Démocratie ou dictature en temps de crises ?

La démocratie ? Le pire des systèmes, à l’exclusion de tous les autres. Ou, comme l’exprimait Winston Churchill : “La démocratie est un mauvais système, mais elle est le moins mauvais de tous les systèmes”. Avec la libre confrontation des idées, il s’agit pour les sociétés humaines de sortir des relations de pouvoirs pour les remplacer par des relations de coopération. La dictature va à l’inverse. Il semble que ce système autoritaire est en expansion dans beaucoup de pays, en Argentine par exemple.

En Argentine, présenter le 19 novembre 2023 à la présidentielle le ministre de l’économie Sergio Massa était une provocation dans un pays où l’inflation était de 140 % et l’économie à l’arrêt. Les Argentins ont répondu : puisque vous nous présentez un bouffon incapable, nous allons élire un vrai clown ! Ils ont voté Javier Milei à 55,7 % des voix pour une distraction démagogique qui ne fera qu’amplifier les difficultés. Les éructations de ce type sont effarantes, la démocratie accouche d’un monstre. Javier Milei est le chantre d’un libéralisme radical et caricatural, qui compare la monnaie nationale à un « excrément », prône la suppression de la banque centrale, le remplacement du peso par le dollar et veut diminuer drastiquement la dépense publique grâce à un « plan tronçonneuse ». « Vive la liberté, bordel » est son slogan préféré. Voici quelques analyses :

Flora Genoux : « Il ne suffit pas de bien gérer, il faut mener une bataille culturelle pour faire en sorte que les gauchistes ne débarquent pas dans tous les sens », a intimé le président argentin, Javier Milei. Une lutte sur le plan des idées contre toutes les formes de progressisme. Elle vise les droits des femmes, l’écologie, les politiques de mémoire liées à la dictature, les droits sociaux. Autant de politiques associées au « socialisme », un mot brandi comme un épouvantail. Javier Milei est opposé à l’interruption volontaire de grossesse, pourtant légalisée en 2020. Sous l’impulsion de ce président climatosceptique, le ministère de l’environnement a été supprimé. Le gouvernement a fermé l’Institut national contre la discrimination, la xénophobie et le racisme Son pays est le seul à avoir voté contre une résolution défendant le droit des populations autochtones, le 11 novembre, à l’Organisation des Nations unies. Le président argentin s’inscrit dans un courant qui rassemble l’ancien chef d’Etat brésilien Jair Bolsonaro et Donald Trump

Angeline Montoya : La violence verbale continue d’être la marque de fabrique du président argentin Javier Milei. L’ancien ministre de la santé Gines Gonzalez Garcia, le lendemain même de sa mort, est traité de « méga fils de pute ». Ses adversaires ? Des « gauchistes de merde », des « orques ». Le Congrès ? « Un nid de rats immondes ». Les insultes homophobes ne manquent pas non plus. Le chef de l’Etat utilise presque sept fois par jour des insultes prises dans une liste de trente-deux telles que « gauchistes », « corrompus », « dégénérés », « voleurs », « malades »…  Les journalistes sont une de ses cibles préférées, on est avec lui ou contre lui. L’Observatoire de la liberté d’expression du Forum de journalisme argentin a recensé 167 attaques contre la liberté d’expression depuis le 1er janvier 2024, dont 29 % provenant du président Milei. Les attaques sont particulièrement brutales contre les journalistes femmes : « J’ai eu droit à onze tweets en un seul jour de la part du président », précise la journaliste Maria O’Donnell. Cette violence est démultipliée sur les réseaux sociaux. C’est là que Javier Milei – il compte 3,6 millions d’abonnés sur X, 5,8 millions sur Instagram – s’est fait connaître, grâce à ses attaques, ses insultes et ses punchlines reprises ad nauseam sur de courtes vidéos alimentant les algorithmes des plateformes. Une véritable « milice numérique ». L’équipe de communication du gouvernement externalise les tâches les plus sordides, dénonciation, harcèlement, persécution, en d’autres termes violence numérique.

Quelques commentaires

– Tout ceci n’est qu’une préparation à un état fasciste !

– N’oublions pas que la parole violente précède toujours l’action violente. 

– Quand l’électorat populaire courre à sa propre perte,

comme les chevaux courraient vers le sommet de la roche de Solutré.

– L’élire c’est jouir par procuration, c‘est le pouvoir cracher à la gueule des élites.

– L’anonymat des réseaux sociaux déchaîne les passions honteuses.

– La stratégie de l’insulte vise ici à remplacer la réflexion.

– Le côté réjouissant, c’est que les dictatures sont mortelles.

– La vie démocratique implique que l’on accepte le débat sans invective.

– Si on communique de l’amour l‘amour se répand…

si on communique du négatif, mal et malheurs prospèrent.

