Dieu n’aime pas le foot

Dieu n’aime pas le foot, c’est devenu un concurrent trop en vogue, un substitut trop parfait. Le foot est en effet une religion, habillé des mêmes oripeaux, une tenue spéciale sur le stade ou dans les gradins, des chants comme à la messe, le culte des sanctifiés du ballon rond, des trophées en forme de calice, la ferveur d’une communauté en transe, des foules de supporters confites en dévotion. Plus besoin d’aller à la messe quand on aime le foot.

Les politiques aiment le foot. La ministre Rama Yade, qui a paraît-il toujours maintenu sa confiance dans l’équipe de France, demande même aux Français de devenir le 12e homme de l’équipe de France et de s’abstenir de toute polémique. Le ministre François Baroin sera consultant sportif sur Europe 1 pendant la durée du Mondial. L’Etat va consacrer 150 millions d’euros dans la perspective de recevoir l’Euro 2016. On dilapide des fonds publics au bénéfice de kermesses commerciales (LeMonde du 12 juin). Les millions n’ont pas englouti l’émotion, ils l’ont entretenue. Un petit Africain ne veut plus qu’une chose, signer dans un grand club pour s’offrir une voiture de sport et des pages dans la presse people. Le sport est devenu un vaste spectacle agrandi à l’échelle de la planète : divertir pour dominer !

Pourtant les Français n’aiment pas le foot, ils sont 42 % à ne pas s’intéresser au Mondial contre 35 % à s’y intéresser. Mais comme les  croyants, les politiques et les médias transforment une activité d’enfant qui consiste à courir derrière un balle en une liturgie adulée, les raisonneurs n’ont pas droit à la parole. Le foot est un moyen utilisé par la société de croissance pour cultive la démesure, l’hubris, l’absence de limites portée par l’Occident au détriment des équilibres de la biosphère. Comme la plupart des activités humaines, les jeux de ballon ont besoin d’une relocalisation, de redevenir un jeu et pas un sport, de retrouver le sens des limites.

12 réflexions sur “Dieu n’aime pas le foot”

  1. @Abderrezzak
    « Dieu est plus grand que le foot » Si tu parles d’un ballon de foot, je l’espère ! pour tout ceux qui y croient.

  2. Salam tout le Monde (!)
    Dieu est plus grand que le foot !
    Mais là on ne parle pas de la même chose !
    Ce qui est par contre marrant c’est le nombre de « fidèles » dans le monde à cette « nouvelle » religion ! Que ne dépense-t-on pas !! Que de temps passé pour !!! Que de papiers (journaux et magazines) et autres médias (TV , internet)!
    Que de ‘gaspillage’ – et là je ne fais allusion qu’au surplus engagé – car il faut bien faire des dépenses pour des dépenses physiques !!! mais là je parle de corruption, surenchères… et j’en passe !
    Et sur le dos de tous ces « fidèles » beaucoup se sucrent à en devenir diabétiques….. Et ce sont les fidèles qui sont des malades……. du foot……..

  3. Dans mon esprit la comparaison avec la religion n’est pas une critique.

  4. A noter par ailleurs que critiquer la croissance, c’est « in » et « à la mode », mais à peu près autant que critiquer le capitalisme en 1905… le problème étant que dans tout les cas, l’espèce humaine est ainsi faite qu’une société sans croissance ne peut pas plus exister qu’une société sans propriété privée, après libre à vous d’en rêver… mais preuve à été faite que l’utopie vire rapidement au cauchemar quand on veut aller à l’encontre de ce qui fait l’homme (ici la recherche inexorable de l’amélioration de son niveau de vie). Allez donc dire aux chinois : désolé vous devez rester pauvres, parce que la croissance, c’est fini… et les droits de l’homme? et les principes de liberté et d’égalité? A la trappe, comme d’habitude avec ce genre d’utopie ?

    Quand au foot, après tout, vous avez le droit de ne pas aimer, mais est ce pour autant une raison de critiquer avec cet anti-cléricalisme latent que seul cette bonne vieille extrême-gauche marxiste sait cultivé?

