Les gouvernants font preuve de dogmatisme et d’aveuglement, les hommes démontrent leur vanité, prompt à se servir du moindre prétexte pour décider n’importe quoi, les fabricants falsifient leurs produits, et de toute façon on fait preuve d’inertie tout en courant après des mythes non démontrés. De quoi s’agit-il ? On pourrait croire qu’il s’agit de l’impréparation totale dont nous faisons preuve face à l’épuisement prochain de presque toutes les ressources naturelles. On pourrait croire qu’il s’agit des atermoiements sans fin face au réchauffement climatique en marche. En fait il s’agit du risque d’embrasement nucléaire avec la présentation du livre du jour, Les armes nucléaires, mythes et réalités (LeMonde du 2 mai).
C’est à cause de notre cerveau tout puissant qui fomente les idées les plus baroques que nous arrivons trop souvent à l’impasse la plus totale. C’est ce que nous disait déjà un autre livre, La politique de l’oxymore de Bertrand Méheust : « Je suis convaincu qu’une catastrophe est en gestation, mais je ne partage pas la conviction que les démocraties modernes possèdent les ressorts nécessaires pour la prévenir et l’affronter. Je crains que la métamorphose espérée n’intervienne trop tard pour enrayer la crise écologique, et ne manifeste ses effets que pendant et après la catastrophe, un peu comme le pacifisme n’empêche pas les guerres mais se développe dans leur sillage. En effet toute société cherche à persévérer dans son être. Mais comme nous vivons dans un monde fini, sa saturation globale est inéluctable, ou, pour dire les choses de façon plus brutale, la saturation se traduira pour l’humanité par une véritable descente aux enfers. Chaque instant qui passe nous éloigne davantage du moment où un autre avenir serait encore possible. »
Certes, la guerre nucléaire n’a servi à rayer que deux villes avant la reddition japonaise, mais avec la guerre que nous menons contre notre propre planète, notre adversaire ne déposera pas les armes, il n’a pas de cerveau.
NB : un autre exemple de notre suprême bêtise est l’irruption « imprévisible » du tsunami financier…