Démilitarisation, le point de vue de V. Cheynet

échange de Michel Sourrouille, gestionnaire de ce blog biosphere, avec Vincent Cheynet, rédacteur en rédacteur en chef du journal La Décroissance

Michel Sourrouille (08/05/2024) qui tente de faire publier une tribune sur l’objection de conscience bien avant de savoir qu’elle paraîtra plus tard dans l’Humanité.

Monsieur Cheynet,

objecteur de conscience au tout début des années 1970, je suis devenu en 1972 objecteur de croissance. Pour moi les deux combats vont de pair, la pacification de l’existence passe à la fois par la décroissance économique et par la décroissance des armées.

Ces deux décroissances sont pourtant soumise au mur médiatique, difficile pour vous d’être relayé dans les autres médias. Difficile pour moi de faire passer la tribune ci-jointe d’un collectif d’objecteurs de conscience.

Si vous jugez utile de reprendre dans vos colonnes le contenu de cette tribune, signée entre autres par José Bové et Pierre Sommermeyer, prière de m’en informer.

Merci de votre attention, et bon avenir pour les décroissances.

Réponse  de Vincent Cheynet (08/05/2024)

Quelle énormissime blague : José Bové a été le premier a réclamer l’envoi d’armes en Ukraine.

Michel Sourrouille au rédacteur en rédacteur en chef du journal La Décroissance (25/05/2024)

J’ai coordonné une tribune paru dans le journal papier « L’humanité » du 24 mai :

https://www.humanite.fr/en-debat/armee-francaise/objecteur-de-conscience-a-la-journee-defense-et-citoyennete-cest-possible

Je suis à votre disposition pour écrire pour votre revue un article sur la démilitarisation et ses moyens…

Pas de réponse de Cheynet à ce mail du 25/05/2024

Ce que devient cet échange sur le journal La Décroissance (juillet-août 2024, dossier sur «  désarmons la France », page 12)

« Nous devons armer la résistance ukrainienne ». Le 9 mai 2022 dans une tribune, José Bové, Daniel Cohn-Bendit et Jean-Paul Besset reprenaient à leur compte cette injonction…. José Bové est passé de Lanza de Vasto au traité constitutionnel, du vert au kaki… Nous n’épiloguerons pas ici davantage sur sa trajectoire. Néanmoins nous l’invitons à être cohérent car, dans l’édition de L’humanité du 23 mai 2024, le même José Bové figure en tête d’une tribune pour l’objection de conscience :

Le président de la république, Emmanuel Macon, lors d’une conférence de presse le 14 mars 2024, était clair : « Nous devons être prêt sans rien exclure, pas même le déploiement des militaires français sur le territoire ukrainien » [….] C’est pourquoi, […] il nous semble conforme à la logique démocratique qu’un jeune homme ou une jeune femme puisse déclarer : « Je désire manifester mon refus d’un service militaire armé pour motif de conscience »… Quand on légitime la guerre, le minimum est d’assumer les conséquences de ses propos. On ne peut pas en même temps réclamer d’envoyer des missiles en Ukraine, de l’autre signer des pétitions pour refuser de porter les armes en France…

Conclusion : Vincent Cheynet a trop souvent l’art de rendre illisible le message en s’attaquant au messager (ici un des messagers)… C’est un procédé rhétorique très souvent utilisé par les adversaires de ceux qui recherchent la vérité. Mieux vaut lire l’intégralité de cette tribune de 14 objecteurs de conscience :

TRIBUNE d’objecteurs de conscience

Se déclarer objecteur de conscience à la Journée Défense et Citoyenneté (JDC), c’est possible

La guerre n’a jamais cessé, la fin de la seconde guerre mondiale ne signifiait pas la fin de toutes les guerres. Pour la France, la guerre en Indochine, ce n’était pas une « opération spéciale ». Entre 1952 et 1962, ce sont 1 343 000 appelés ou rappelés et 407 000 militaires d’active qui participent au « maintien de l’ordre » en Afrique du Nord (en Algérie, Maroc et Tunisie). Le statut des objecteurs de conscience découle d’ailleurs du refus par certains de la guerre en Algérie. Il est, grâce à l’action de Louis Lecoin et l’assentiment du président Charles de Gaule, adopté par une loi de décembre 1963. La loi Joxe en 1983, ne fait qu’assouplir les conditions d’obtention du statut. L‘obtention du statut devient automatique sous réserve d’envoyer une lettre type.

