Nous sommes sans doute conservateurs, mais nous regrettons l’époque où chanter n’était pas le fait de spécialistes qui grâce à un micro font vibrer une salle avec des ritournelles sans aucun intérêt. Les gens chantaient par eux-mêmes bien avant les premiers microsillons, ils n’étaient pas les spectateurs d’un show où il faut payer pour entrer. Les seuls chanteurs qui méritent d’être connus, ce sont ceux dont les paroles ont un sens et qu’on peut répéter en coeur. Ainsi Joan Baez, qui a fait la » une » de Time à 21 ans, marché aux côtés de Martin Luther King, chanté à Woodstock, à Hanoï sous les bombes, lutté contre la guerre du Vietnam et en Irak… Combien de nos chanteurs actuels sont-ils engagés dans les combats qui comptent ? Moins que les doigts d’une main. Les autres soutiennent la société du spectacle et participent de l’endormissement général.
Voici quelques paroles* de Joan Baez qui méritent notre attention : « Mes valeurs viennent de mon éducation quaker. je suis tombée amoureuse de leur pensée non violente. La plupart des religions prêchent ce commandement de la Bible : » Tu ne tueras point. » Mais dès qu’une guerre éclate, la règle vole en éclats. Les quakers, eux, ne prennent pas les armes. Quitte à être méprisés, injuriés, traités de lavettes, de non-patriotes et jetés en prison. Jamais un quaker ne place l’intérêt de la nation avant celui d’une vie humaine. J’ai pris cela très au sérieux depuis mon enfance. Et à 16 ans, j’ai commis mon premier acte de désobéissance civique. Lors d’une simulation d’alerte à une attaque atomique au lycée, j’ai refusé de quitter la classe et de courir chez moi me planquer à la cave comme on l’exigeait. J’avais lu que le temps nécessaire à un missile pour aller de Moscou à mon lycée de Palo Alto ne nous permettrait pas de rentrer à la maison, et j’ai protesté ainsi contre une propagande grotesque (…) J’aime l’idée du sens, de la cause, du combat. C’est bien plus important que le fait de chanter pour chanter. A la fin de cette tournée en Europe, j’avais d’ailleurs décidé de donner trois concerts en Turquie. J’y tenais, malgré la réticence de nombreux amis. Nous allons voir ce qui est désormais possible, mais il faut aller au-devant d’un peuple qui vit un enfer. Au Chili, vers la fin du règne de Pinochet, j’étais interdite de concerts et j’ai pourtant chanté dans une église où 5 000 personnes se sont -retrouvées, grâce au bouche-à-oreille. Ces moments-là sont de loin les plus beaux (…) »
A la question « Vous redoutez l’arrivée de Trump ? », sa réponse : « Il y a tant de personnes frustrées, stupides, sans éducation et sans aucune idée de ce qui se passe dans le monde que c’est, hélas, possible. Il y a en lui du Hitler et du Mussolini. D’ailleurs il ressemble à Mussolini ! Je me souviens d’avoir vu un jour une vidéo dans laquelle Bush déclarait : » Ce serait beaucoup plus facile si j’étais dictateur. » Et j’ai compris combien j’avais raison d’avoir peur de la loi martiale, des arrestations massives et d’une recrudescence de la torture. Vous imaginez ce que pourrait faire Trump ? »
Nous attendons maintenant une Joan Baez de l’écologie alors que les humains font la guerre à la planète !
* LE MONDE du 20 juillet 2016, « je ne serais pas arrivée là si… »
la modération du blog biosphere @ Marcel :
Bonjour Marcel
Il est vrai que les modérateurs du monde.fr ont déjà rejeté votre message. Après l’avoir lu, la modération de ce blog confirme cette «censure». Traiter J.Baez de «conne gauchiste lobotomisée» ou H.Clinton de « folle hystérique» n’apporte absolument rien à un débat construit et respectueux des personnes.
Nous pouvons aussi signer ce message que nous vous adressons par…
un « enc… de pacifiste» en reprenant votre propre expression !