Densité écologique et densité subventionnée

Les critères de surpopulation sont multiples. Voici une approche par la densité.

Surpopulation : quels critères ? – Graduate Institute Publications

Densité globale

L’idée de surpopulation s’adresse d’abord à la quantité d’habitants. Le critère généralement utilisé est celui de la densité, les pays surpeuplés sont alors, pour ne citer que les 6 pas qui arrivent en tête :

en 1987  : Bangladesh 685 hab/km² ; Pays-Bas 355 hab/km² ; Japon 324 hab/km² ; Sri Lanka 241 hab/km² ; Royaume Uni 232 hab/km² ; Inde 228 hab/km2

en 2020 densité actualisée selon les chiffres de la banque mondiale. La hiérarchie est bouleversée car les croissances démographiques ont été très différenciées d’un pays à un autre : Bangladesh 1285 hab/km² ; Cisjordanie et Gaza 798 ; Liban 554 ; Rwanda 533 ; République de Corée 531 ; Pays-Bas 518 hab/km² ; Burundi 476 ; Israël 426 ; Haïti 410 Philippines 376 ; Japon 345 hab/km² ; Sri Lanka 354 hab/km² ; Pakistan 295 Royaume Uni 277 hab/km² ; Inde 470 hab/km2

La moyenne mondiale est de 60 hab./km² en 2020. Un classement des pays selon par exemple la densité des terres cultivables arriverait à un classement différent.

Densité écologique

Un écosystème donné est surpeuplé lorsqu’il n’arrive pas à satisfaire les besoins de sa population. Le critère de surpopulation prend alors en considération les caractéristiques du milieu. Il y a surpopulation au-delà d’un seuil défini par la « capacité-limite » du milieu, c’est-à-dire par la charge de population dont les besoins peuvent être satisfaits par la productivité primaire (Pp). La capacité limite de zones désertiques et semi-désertiques (Pp : 1 tonne de matière sèche/ha/an) sera moindre que celle d’une zone tempérée (Pp : 10-20 tonnes), et celle de prairies de montagne (Pp : 1,1 tonne) moindre que celle de prairies de plaine (Pp : 4,5 tonnes).

Généralement, des facteurs de régulation de la densité des populations interviennent pour empêcher les populations de dépasser la capacité-limite du milieu, c’est ce que l’on appelle la « résistance de l’environnement ». Ces facteurs peuvent être dépendants de la densité (maladies, prédation, fécondité, concurrence, etc.), ou indépendants (hiver rude, sécheresse, etc.). Certaines sociétés humaines autarciques réglaient leur densité écologique en intervenant sur la fécondité. Si les mécanismes de régulation sont abandonnés, la capacité-limite de l’environnement est rapidement dépassée ; on peut atteindre un état de surpopulation sans qu’il y ait nécessairement croissance démographique.

Densité subventionnée

Une région, une nation est surpeuplée lorsqu’elle n’arrive pas à subvenir aux besoins énergétiques de sa population, c’est-à-dire à son alimentation et à ses besoins en combustible pour la cuisson, le chauffage, le transport et les activités industrielles. Dans les systèmes subventionnés, ce sont les ressources énergétiques qui sont déplacées. Les villes ont été de tous temps subventionnées par les campagnes, ce qui leur permet d’atteindre une densité de population beaucoup plus élevée. Avec l’ère industrielle, ce subventionnement ville-campagne s’est étendu à un subventionnement des pays industrialisés par les pays en voie de développement. Au niveau énergétique, c’est le Nord qui parasite le Sud. Si le subventionnement Sud-Nord cessait, ne seraient pas surpeuplés les pays qu’on pense.

Puisque la terre est surpeuplée, la régulation volontaire de la population est une nécessité afin d’éviter une régulation naturelle qui serait catastrophique du point de vue humain.

Auteur : Grégoire Raboud (1987), texte actualisé en 2023 par Michel Sourrouille

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere

Lire aussi, Forte densité, synonyme de surpopulation ?