Mais la fin de la conscription en 1997 constitue une nouvelle donne. Une journée de défense et de citoyenneté devient obligatoire. Tous les jeunes ayant la nationalité française doivent être recensés à partir de 16 ans et sont appelés à effectuer une journée d’appel avant 18 ans. Par contre, aucune possibilité de se déclarer « objecteur de conscience » n’est prévue par la loi du 28 octobre 1997. Selon le point de vue officiel publié au JO le 20/03/2007,  « le ministère de la défense ne peut préjuger des dispositions que prendrait le pouvoir législatif sur les conditions de recevabilité des demandes d’admission au bénéfice du dispositif de l’objection de conscience. La forme de service que souhaiterait accomplir chaque administré effectuant la journée d’appel de préparation à la défense (JAPD) n’est pas l’une des données dont le recueil est autorisé. »

Rappelons pourtant que le droit à l’objection de conscience au service militaire repose sur l’article 18 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui garantit le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ou de conviction. L’obligation d’employer la force au prix de vies humaines peut être gravement en conflit avec la liberté de conscience et le droit de manifester sa religion ou ses convictions.

Le président de la république Emmanuel Macron, lors d’une conférence de presse le 14 mars 2024, était clair : « Nous devons être prêts sans rien exclure, pas même le déploiement de militaires français sur le territoire ukrainien. » En toute transparence démocratique, les jeunes doivent être informés que l’incorporation n’est que suspendue ; l’appel sous les drapeaux peut être « rétabli à tout moment par la loi dès lors que les conditions de la défense de la Nation l’exigent ou que les objectifs assignés aux armées le nécessitent » (Loi portant réforme du service national du 28 octobre 1997, L. 112.2). Dans de telles circonstances, il pourrait être difficile pour les services compétents de traiter dans l’urgence et massivement des demandes d’objection de conscience.

C’est pourquoi lors de la Journée Défense et Citoyenneté (JDC, anciennement JAPD), il nous semble conforme à la logique démocratique qu’un jeune homme ou une jeune femme puisse déclarer :

« Je désire manifester dès maintenant mon refus d’un service militaire armé pour motif de conscience et je demande à bénéficier d’un tel droit reconnu internationalement. Mes convictions, basées sur la recherche de la bonne entente collective, me conduisent à d’autres formes d’engagement pour la nation et les peuples que l’usage des armes ».

Premiers signataires

BELIN Hervé (objecteur, 1977)

BOVÉ José (objecteur, 1975)

CARLEN Jean-Yves (objecteur, 1988)

FABRE Paul (objecteur, 1973)

COULON Patrice (objecteur, 1975)

KOPP Jean (objecteur, 1981)

LANGLOIS Denis (emprisonné en 1966)

MARCHAND François (objecteur, 1974)

MOREL Dominique (objecteur, 1970)

MOREL Yves (objecteur, 1975)

REFALO Alain (objecteur, 1985)

RICHARD Christian (objecteur, 1974)

SOMMERMEYER Pierre (objecteur, 1963)

SOURROUILLE Michel (objecteur, 1971)

5 réflexions sur “Démilitarisation, le point de vue de V. Cheynet”

  1. Esprit critique

    «Verts kaki» P12 : Là encore je ne lis pas cet article de Vincent Cheynet comme le lit Biosphère. Question de point de vue (de lunettes) évidemment.
    Cheynet pointe une INCOHÉRENCE. Et en effet il y en a une. Et encore s’il n’y en avait que là !
    Peut-ON prêcher la paix, et en même temps défendre ou justifier la guerre, armer (toujours plus) les Ukrainiens etc. ? Oui ON peut, la Preuve !
    Peut-ON prêcher le végétarisme, et en même temps soutenir les petits éleveurs, voire bosser dans une boucherie ? Peut-ON con damner le fascisme, le racisme, le sexisme etc. et en même temps les laisser s’exprimer sans aucune modération sur son blog ? Les exemples ne manquent pas.
    Les incohérences sont notre lot à TOUS, la dissonance cognitive aussi. Cheynet dénonce également l’omniprésence du vocabulaire guerrier, parle d’Orwell, cite Charbonneau…
    Bref, tout ça s’inscrit dans ce vaste chantier de la Décolonisation des imaginaires.
    ( à suivre )

