de l’humanisme à l’anthropocentrisme

Nancy Huston*  s’étonne de la complaisance dont on fait preuve lorsqu’on emploie le mot « humain » comme compliment, synonyme de « gentil » ou capable d’empathie. En fait, on sait de source sûre que les humains peuvent à volonté suspendre leurs capacités d’empathie : les nazis, les gardiens de camp, les bourreaux d’enfants, les adeptes de l’insecticide, du pesticide, du biocide, etc. Souvent on en arrive même à se demander si les humains ne sont pas méchants au fond et gentils par inadvertance. Pourtant on croit qu’humain est synonyme d’humaniste. Mais c’est un autre détournement de sens. Selon l’approche encyclopédique classique, l’humaniste n’est qu’un Homme versé dans la connaissance des langues et littératures anciennes. En France, l’humanisme, ou, pour mieux dire, la Renaissance littéraire, prit corps par l’établissement du Collège de France en 1530. Certains contemporains en ont tiré l’idée que les humains doivent s’affirmer et se construire indépendamment de toute référence et de tout modèle religieux. L’humain serait alors la valeur suprême : l’humanisme devient un anthropocentrisme, gentil par nature ! David Ehrenfeld a rassemblé, dans « The arrogance of Humanism« , six actes de foi, sorte de credo par lequel s’exprime les certitudes de cet humain moderne :

1. Tous les problèmes peuvent être résolus,

2. Beaucoup de problèmes peuvent l’être par la technique,

3. Les problèmes qui ne peuvent être résolus par la technique, ou par la technique seule, ont des solutions dans le monde social (de la politique, de l’économie, etc.),

4. Quand les cartes seront sur la table, nous nous emploierons à travailler à une solution avant qu’il ne soit trop tard,

5. Certaines ressources sont infinies; toutes les ressources finies ou limitées ont des substituts,

6. La civilisation humaine survivra par l’imagination.

Ce prodigieux narcissisme de l’espèce humaine s’interdit de considérer le déclin pour les humains, pourtant destin commun des espèces du vivant. Ce narcissisme ne peut qu’accroître le déclin économique et social.

* LeMonde du 16-17 janvier 2011, Empathie

6 réflexions sur “de l’humanisme à l’anthropocentrisme”

  1. @ IP 90.9 qui se cache sous divers pseudos
    Vous connaissez certainement le sens d’une énumération de choses à la fois similaires et différentes, mais vous pratiquez la déformation systématique de nos propos.

    C’est exagéré et excessif !

  2. @ IP 90.9 qui se cache sous divers pseudos
    Vous connaissez certainement le sens d’une énumération de choses à la fois similaires et différentes, mais vous pratiquez la déformation systématique de nos propos.

    C’est exagéré et excessif !

  3. Charles-Maurice de Talleyrand Périgord

    Eh, les gars, vous ne vous sentez pas un peu ridicule d’écrire : « les humains peuvent à volonté suspendre leurs capacités d’empathie : les nazis, les gardiens de camp, les bourreaux d’enfants, les adeptes de l’insecticide, du pesticide, du biocide, etc. »

    Comparer les nazis aux « adeptes de l’insecticide » (quelle drôle de façon d’écrire le français, qui plus est !) ça ne vous paraît pas un tantinet exagéré ?

    Qui a dit  » Tout ce qui est excessif est insignifiant » ?

  4. @ auteurs :

    Nancy Huston a aussi écrit un livre qui s’adresse tout particulièrement au courant de pensée auquel vous appartenez, dont sont sortis les pires cauchemars du XXième siècle, que vous devriez lire.
    Le titre ? « Professeurs de désespoir ».

    Votre définition de l’humaniste est assez ridicule, même si elle sort d’une encyclopédie. Creusez encore, regardez du côté de la Renaissance, du Concile de Florence et d’un certain Nicolas de Cuse. J’ajoute que la Renaissance ne s’est pas seulement exprimée dans les arts, elle s’est d’abord exprimée dans la religion, la philosophie et la politique, et est à l’origine des états-nations modernes et de la pratique scientifique et culturelle classique.

    Quant aux « 6 actes de foi », ils ne doivent rien à la croyance irrationnelle : ce sont des faits, puisque l’homme est libre ! Et admettre la vérité de la réalité, ce n’est pas faire preuve d’arrogance, mais de bonne santé mentale.

  5. @ auteurs :

    Nancy Huston a aussi écrit un livre qui s’adresse tout particulièrement au courant de pensée auquel vous appartenez, dont sont sortis les pires cauchemars du XXième siècle, que vous devriez lire.
    Le titre ? « Professeurs de désespoir ».

    Votre définition de l’humaniste est assez ridicule, même si elle sort d’une encyclopédie. Creusez encore, regardez du côté de la Renaissance, du Concile de Florence et d’un certain Nicolas de Cuse. J’ajoute que la Renaissance ne s’est pas seulement exprimée dans les arts, elle s’est d’abord exprimée dans la religion, la philosophie et la politique, et est à l’origine des états-nations modernes et de la pratique scientifique et culturelle classique.

    Quant aux « 6 actes de foi », ils ne doivent rien à la croyance irrationnelle : ce sont des faits, puisque l’homme est libre ! Et admettre la vérité de la réalité, ce n’est pas faire preuve d’arrogance, mais de bonne santé mentale.

  6. Les humains « gentils » font des misères à la nature. Cela se retourne contre eux.
    Un viticulteur est mort d’une « maladie professionnelle » due aux pesticides. Yannick Chénet, 45 ans, viticulteur à Saujon (Charente-Maritime) s’est éteint samedi 15 janvier 2011 des suites d’une leucémie reconnue comme maladie professionnelle par la Mutualité sociale agricole. Il avait notamment témoigné dans le film « Severn » de Jean-Paul Jaud sur le danger des pesticides.
    Dans ce long métrage, Yannick Chénet livrait un témoignage poignant sur sa maladie : « Les produits qui m’ont empoisonné et ceux qu’on me donne pour me guérir sont fabriqués par une seule et unique firme. »

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