Déplorons l’anthropisation de l’espace sonore

Même au cœur de la vallée de la mort en Californie, où il n’y a rien, on entend… les nombreux avions de la base aérienne située à l’Est. Ça gâche tout. Le bioacousticien américain Gordon Hempton n’a pu répertorier dans le monde qu’une cinquantaine de zones à l’abri des nuisances sonores humaines*. L’espace est de plus en plus affecté par l’anthropophonie (sons d’origine humaine). Nous perdons le lien indispensable avec la biophonie (le son des êtres vivants) et la géophonie (le son des éléments naturels tels que le vent ou l’eau), la nature devient dénaturée. Il resterait seulement une douzaine de zones de silence (anthropique) en Amérique du Nord, quelques-unes au Nord de l’Europe, mais aucune en France,

Oublier le bruit des humains est pourtant nécessaire pour ressentir profondément la nature. Impossible de parvenir à des états mentaux méditatifs quand on est citadin sans possibilité de se réfugier au cœur d’une forêt. C’est pour permettre à tous de retrouver notre matrice originelle que Gordon Hempton enregistre et partage le bruissement du vent dans les feuilles, le pépiement des oiseaux et les clameurs de l’orage. Mais rechercher la nature par l’intermédiaire de nos instruments à faire du bruit, est-ce vraiment la solution ?

Heureusement qu’un jour disparaîtront avions et véhicules motorisés. Quand il n’y aura plus de pétrole et plus de moteurs à combustion, l’anthropophonie reviendra à un niveau supportable en retrouvant le simple son de nos pas sur le sol…

* LE MONDE du 19 août 2016, L’homme qui cherchait le silence

1 réflexion sur “Déplorons l’anthropisation de l’espace sonore”

  1. C’est une très juste remarque, écoutez comme en France par exemple, compte tenu de la densité de population, (pourtant loin d’être la plus élevée d’Europe) il est très difficile de se trouve dans un endroit où l’on entend pas le bruit des hommes (on passe une très faible partie de notre vie dans de tels endroits).
    Par contre c’est une pollution qui a un avantage, elle ne présente aucune rémanence, dès que la source est tarie, il n’y a plus aucune trace dans la seconde qui suit et la nature – qui fait des bruits beaucoup plus doux à nos oreilles -reprend instantanément tous ses droits.

Les commentaires sont fermés.