    1. (suite) Deux mots sur cette pétition, pour que les jeunes puissent se déclarer objecteurs de conscience lors de la JDC. Certes la signer ne mange pas de pain, mais en quoi peut-elle faire avancer les choses ? Nous l’avons déjà dit, les jeunes vont à cette JDC parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement (BAC, permis de conduire etc.)
      Comme avec le fumeux Vaxin… ils y vont sans en connaître les conséquences. De plus ils ne savent même pas ce qu’est l’objection de conscience. Personne ne leur en a parlé, ni expliqué que la JDC est un enrôlement déguisé. Peut-ON alors, sérieusement… attendre de l’Armée qu’elle se tire un obus dans le pied ?
      La Décroissance nous donne ici les pistes pour Démilitariser nos esprits… Désarmer la France… voire le monde. L’objection de conscience est certes un point important, qu’il faut bien sûr défendre etc. mais est-il pour autant le point central ?

  2. Bonne annonce de la page débat dans ce mensuel consacré à la décroissance. « Par définition la décroissance, c’est la désescalade, a fortiori de la violence. Les objecteurs de croissance seraient donc par nature des objecteurs de conscience, faisant le choix de refuser de porter les armes. »
    Malheureusement la question de l’objection de conscience n’est pas du tout traitée. On préfère l’affrontement « citoyen-soldat » face aux objecteurs de croissance. Seul Patrice Bouveret, ancien objecteur, déclare rapidement : « C’est à la logique de l’armée qui impose hiérarchie et obéissance que nous nous opposons en choisissant d’être objecteurs et objectrices de conscience. »
    Mais cette très courte parenthèse est noyée dans un discours sur une réalité complexe à laquelle il faudrait résister par tous les moyens. Comprenne qui pourra.

    1. Bon résumé… qui pointe au moins 3 choses… qui finalement se rejoignent, se complètent etc.
      1) Le fait d’être a priori d’accord… disons sur l’essentiel (ici la «bonne annonce»)… n’empêche nullement les querelles, les divisions etc.
      2) «une réalité complexe» … c’est le moins qu’ON puisse dire !
      3) «Comprenne qui pourra» … c’est bien là le problème !

      Sur le 1er point, je dirais que c’est normal, inévitable, voire… nécessaire. Déjà parce qu’il n’y a pas deux individus qui pensent EXACTEMENT la même chose. Et heureusement !
      Je vous laisse imaginer un monde de clones, ou de robots, de cerveaux uniformément formatés, câblés, Décolonisés etc. Dans ce monde là il n’y aurait évidemment plus de querelles, de guerres etc. malheureusement… il n’y aurait plus non plus de parties de rigolades, au sujet de n’importe quoi (comme ici sur ce blog) … plus de discutions ni d’échanges d’idées. ( à suivre )

      1. (suite) Ce serait la Fin de l’Histoire, le Meilleur des mondes… définitivement figé, un monde inerte, morne… triste à mourir !
        Le monde (la réalité) est complexe… et c’est ce qui fait son intérêt.
        Le monde serait simple, simplet… quel intérêt aurions-nous à nous torturer les neurones pour essayer de le comprendre, et à essayer d’être moins cons ?
        Pour essayer de me faire comprendre… je me con tenterais d’une citation, que je vous déjà servie, et qui malheureusement ne semble pas inspirer grand monde :
        – « Entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que vous voulez entendre, ce que vous entendez, ce que vous croyez en comprendre, ce que vous voulez comprendre, et ce que vous comprenez, il y a au moins neuf possibilités de ne pas se comprendre. » ( Bernard Werber )

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