    Le foot rassemble les gens, le foot donne des émotions, le foot est un divertissement, comme un autre, un jeu pas plus dangereux que le motus, les échecs, ou le tennis, la seule différence est son nombre de fans. Est ce un crime? Je ne crois pas… après comme toujours quand quelque chose est populaire, certains l’instrumentalisent à diverses fins… mais de là à faire un parallèle avec les religions, voilà qui revient à faire un grand pas bien vite….

  5. Les Jeux Olympiques de l’antiquité grecque n’avaient aucun rapport avec Interville. Ils avaient une foncrton d’unification de cités rivales dans ce qui les unissaient au-delà de leurs rivalités, leur religion commune.

    Ce en quoi le sport, religion moderne, leur ressemble plus qu’Interville. Religion moderne à laquelle s’oppose le post-modernisme écolo, décroissanciste et néomalthusien.

  6. @ Hugo
    Le sport-spectacle est une invention récente. Les jeux Olympiques grecs s’apparentaient plus aux intervilles qu’aux dérives politico-mercantiles actuelles. Aux temps de l’Ancien régime, le sport se limitait à des concours toujours inscrits dans des sociabilités et des fêtes du peuple, des activités où on n’a pas normalement besoin d’athlètes aux musculatures particulièrement développées. C’est l’expansion industrielle au XIXe siècle en Angleterre qui fait apparaître le sport institutionnalisé

    Comment est-il possible que nous accordions culturellement tant d’importance à des épiphénomènes tels que celui de savoir qui est l’homme le plus rapide de la planète sur cent mètres ou quelle est l’équipe de football qui marque le plus de buts dans le Mondial ? Par contre l’homme le plus courageux pour lutter contre l’iniquité ne fait pas recette et la femme la plus acharnée à combattre la pollution ne pourra remplir que moins de la moitié d’un stade !

  7. Intéressant débat. La dérive mercantile dominante du spectacle du sport ne devrait pas oblitérer cependant une fonction culturelle et sociale utile aux sociétés humaines depuis l’Antiquité.

  8. Article peu convaincant. Si les Français n’aimaient pas le foot, pourquoi les chaines de télé, les équipementiers, les sponsors, iraient dilapider les euros par dizaines de millions ? Par mécénat ? Par ailleurs, reprocher à l’Etat de dépenser 150 millions pour soutenir un sport appréciée par « seulement » 35% des français est risible. Tout, dans ce malheureux pays, est subventionné par l’Etat, y compris des activités bien moins populaires. Vous trouvez normal vous, que les ouvriers agricoles du plateau des Millevaches paient des impôts pour que les bobos parisiens puissent aller voir des opéras à la Bastille ?
    Plus affligeant encore, votre article suinte le complotisme par tous ses pores (la « société de croissance » qui « cultive la démesure » vous avez son adresse ?) ainsi que le mépris du peuple et la volonté implacable de faire le bonheur des gens, y compris contre leur gré.

  9. Le pb de votre raisonnement est de démontrer que le foot est devenu une religion au détriment d’une autre, celle qui convient mieux à vos valeurs.
    Du coup l’argument devient fallacieux, même si le raisonnement de base me parait motivé et tout à fait juste.
    C’est souvent le pb des personnes qui militent pour la nature toute puissante comme vous et c’est ce qui de mon point de vue, limite le discours.

  10. La statistique du dernier paragraphe est soit l’oeuvre d’un esprit faible ou malin. On ne peut opposer l’interet au non interet de maniere aussi simpliste, une chose a une abscence de cette chose. Si on accepte cette logique, que les 42% qui ne s’y interessent pas a la coupe du monde creent une federation internationale et organisent une coupe du monde du non foot, absurde n ‘est ce pas?
    Je ne suis pas plus interesse que ca au foot, mais je deteste ceux qui opposent le neant a la chose fut elle aussi inutile que le foot et souhaitent attaquer la liberte de ceux qui s’y interessent. Si le foot vous derange, il ne tient qu’a vous de canaliser votre energie vers autre chose plutot que de souhaiter que ceux qui y trouvent une utilite quelconque ne fassent rien.

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