Ils se sont mis à 13 auteurs pour dresser un panorama complet de l’urgence écologique, mais la question démographique est complètement absente. On ne pourfend que la croissance économique, la solution malthusienne de la sobriété démographique n’est JAMAIS abordée. On oublie complètement que le rapport de 1972 sur « les limites de la croissance » considérait 5 variables, dont la population… Voici les rares éléments du livre qui parlent de démographie entre deux lignes, vous n’en trouverez pas d’autres à la lecture intégrale de ce livre pourtant intéressant quant à sa vision transversale.
Dernières limites, apprendre à vivre dans un monde fini
(avril 2023, édition rue de l’échiquier, 240 pages 22 euros)
Matthieu Auzanneau, directeur de The Shift Project : ce spécialiste du choc pétrolier n’a absolument rien à dire sur la question démographique. Bien qu’il sache que le pétrole est le sang de la société, il fait preuve d’un optimisme à toutes épreuve : « Je ne crois pas que nous soyons face à quelque chose d’inexorable, Il faut reprendre notre destin en main (page 129). »
Dieu reconnaîtra les siens !
Philippe Bihouix, spécialiste des ressources non renouvelables et des low tech : Il sait pertinemment que nous n’allons pas « partir sur Mars avec Elon Musk et conquérir la galaxie avec Jeff Bezos (page 149) ». Mais comme la variable démographie est inexistante à ses yeux, « nous avons les moyens techniques, sociaux, sociétaux et financiers pour mener dès maintenant la bonne transition fondée d’abord sur la sobriété (page 149) »
La sobriété démographique, connaît pas !
Aurélien Boutaud, spécialiste de l’empreinte écologique : Il ne peut nier que « L’Inde et la Chine ont aussi une empreinte écologique importante, non que le niveau de vie par habitat est élevé, mais parce qu’ils sont très peuplés (page 179). » Cela l’inquiète, d’autant plus que « des pays cherchent à imiter le niveau de vie des plus riche set vont progressivement nous rattraper. Certains d’entre eux sont très peuplés, comme la Chine ou l’Inde, et ces deux facteurs – la population et le niveau de vie – se multiplient (page180) ».
Mais pas un mot sur la nécessaire planification familiale.
Philippe Cury : absolument rien sur la démographie de la part de ce directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement ! Il ne traite que du sujet de l’effondrement de nos ressources halieutiques : après nous les méduses, dit-il en somme !
Marc Dufumier : ce spécialiste de l’utopie agricole ne dit pas un seul mot sur la population, il se contente d’écrire page 43: « J’ai toutes les raisons d’être optimiste sur le fait de pouvoir nourrir 10 milliards d’habitants en 2050, si l’on pratique des techniques inspirées de l’agroécologie. »
Comme on dit, avec des « si » on mettrait Paris en bouteille !
François Gemenne, spécialiste des migrations environnementales : « En 2020, il y eu 30 millions de personnes déplacées par des évènements climatiques extrêmes, trois fois plus que le nombre de personnes obligées à migrer en raison des violences et des persécutions… Cela signifie beaucoup de morts dans l’avenir (page 197). » Mais rien à voir, circulez. On annonce entre 200 millions et 1 milliards de réfugiés climatique d’ici à 2050. Sa réaction : « Le risque, avec ces chiffres qui paraissent faramineux, est de provoquer une réaction qui conduirait les gouvernements à fermer davantage leurs frontières. Je me méfie beaucoup de cette idée d’une crise migratoire à venir (page 204). »
Fermez les yeux, y’a rien à voir !
Gaël Giraud, économiste : « En 1972 les chercheurs du MIT ont élaboré un système dynamique non linéaire qui compte cinq grandes variables agrégées : la population mondiale, la production agricole, la production industrielle, les ressources naturelles et la pollution. »
On n’en saura pas plus, sauf ce paragraphe (page 26) : « On atteint très vite un plafonnement de la production agricole et industrielle, ainsi que celle des services à la personne (essentiellement l’éducation et les soins de santé). Par conséquent, le taux de mortalité augmente rapidement et la population se met à décroître. »
Florence Habets, hydrologue : « Il est évident qu’un pays très peuplé comme l’Inde pompe beaucoup trop d’eau dans ses nappes phréatiques, ce qui génère un déficit énorme ; elle fait face à un péril très clair (page 60). »
Plus on est nombreux, plus on boit, n’est-ce pas madame ?
Sandra Lavorel : « L’être humain est la première espèce qui, par sa densité mais aussi son emprise sur tous les écosystèmes, est capable d’impacter absolument toutes les autres espèces. » (page 103) Cette spécialiste de l’effondrement de la biodiversité attend de notre système économique qu’il change tout seul : « Plus on attend, plus les changements seront difficiles à mettre en œuvre (page 115). »
Nous sommes 8 milliards de parasites, sans doute cette écologue l’ignore.
Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue : coprésidente du GIEC, elle sait que « le CO2 que l’on émet dans l’atmosphère continuera à avoir un effet sur le climat sur plus d’un millénaire (page 156). »
Sa pensée démographique s’arrête là !
Dennis Meadows : n’a rien à dire sur la démographie dans ce livre alors qu’il a été un des concepteurs du rapport de 1972 où on écrivait : « Si nous poursuivons la croissance économique et démographique, le résultat le plus probable serait un déclin soudain et incontrôlable de la population et de la capacité industrielle avant la fin du XXIe siècle. ».
Dominique Méda, multi-cartes : « Ce qui me rassure est que l’origine du problème est désormais bien identifiée. C’est la poursuite d’une croissance économique illimitée dans un monde fini qui nous mène droit dans le mur (page 215). »
Cette chouchoute des médias a donc intériorisé l’idée qu’une croissance démographique dans un monde fini n’a aucun impact ! Désolant.
Et combien d’autres qui auraient pu se joindre à ces 13 pour nous dresser le panorama complet ? Tiens, par exemple, celui qui discutait hier sur France Inter avec Nagui.
Plus écolo, plus visionnaire et plus grand conseiller que lui tu meurs ! Comme tous les autres notre Grands Yaka était juste là pour nous vendre son dernier bouquin, « Le Monde, modes d’emploi ». Formidable !
– « J’ai rassemblé ici, aussi clairement que possible, sans langue de bois et sans rien cacher des enjeux, tout ce que chacun devrait savoir sur la marche du monde et son avenir. Tout. Des mécanismes du pouvoir aux enjeux de la science. De l’histoire à la technologie. De la finance à la politique. De la géopolitique à l’écologie [et patati et patata] » (Jacques Attali)
TOUT ! J’vous jure tout y est passé. Même le Surnombre, oui oui !
TOUT, tout tout j’vous dirais tout sur le zizi ! Bref, comme d’hab. du Grand Baratin.
Michel C.,
merci à vous pour votre suivi constant de notre blog biosphere
et d’avoir apporté très souvent un regard complémentaire…