Selon l’article 10 de la convention européenne des droits de l’homme, « Toute personne a droit à la liberté d’expression. Ce droit comprend la liberté d’opinion et la liberté de concevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu’il puisse y avoir ingérence d’autorités publiques et sans considération de frontières. » Désormais je pourrais donc dire que « l’homosexualité est une menace pour la survie de l’humanité » (LeMonde du 18 novembre). Mais je ne le ferai pas car les relations sexuelles entre identiques ne font pas d’enfant, ce qui est avantageux pour lutter contre la surpopulation mondiale. L’homosexualité semble même supérieure à l’hétérosexualité : si on la poussait à l’universel ce serait l’extinction de la race humaine et tout bénéfice pour les non-humains !
La liberté d’expression sans limites (sauf injures ou diffamation) est sans doute un fondement de l’amélioration des relations sociales, encore faut-il que la connerie reste limitée à la sphère privée. Ainsi le même numéro du Monde m’informe que « le créationnisme étend son influence en Europe ». Voici le véritable danger. Un professeur américain de biologie fut même condamné en 1925 à une amende pour avoir enseigné les théories de Darwin (l’évolutionnisme).
Il a fallu attendre 1987 pour que la justice interdise définitivement, au nom de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, l’enseignement du créationnisme (Dieu a créé l’univers et l’Homme). Il te faut dorénavant admettre que toutes les formes de vie existant aujourd’hui descendent d’un même organisme : les gènes qui mettent en place le plan de fabrication d’un être humain sont les mêmes que ceux fonctionnant chez un ver de terre ou une céréale. Maintenant on sait de source sûre qu’il n’y a ni plan préétabli par un dieu, ni dessein intelligent concocté par la nature, il n’y a que le hasard. Et l’homme en soi ne vaut pas beaucoup plus que le ver de terre, et trop souvent il est même beaucoup moins utile. Est-ce déroger à la libre-expression que de s’exprimer ainsi ?