini (publication Donzelli Editore en 2010, traduction aux Liens qui libèrent en 2013)