Devenir survivaliste ou résilient en cas de catastrophe

Pour se préparer à la fin du monde, du 23 au 25 mars s’est tenu le premier Salon du survivalisme : combat et survie en montagne, initiation à la permaculture, sensibilisation aux plantes sauvages comestibles, gestes de premiers secours, dépassement de soi, télécommunications en situation de crise, autonomie dans la vie quotidienne… Sur les 5 000 m2 d’exposition, une centaine de stands proposaient un éventail de produits allant du stage de survie au kit d’évacuation, en passant par le sac à dos, le couteau multifonction ou les systèmes de purification d’eau. L’organisateur s’enthousiasme, « Il y a un marché potentiel énorme. Nous toucherons aussi bien des gens convaincus par la nécessité de prévenir le risque, d’être résilient, que le grand public adepte des émissions de télévision sur la survie comme “Man vs Wild”. » La cellule de recrutement de l’armée de terre s’est rapidement associée au salon ! *

Le pape du survivalisme, l’ultra-droite Piero San Giorgio, pense que si tout pète effectivement, ce qui restera de l’humanité ça sera une bande de dingues et quelques types prévoyants, suivez son exemple ! Il reprend en fait l’idée des communautés résilientes de l’écosocialiste Rob Hopkins sous l’appellation de “base autonome durable”, ce qui implique notamment d’avoir un potager, d’être autonome en eau, en énergie… Pour d’autres, le survivalisme ne fait que reprendre les fondements du scoutisme, le mouvement de Lord Robert Baden-Powel préparant la jeunesse aux temps de guerre. Mais la mentalité n’est pas la même. D’un coté le survivaliste se veut replié sur une cellule restreinte, familiale, de l’autre on valorise l‘apprentissage de valeurs telles que la communauté, l’entraide et la confiance. D’un côté on se méfie de la nature humaine, de l’autre on veut voir s’épanouir l’altruisme. Mais la raison commune de ces trois mouvements est la même, se préparer aux conflits violents sauf qu’aujourd’hui s’ajoute aux guerres interhumaines le fait que nous avons déclaré la guerre à la planète et que celle-ci ne sait pas négocier.

Comme l’écrivait Carolyn Baker à propos de son guide de résilience en temps de crise : « La plupart de mes lecteurs ne sont pas des survivalistes. La majorité ne vit pas sous le paradigme de « ma famille, ma propriété et mes besoins d’abord ». Ceux qui adoptent les principes de la survie en viennent à préparer leurs plans d’évasion vers une existence isolée dans leur abri autonome, loin des zones fortement habitées. Et gare à ceux qui voudraient s’en prendre à leurs forteresses ! L’indépendance est certes plus fonctionnelle que la dépendance, mais elle a ses limites. Personne ne peut stocker assez de nourriture pour tenir jusqu’à la fin de ses jours. Il leur faudra un jour ou l’autre transcender l’indépendance. La personne interdépendante reconnaît qu’elle ne peut survivre sans le soutien et la coopération d’autrui. Pratiquer l’interdépendance dès maintenant se révélera une préparation cruciale à l’effondrement à grande échelle et à un monde où les ressources seront très limitées… »

Pour en savoir plus :

sur notre blog, « Survivre aux survivalistes » (3 septembre  2008)

sur notre site, « Survivre à l’effondrement » de Piero San Giorgio (Le retour aux sources, 2011)

* M le Mag du 24 mars 2018, Les survivalistes sont prêts à tout