11 réflexions sur “Densité écologique et densité subventionnée”

  1. Les effets de la surpopulation sont amplifiés par la désertification des campagnes et l’entassement urbain.
    En vivant près des champs productifs, les populations vivaient et ressentaient les limites de production des terres.
    L’urbain d’aujourd’hui n’a plus conscience de cet équilibre. Les champs et la nature ne sont qu’une notion subjective.
    On peut donc faire grandir les villes sans que les gens ne se rendent compte de la stérilisation des terres bétonnées pour les loger et les faire travailler.
    L’espace productif des nourritures est distanciée et l’humain n’a plus conscience de son impact.
    Les discours des économistes et des statisticiens pour une démographie galopante passent facilement car les citadins vivent hors sol.

  2. Si on ne prêchait que des convertis, qu’est-ce qu’on s’emmerderait. Mais il y a le pendant, il n’y a pas pire sourd que celui ou celle qui ne veut pas entendre. Ainsi notre phrase qui nous semble incritiquable : « Les pauvres en faisant trop d’enfants sont les premiers responsables de leur enracinement dans la pauvreté. » Bien sût qu’il y a inertie cultuelle et démographique, sauf catastrophe de grande ampleur, nous serons 10 milliards en 2050. Raisons de plus pour agir tout de suite et d’inciter les individus à devenir conscients et les gouvernement clairvoyants. Raison d’être de l’association Démographie Responsable et de tous les malthusiens.

    La surpopulation est le problème de tous les habitants d’une terre pillée et exsangue, des Humains qui vivent trop souvent dans des conditions infra-humaine de par le poids du nombre et des Non-humains en voie de disparition.

    1. (suite) La notion de densité subventionnée montre bien que même ceux qui croient vivre dans une contrée prospère ne sont riches que parce qu’ils sont subventionnés par d’autres territoires. Sans pétrole, ni gaz, ni charbon, ni uranium, la France par exemple serait une contrée de pauvres hères, avec des dizains de millions de personnes de trop.

      Retour à la France de 1800 vivant d’une agriculture biologique, sans voitures ni secteur des services, 29 millions seulement et non 68 comme actuellement.

  3. Cet article de Grégoire Raboud est très intéressant, et a priori je n’ai rien vu que je pourrais contredire. Ce qui n’est pas le cas de cet article de Biosphère, qui, à la fin écrit : – « Auteur : Grégoire Raboud (1987), texte actualisé en 2023 par Michel Sourrouille »
    Ce qui me gène ici c’est la dernière phrase de Biosphère
    – « Puisque la terre est surpeuplée, la régulation volontaire de la population est une nécessité afin d’éviter une régulation naturelle [etc.] »
    ( à suivre )

    1. (suite) Or Grégoire Raboud, n’écrit pas du tout ça. Mais ça :
      – « Si la terre est surpeuplée, la régulation volontaire de la population est une nécessité afin d’éviter une régulation naturelle [etc.] »

      Or … « puisque » et « si » ce n’est pas du tout pareil. Et ça change tout.
      L’auteur consacre le dernier chapitre à la question «La terre est-elle surpeuplée ?» C’est au tout début de ce chapitre qu’il écrit cette phrase. En suivant il écrit :
      – « Or, puisque la production alimentaire mondiale dépasse les besoins de sa population, il y a moins surpopulation globale que déséquilibre dans la répartition de cette production. [etc.] »
      Pour moi c’est donc très clair. Notamment la conclusion :
      – « Il est donc urgent d’inventer des solutions basées non plus sur une conception partielle de l’homme, sur son « animalité », mais sur une conception qui fait confiance en son « humanitude », [etc.] »

      1. C’est justement sur ce point (« humanitude ») que je termine lorsque j’exprime mes désaccords avec Biosphère et autres malthusiens. Sauver ce qu’il nous reste d’humanité, ce qui nous différencie encore des bêtes… voilà ce qu’est pour moi la Priorité des priorités ! C’est seulement pour ça que je pointe les risques du discours malthusien, notamment quand il s’accompagne d’une sorte de complaisance avec certains misérables personnages (xénophobes, racistes etc.) C’est pour ça que cite régulièrement le passage de Vincent Cheynet (La Décroissance 2009).
        Alors bien sûr… et je le disais encore hier, le mot «humanisme» est un mot fourre-tout. Comme «écologiste». Ce qui fait que tout le monde et n’importe qui peut s’en revendiquer. N’empêche que je serais curieux de savoir pourquoi Biosphère (et/ou Michel Sourrouille) ont déformé ainsi la conclusion de ce texte de Grégoire Raboud.

