Des avions qui volent au colza, foutaises

La Commission européenne présente bientôt son initiative RefuelEU Aviation imposant des taux d’incorporation de biocarburants au kérosène. Le ministre délégué aux transports, Alexandre Djebarri : « Pendant que Greenpeace fait de la peinture, Airbus et Safran font de l’écologie. Cette année, ils vont faire voler un avion avec 100 % de biocarburants. 0 % de kérosène ». Réplique de Greenpeace : « Airbus et Safran pourront bien faire voler tous les avions verts qu’ils veulent, cela ne suffira pas pour que le secteur soit aligné sur l’accord de Paris. Il faut réduire le trafic aérien ».

Voici quelques commentaires sur le monde.fr :

Michel SOURROUILLE : Le terme biocarburant est un abus de langage, un verdissement uniquement littéraire. Il s’agit plutôt d’agrocarburants issus d’activités industrielles, donc plutôt des nécro-carburants en concurrence avec d’autre usages, y compris alimentaires. Par exemple, pour remplir le réservoir d’un 4×4 avec 94,5 litres d’éthanol pur, il faut environ 204 kilos de maïs, soit suffisamment de calories pour nourrir une personne pendant un an. Rappelons que L’Union européenne avait en 2012 pris ses distances avec les agrocarburants. Un projet de directive plafonnait à 5 % la part des carburants d’origine végétale dits de première génération, produits à partir du blé, maïs, betteraves, palme ou encore colza…

NTF451 : Le tweet de Djebarri est affligeant… Laisser penser que les bio-carburants sont une solution écologique relève soit de la malhonnêteté intellectuelle, soit de la bêtise (je sais pas ce qui est le pire). 1. bio-carburant ou kérosène, la combustion émet des GES. 2. les bio-carburants utilisent pour leur grande majorité (notamment à l’étranger comme la Malaisie, Brésil, Afriques) des surfaces de forêt primaire ou des terres agricoles utilisable pour l’alimentaire… Comme pour la production électrique, la solution n’est pas dans la technologie alternative, la solution est la SOBRIETE…

Sarah Py : Dans un monde aux richesses limitées, choisir d’utiliser cette richesse à l’avion est obligatoirement ne pas en accorder à d’autres. Donc l’avion est-il une nécessité première dans cette logique de rationnement ? Il est évident que ce n’est pas le cas et que c’est le prix qui jouera un rôle de régulateur. Pour éviter cela, avec T. Piketty comme inspirateur, je propose donc un crédit carbone par individu, égal pour chacun et non négociable ( c’est plus de gauche). Donc celui qui choisit un vol en avion devra accepter de réduire sa douche. Et plus sérieusement, voilà une vraie idée d’égalité et de réponse aux inquiétudes d’une taxe carbone.

le sceptique : On va essayer de gagner du temps dans le débat public : un militant écologiste ne trouvera *jamais* qu’une solution est écologique. Son idéal est qu’on ne touche plus une seule brindille de la planète, de sorte que toute alternative technologique à une technologie posera un problème, car on ne fait que déplacer un impact, et lui il veut zéro impact (zéro pollution, zéro artificialisation zéro perte de biodiversité etc.).

Nicola @le sceptique 2 : Quelle est la pertinence de votre commentaire avec le contenu de l’article ? Ne pensez-vous pas que Greenpeace a raison de dire que même si les acteurs du secteur réussissent à réduire les émissions de CO2 par passager, l’augmentation prévue du traffic aérien ne va pas suffire à réduire les émissions en absolu ?

AdAPT @le sceptique : oui les militants écolos sont parfois dogmatiques et ridicules, je suis d’accord avec vous, mais croire que le seul progrès technique nous sauvera du changement climatique relève du fantasme religieux le plus pur. Il ne s’agit pas d’être pour ou contre, mais de réaliser que malgré toutes les avancées technologiques possibles (sont nous avons besoin et qui vont bien sûr nous aider) nous n’arriverons jamais à gagner la bataille du changement climatique sans une réduction drastique de la consommation d’énergie et de matières premières.

