Le démographe s’occupe du long terme, la politique du court terme, en voici une démonstration en matière de retraite :
Perspectives démographiques en 1980 : en réfléchissant aux effets à long terme du vieillissement de la France, les membres du groupe « Prospective personnes âgées du VIIIe Plan », dans leur rapport Vieillir demain (encore appelé Rapport Lion), avaient, entre autres, recommandé : de ne pas généraliser la retraite à 60 ans (« Une telle mesure sacralisant un seuil d’âge serait “l’image de l’irréversible”. Au nom de l’avenir, il faut l’écarter ») ; de substituer à l’âge de la retraite la durée d’activité (susceptible de varier dans le temps et d’être portée à « 40 ans peut-être, ou 42, voire 45 en première étape si on craint on afflux trop grand », cette substitution permettrait de limiter les effets de l’inégalité sociale devant la mort) ; d’instaurer un glissement progressif de l’activité à la retraite ; d’assurer le droit au travail pour les travailleurs âgés.
Programme Mitterrand en 1981 (Proposition 82 sur 110) : Le droit à la retraite à taux plein sera ouvert aux hommes à partir de 60 ans et aux femmes à partir de 55 ans. Les cotisations prélevées par le régime général de la Sécurité sociale sur les retraites seront supprimées… Le 1er avril 1983, l’âge légal de la cessation d’activité professionnelle était ramené à 60 ans pour tous. L’heure était au respect des promesses, on a pu mesurer depuis l’ampleur des difficultés rencontrées pour inverser la donne.
Programme Mélenchon pour 2017 : restaurer le droit à la retraite à 60 ans à taux plein, revaloriser les pensions de retraite au niveau du smic pour une carrière complète, assurer le financement durable des régimes de retraites par la mise à contribution des revenus financier des entreprises, par l’augmentation du nombre de cotisants et de l’assiette des cotisations (créations d’emplois, hausse des salaires, recul de la précarité, hausse de l’activité des femmes, etc,) et de leur taux, la fin des exonérations fiscales pour les régimes de retraite par capitalisation.
Conclusion : « Comprendre trop tard, écrivait Jean-François Revel, c’est comme ne pas comprendre, ou, en tout cas, pas à temps pour agir utilement. Le poncif d’après lequel l’art de gouverner consisterait à savoir attendre n’est que le maquillage de l’irrésolution. Si c’est pour laisser les situations évoluer toutes seules, à quoi sert-il d’avoir des dirigeants ? Trop tardive, la décision n’en est plus une : elle enregistre le fait accompli. La vie est un cimetière de lucidités rétrospectives. » La démographie produit de la connaissance « inutile ». Il faut qu’un sujet devienne brûlant pour l’inscrire à son programme — le « coup forcé » comme l’on dit aux échecs.
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Bonjour Michel C
Je crois que ce que voulait dire l’article c’est qu’il y a une identité dans la nature de notre attitude face à un problème. a ne pas se préoccuper d’un problème aujourd’hui, on se prépare un problème encore plus grave pour demain, c »est ainsi que j’ai compris ce texte. De ce point de vue nous agissons de la même manière face à la question du financement des retraites et à celle de la démographie, dans les deux cas notre inaction augure mal de l’avenir.
Je ne connais pas assez le jeu des échecs pour parler du « coup forcé », cependant je comprends la citation de JF Revel, et d’ailleurs qui ne serait pas d’accord avec cette évidence ?
Ceci dit je ne comprends pas le lien entre les politiques de retraite et l’intérêt que nous avons à agir sur la démographie.
En quoi l’âge de départ à la retraite, les conditions de vie d’un retraité… sont-ils des éléments qui influeraient sur la démographie ?
Par contre je comprends que tuer les gens au boulot, ou rendre les retraités incapables de vivre et de se soigner correctement… ça oui, ça irait dans le « bon sens ».
programme 2017 EELV pour la retraite : Depuis une vingtaine d’années, notre système de retraite a connu une succession de réformes conduisant à l’allongement de la durée de cotisation et à une diminution des droits dont bénéficient les retraités. Pour autant, ces réformes n’ont pas permis de stabiliser notre modèle de financement des retraites, à telle enseigne que la plupart des formations politiques continue à préconiser l’allongement de l’âge de départ à la retraite (65 ans, voire 67ans) et l’alignement entre les régimes public et privé. Pour les écologistes, la question du financement doit partir d’hypothèses de croissance réaliste et conduire à revoir notre politique de l’emploi. Nous ne pouvons construire un modèle durable pour nos retraites en continuant à nous accrocher à l’illusion d’une croissance forte. La réduction du chômage, par la création d’emplois liée à la transition écologique de l’économie et par la réduction du temps de travail, participe de la solution.
La citation de Jean François Revel est vraiment merveilleuse d’intelligence. Oui, elle s’applique au mieux à la démographie. Si pour avoir ignoré trop longtemps les menaces au nom d’un relativisme coupable, nous laissons nos sociétés s’effondrer, alors nous aurons tout le temps de pleurer sur le coût exorbitant de nos négligences et nos lucidités rétrospectives auront un goût amer.