  4. Une forte densité provient d’une reproduction désordonnée. La sexualité est certes un besoin physiologique, les jeunes garçons font par exemple des cartes de France la nuit dans leurs draps. Mais la mise en œuvre de l’acte sexuel est culturelle, la masturbation a été souvent interdite, certaines personne vont jusqu’à faire vœu de chasteté intégrale alors que d’autres aimeraient sauter sur le moindre jupon qui passe. L’avantage de notre époque est d’avoir permis de séparer la fonction de plaisir et la fonction de reproduction. Un malthusien dit simplement que sur une planète surpeuplée, on doit prendre garde à ne pas faire d’enfant si personnellement on ne peut pas s’en occuper.

    On ne voit aucun perte d’humanité dans cette affirmation, mais au contraire un surcroît d’attention à l’enfant. C’est cela un leçon de morale bien placée.

  5. Rappelons la densité de population pour un autre grand prédateur qui pour autant ne consomme que du renouvelable : le tigre
    C’est entre 0,01 et 0,001 au kilomètre carré ! Ca nous donne une idée du caractère incroyable de notre nombre. Nous sommes d’ailleurs sur la Terre environ 3,5 millions de fois plus nombreux que les tigres mais le nombre des hommes n’est pas le problème comme nous répètent les démographes, les économistes, les bienpensants et hélas, nombre de ceux qui se prétendent écologistes.
    Encore une fois il n’y a pas de réflexion sérieuse qui ne prenne d’abord en compte les ordres de grandeur.

    1. – « Encore une fois il n’y a pas de réflexion sérieuse [etc.] »

      Sérieusement… mon cher Didier, je pense qu’une association aussi importante que la votre mérite un argumentaire plus sérieux. Vous parlez des tigres dans vos meetings ?
      Je sais bien que comme les démographes et autres bienpensants etc. moi aussi je me répète, mais de votre côté quand vous nous répétez que pour tout le monde, sauf évidemment les malthusiens et autres déna(anti)natalistes, «le nombre des hommes n’est pas le problème»… ça déjà ce n’est pas très sérieux.
      Ou alors c’est tout aussi sérieux que quand je vous cite la devise Shadock :
      – « S’il n’a pas de solution, c’est qu’il n’y a pas pas de problème. »

      1. Je ne comprends pas votre remarque, je ne dis pas qu’il faut autant de tigres que d’hommes, mais je signale que quand il y a un rapport de 1 (l’unité) à 3 millions entre deux grands prédateurs, il y a de toute évidence un problème écologique. Vous savez combien je tiens les ordres de grandeurs comme base de la réflexion. Quant à la phrase sur les Shadocks, non, je ne vois pas non plus le lien.
        Je me répète oui, mais je milite pour un sujet, la répétition est inévitable vous le savez bien

      2. À moins bien sûr que vous ne fassiez semblant, de ne pas comprendre, je vois bien que vous avez du mal à entendre ce que je ne cesse de vous rabâcher.
        À savoir que la décroissance démographique est déjà amorcée, qu’on est obligé de faire avec l’inertie, et donc que ce sera environ 10 milliards en 2050.
        Et ce quoi qu’on fasse etc. et à moins bien sûr que etc. L’inertie (comme la gravité) est-elle un problème ? Ce qui me fait dire que la (sur)population n’était que le problème des malthusiens et autres déna(anti)natalistes.
        Cette devise que j’ai cité n’est pas si absurde qu’on pourrait le penser. D’ailleurs ces stupides Shadocks n’ont fait que se l’approprier. Je vous invite à essayer de la comprendre. Pour moi l’absurde est là : «Plus ça rate et plus on a de chances de réussir», «Pour faire le moins de mécontents possibles, il faut toujours taper sur les mêmes», «Je pompe donc je suis» etc.

Les commentaires sont fermés.