Des chercheurs trop nombreux

Le Parlement avait examiné (LeMonde du 28/01/2005) la loi d’orientation et de programmation sur la recherche. Le mouvement  » Sauvons la recherche  » dénonçait alors un projet de loi inacceptable, déjà un député PS passait en première ligne pour soutenir les OGM. Aujourd’hui encore, les scientifiques s’inquiètent de la baisse des crédits pour la recherche (LeMonde du 5.03.2008) et de « la politique de la terre brûlée » de Sarko.

 

Pourtant la question essentielle est ailleurs : il faudrait considérer la recherche non comme un tout dont l’objectif serait d’accaparer au moins 3 % du PIB, mais comme des études spécifiques dont les domaines d’application seraient réellement utiles et sans danger pour la société humaine et pour le reste de la planète. Par exemple, faut-il financer principalement la biologie moléculaire (et donc les OGM) ou faut-il favoriser la recherche des naturalistes sur les avantages de la biodiversité dont on nous rappelle parfois qu’elle est en péril extrême ? Faut-il consacrer plus de 80 % du financement de la France en matière d’énergie à la recherche nucléaire et laisser seulement quelques miettes pour les énergies renouvelables ? Faut-il toujours plus de recherche en tous genres sans s’interroger sur les risques pour la santé humaine de nos applications techno-scientifiques alors que nous accumulons déjà des tas de produits chimiques dans notre corps et nos appartements ?

 Finalement notre polarisation sur d’éventuels sauts technologiques dans la recherche à la mode (une mode déterminée par les industriels) nous empêche de consacrer toutes nos forces et notre attention à l’endiguement des dégâts que la techno-science inflige aujourd’hui à notre planète, donc à nous-mêmes. Le pilotage politique ne devrait pas porter sur une enveloppe financière globale qui va sauver quelques emplois de chercheurs, mais sur notre manière de penser et de vivre qui trop souvent pénalise le sort des générations futures. La Biosphère n’a pas besoin des chercheurs qui se foutent complètement de sauver la planète.

3 réflexions sur “Des chercheurs trop nombreux”

  1. Je croyais, probablement à tort n’étant pas un scientifique, qu’un des rôles du chercheur est de produire de la connaissance. Je suis d’accord avec vous qu’il faut que le chercheur se pose des questions concernant les implications de sa recherche. Mais ne faut il pas plutôt compter sur l’éthique des scientifiques que sur la coercition. C’est un vision probablement un peu libéral du monde que de croire au sens des responsabilités de chacun. Peut être que faire un peu plus de philosophie et d’épistémologie à l’université permettrait de développer ceci.
    N’étant pas un scientifique, je croyais qu’on ne pouvait pas préjuger des résultats des recherches avant de les avoir menées. J’avais l’impression que watson, crick et franklin pouvait difficilement prédire les retombées de la découverte de la structure de l’ADN. Il me semble que la biologie moléculaire n’a pas que des effets néfastes. J’avais l’impression que c’était un outil pour mieux comprendre le vivant. Mais je dois me tromper.

  2. En tant que scientifique, je conçois bien évidemment que tous les scientifiques ne sont pas sans foi ni loi. Il paraît aussi évident que la France actuelle n’est pas la Russie stalinienne. A notre connaissance enfin, le mot « deep ecology » n’est pas une insulte. « Kystes », il serait préférable pour défendre véritablement les chercheurs que tu trouves une argumentation mieux fondée qui ne salisse pas la Terre.

    L’article sur les chercheurs indiquait simplement que nous devrions tous trouver le sens des limites. Ce n’est pas parce que nous avons un statut que cela signifie obligatoirement que nous sommes utiles et que nous sommes intouchables. Si nous voulons choisir nos thèmes de recherche, encore faut-il démontrer le bien-fondé de notre travail. Enfin, en démocratie, la discussion reste ouverte du moment qu’elle est argumentée…

  3. Effectivement, il ne faut pas laisser aux dangereux scientifiques sans foi ni loi, probablement vendus au grand Capital le choix de leur thème de recherche. En ce sens je crois que vous rejoignez tout à fait le positionnement du gouvernement actuel. Ne vous inquiétez pas vous l’aurez la recherche aux ordres, ne vous inquiétez pas avec ce système vous aurez vos Lysenko qui vous mangerons dans la main pas de soucis.
    Je suis étonné que vous ne parliez pas de la santé qui est encore plus vendu à la big pharma, le scandale des vaccinations et de la recherche sur les maladies émergeantes qui risque de sauver des hommes malades et donc de salir la terre.
    Un petit lien vers la deep ecology serait le bien venu.

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