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

Démocratie ou dictature, les tendances actuelles

extraits : Aujourd’hui, nous constatons que les principaux éléments qui, dans l’histoire, caractérisent une séquence précédant un basculement autoritaire sont en place : perte de repères, brutalisation, contestation des institutions et des élites, crispations identitaires, manipulation du langage, etc. L’extrémisme identitaire (religieux, nationaliste ou ethnique) durcit une opposition entre « eux » et « nous » potentiellement explosive et contagieuse. Personne ne maîtrise plus vraiment de tels engrenages enclenchés ou nourris par des apprentis sorciers croyant pouvoir instrumentaliser des passions qui finissent souvent par les dévorer eux-mêmes….

Léviathan climatique, dictature supranationale

extraits : Le livre de Geoff Mann et Joel Wainwright, Climate Leviathan s’intéresse aux différents types de scénarios politiques susceptibles d’émerger en réponse aux crises écologiques. C’est Thomas Hobbes, comme le titre le suggère lui-même, qui se trouve au cœur du livre – le Léviathan. Hobbes observait une nation déchirée par la guerre civile anglaise et estima qu’il valait mieux renoncer à sa liberté sous l’autorité d’un souverain tout puissant plutôt que de vivre dans une tel contexte de brutalités. Les perturbations écologiques actuelles vont créer les conditions permettant à une nouvelle autorité souveraine de « prendre le commandement, déclarer l’état d’urgence, et mettre la Terre en ordre, tout cela au nom de la sauvegarde de la vie » – et cette fois-ci à l’échelle planétaire, et non plus nationale. En appelant à des accords lors des COPs de chaque année, nombreux sont les militants du climat à avoir légitimé le Léviathan climatique au lieu de le contester…..

4 réflexions sur “Démocratie ou dictature en temps de crises ?”

  1. Si en Gaule ON râle après les nôtres, et qu’ON en rigole aussi, que peut-on faire d’autre… il faut déjà reconnaître qu’ils sont encore loin d’être au niveau de certains.
    En matière de clowns celui-ci c’est quand même autre chose. Celui des Ricains n’est pas mal non plus, et sans parler des Bolsonaro-Duterte & Co. Maintenant je ne me risquerais pas à dire lequel est le Roi. En attendant, si c’est vraiment ça que voulaient tous ces pauvres misérables qui ont voté pour qu’il en soit ainsi… eh ben les voilà donc bien servis.
    Qu’il en soit ainsi «chez eux»… après tout, ON peut toujours se dire que s’ils aiment ce genre de clowns et de merde… eh ben ce n’est là que LEUR problème. Seulement quand cette drôle de façon de se penser citoyen vire au phénomène de mode, là c’est autre chose. Misère misère !

    1. – « Il ne suffit pas de bien gérer, il faut mener une bataille culturelle pour faire en sorte que les gauchistes ne débarquent pas dans tous les sens […] gauchistes de merde [etc.] »

      Mots pour mots… je crois entendre parler là certains misérables, qui se reconnaîtront probablement, notamment le plus gros de la clique.
      Celui-là aussi il en voit partout… et celui-là aussi il les ferait TOUS brûler.
      Saloperie de Gauchistes va ! Et encore s’il n’y avait que les Gauchos. Accusé de « prêcher le communisme dans le monde entier »… voilà que le pape n’est qu’un «fils de pute» !
      Faut oser quand même non ? Ce pauvre type connaît-il au moins la mère à François ?
      TOUS des «dégénérés», des «malades» etc. etc. Mais lui non. Lui il se porte super bien !
      Bref, ce misérable Milei excelle lui aussi dans la grossièreté, la vulgarité, la saloperie la plus crasse et le grand n’importe. Misère misère !

  2. Vaste question que les faits plus que la volonté des hommes pourraient trancher.
    Oui, il y a un vrai risque de dictature. Deux phénomènes rendent la probabilité plus forte et le risque plus effrayant qu’au cours du 20e siècle:
    – le caractère mondial de l’économie
    – les capacités technologiques de surveillance
    Hélas sur ce dernier point, une proportion bien trop importante d’humains est prête à se laisser faire, et à être rassurée par la main mise de l’Etat sur tous ses faits et gestes. L’obéissance lors du covid a été un très mauvais signe que les populations ont donné à leurs dirigeants.
    On peut tout imposer à une population qui se couche si facilement et qui est si sensible à la propagande. Certains sont déjà prêts à accepter l’implantation de puces qui permettront de les suivre partout au motif de les protéger et de leur faciliter quelques détails de la vie pratique.
    Nous entrons dans un effroyable monde de science fiction.

    1. La dictature peut prendre des formes diverses, plus ou moins musclées. La notre, par exemple, peut être qualifiée d’étrange (Voir Viviane Forrester). Le risque de dictature généralisée n’a peut être jamais été grand, certes. Maintenant il me semble que ces deux articles du MONDE, et Biosphère aussi, insistent particulièrement sur quelque chose de relativement nouveau. À savoir cette incroyable vulgarité, qui ne s’est démocratisée (façon de dire) que tout récemment dans le paysage politique.
      Entre le politiquement correct (l’hypocrisie) et cette vulgarité incarnée actuellement par Milei et Trump… n’y a t-il pas là encore un juste milieu ?

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