Vert de Terre : Mon idéal est simplement que le réchauffement climatique soit inférieur à deux degrés. Les projections actuelles sont plutôt de l’ordre de 4 degrés. Ce constat ne vient pas de militants écolos extrémistes mais de la communauté scientifique. Le GIEC vient de publier un pré-rapport très alarmiste, que proposez-vous, Sceptique, pour répondre à cette menace ? Il est facile de critiquer les écolos mais la vraie question de la crise écologique n’est pas une lubie d’écolo mais une réalité. Donc plutôt que de critiquer, utiliser votre intelligence pour chercher des solutions.

Mathilde Damgé : La neutralité carbone impliquerait de remplacer des vols domestiques par des trajets en train, de limiter le trafic aérien mondial au niveau de 2019 pour les long-courriers (y compris en augmentant les prix des billets), et de monter à 45 % de biocarburants, selon le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie. Alors que les frontières rouvrent les unes après les autres, l’heure semble être à la reprise des vieilles habitudes. Le 16 juin, 212 185 vols ont été relevés par la plate-forme Flightradar24. C’est la première fois que le nombre de vols remonte au-dessus de 200 000 depuis décembre 2019.

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

21 octobre 2021, Enfin la vérité sur les « biocarburants » ! (synthèse)

3 réflexions sur “Des avions qui volent au colza, foutaises”

  1. Un champ produit très peu d’énergie nette. Pour faire pousser des graines, il faut des engrais, des tracteurs, des pesticides, des camions. Un champ qui est travaillé sans apport d’énergie extérieure, c’est ce qu’ont fait nos ancêtres depuis des millénaires : un cheval, un homme, du bois : ça produit juste de quoi nourrir le cheval, l’homme et pas beaucoup plus. L’apport net c’est la quantité d’énergie solaire stockée par les plantes, ça fait pas voler des avions. Donc les agrocarburants sont une illusion, c’est même contre-productif, puisqu’il faut brûler plus de pétrole, sur toute la chaîne, pour transformer des graines de colza en bio-ester que de brûler directement du pétrole.
    Après on parle de déchet, mais on connaît le greenwashing, on finit par des milliers d’hectare au Brésil ou aux USA dédiés à l’agrocarburant, qui, j’insiste, consomment plus d’énergie qu’ils n’en produisent.

    1. Le biocarburant dans les avions est une pure arnaque car il faut voir la production de combustibles fossiles et de biocarburants dans leur globalité: donc si on met plus de biocarburants dans les avions, on mettra plus de fossile ailleurs, du moins tant qu’on en extrait et le bilan est nul.
      Sans même parler des scandales de production de bioénergies: huile de Palme à la raffinerie de La Mède ou, non loin de là, bois brut (coupe plutôt que déchets…) importé du Canada dans la centrale de Gardanne.
      Tout est bon pour « laver plus vert ».

  2. Esprit critique

    Foutaises sur toute la ligne !
    La culture du colza (comme d’autres cultures) est devenue une aberration. Le colza nécessite d’encore plus d’eau que le maïs. Les quantités et la demande ne cessent d’augmenter, notamment pour produire des biocarburants… sensés lutter contre le réchauffement. Sauf que le climat ne gagne rien avec les biocarburants, tous comptes faits (culture, distillation etc.) ils émettent plus de CO2 que l’essence et le diesel. Le Monde a écrit un article sur le sujet en avril 2016. La France est le plus gros producteur européen de colza, plus de la moitié de cette production sert aujourd’hui pour produire du biodiesel.
    Et en attendant, les surfaces agricoles utilisées pour produire du colza (et pas que ça) ne sont pas utilisées pour produire des bonnes choses qui se mangent. Et/ou qui e boivent 😉
    Bref c’est du grand n’importe quoi !

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