Il y a des présidentiables qui n’accordent aucune importance aux poisons qui rodent dans notre environnement. Pourtant l’intoxication est avérée. L’association Générations futures s’est intéressée aux taux de glyphosate décelables dans l’urine de diverses personnes d’âges différents, végétariens ou non, vivant en ville ou à la campagne. Le test est sans appel : 100 % des échantillons contiennent du glyphosate, la molécule active de l’herbicide Roundup, produit par la compagnie américaine Monsanto. La contamination moyenne est de 1,25 microgramme par litre (µg/l), soit 12,5 fois la concentration maximale admissible pour un pesticide dans l’eau. C’est l’ancienne ministre socialiste de l’écologie Delphine Batho qui présente le plus fort taux avec 2,4 µg/l. L’étude Urinale, réalisée en Allemagne sur plus de 2 000 volontaires, ou encore celle effectuée sur 48 eurodéputés en mai 2016, indiquent toutes deux des concentrations en glyphosate très proches de celles présentées par Générations futures. Ce pesticide est le plus utilisé dans le monde, il s’en épand environ 800 000 tonnes par an. Il faudrait réclamer d’urgence l’application du « principe de précaution » et l’arrêt de la vente de ce pesticide, classé « cancérogène probable » depuis mars 2015*.
Si François Fillon veut supprimer le principe de précaution pourtant constitutionnalisé sous Chirac, le Collectif Nouvelle Écologie du FN demande un moratoire sur l’utilisation du glyphosate sur le territoire national. Jean-luc Mélenchon ironise : « En juin 2016, la demande des marchands de glyphosate de renouveler l’autorisation du glyphosate a été acceptée, sur la base d’études produite par ces mêmes marchants de glyphosate. Vive « l’Europe qui nous protège » ! » Pour Benoît Hamon, « Il est clair aujourd’hui que Monsanto a tout entrepris depuis vingt ans pour cacher la dangerosité du glyphosate, principal principe actif de son célèbre produit Roundup ». Il a inscrit dans son programme : « Les perturbateurs endocriniens, les nanoparticules, et les pesticides dangereux seront interdits dans les produits alimentaires en application du principe de précaution. » Emmanuel Macron de son côté ne s’intéresse pas à l’écologie.
Faisons le point avec Corinne Lepage, ex-présidentiable promotion 2002 : « Les grands choix technologiques qui bouleversent en réalité nos vies bien plus que les choix politiques ne sont plus le fait des gouvernements, ils échappent aux procédures démocratiques. La recherche fondamentale a le plus souvent partie liée avec la recherche appliquée, orientée qu’elle est en direction de la conquête de nouveaux marchés. Si les avantages commerciaux de telle ou telle découverte sont parfaitement évalués, en revanche les inconvénients sont laissés dans l’ombre, voire occultés. Le débat ne s’ouvre que lorsque la technologie est déjà quasiment irréversible. Je me suis intéressé aux cahiers des charges élaborés dans le domaine des OGM et des pesticides : ils ont été conçus dans le cadre de l’OCDE pour biaiser tous les résultats et rendre inopérante quelque législation que ce soit. Par exemple les industriels ont obtenu que les études se fassent non pas sur les produits que nous achetons, mais sur le principe actif contenu dans le produit. Cela revient à faire une étude sur la cigarette en se limitant au risque lié à la nicotine et en oubliant les produits associés, en particulier ceux qui créent accoutumance ou qui multiplient l’effet de la nicotine. Ainsi pour le Round-Up, seul le glyphosate a été testé. Ce sont aussi les mêmes acteurs qui ont fait les règles et auxquels on demande de bien vouloir valider leurs propres études. C’est l’organisme allemand*** qui avait évalué le glyphosate en 1980 par une étude jamais communiquée à aucun organisme public ou privé qui a été chargé de refaire l’étude en 2014 ! » Pour conclure, vous pouvez (re)lire sur notre blog Pour dire la vérité vraie, il faut avoir un cancer…
* LE MONDE du 7 avril 2017, Des taux hors normes de glyphosate dans les urines de personnalités
** Le choix du pire de Corinne Lepage et Dominique Bourg (puf 2017)
*** Le Bundesinstitut für Risikobewertung a été chargé de réévaluer le glyphosate au nom de l’Europe : un tiers des membres du comité sont directement salariés… par des géants de l’agrochimie ou des biotechnologies.