Le concept de « Décroissance » semble pour certains membres d’Europe Ecologie Les Verts utilisable politiquement, mais pour d’autre à rejeter. Exemple, Alain Coulombel (membre du Bureau exécutif) avec Claire Lejeune (Les jeunes écologistes) se positionnent dans un projet de Charte et principes de gouvernance pour un « Principe de décroissance choisie et sélective (ou principe de post-croissance choisie et sélective) ». Ils justifient ainsi leur point de vue : « Parce que le PIB, la croissance pour la croissance, ne peuvent plus être notre boussole, nous nous engageons à réévaluer l’ensemble de nos activités à l’aune du bien vivre et des limites de la planète. Contre le productivisme et son pendant consumériste, certaines activités doivent décroître rapidement (automobile, aérien, activité spéculative, industrie du luxe, élevage industrielle, industrie touristique…) et laisser la place à d’autres activités (énergie renouvelable, low tech, mobilité douce, soin…) . De l’autre côté Esther Benbassa, sénatrice EELV : « Si les écologistes d’EELV étaient décroissants, les Français n’auraient pas voté pour eux ! Je tiens à vous dire que les écologistes ne sont pas décroissants. Il y a peut-être eu des branches de la pensée décroissante parmi la pensée écologiste, mais il n’y a pas d’écologie pratique qui soit décroissante ! » ( CNews, 29 juin 2020)
Le débat sur le concept de décroissance est ouvert à EELV depuis longtemps. Le 21 avril 2011, une motion de Thierry Pradier proposait que les futurs programmes électoraux d’EELV intègre l’idée d’une société de décroissance et proposait 12 mesures concrètes pour une décroissance sélective, solidaire et favorable à l’emploi. Depuis il existe une commission post-croissance à EELV (motion du 14 mars 2017) : « La croissance vide de sens, telle qu’elle est comptabilisée aujourd’hui, n’est autre qu’une fuite en avant… Nous savons que la croissance illimitée se réalise forcément au détriment de l’écosystème de la planète, à travers les « incrémentations cumulatives »… Une décroissance du PIB semble inévitable, tellement nous vivons à crédit sur la planète, mais elle ne doit pas être synonyme de chaos. C’est tout l’enjeu de la période transitoire qui doit être anticipée… » Le 16 janvier 2020, le projet écologiste d’EELV (programme Bien Vivre) intitule le premier de ses 6 piliers « Vers une société de post-croissance » : « à la démesure, les écologistes opposent la conscience des limites ; au dogme de la croissance infinie, la décroissance des excès ; à la dictature du PIB, les indicateurs de bien être, d’égalité et d’émancipation... ».
Les tenants de la société thermo-industrielle accusent les écologistes d’être des apôtres de la décroissance, c’est ce que montrait un article récent sur ce blog biosphere. Les représentants médiatisés de l’écologie politique peuvent retourner l’argument, ce sont les Croissancistes qui nous amènent à la crise économique, en d’autres termes à la décroissance. Nous écologistes, nous voulons une activité économique en équilibre durable avec les possibilités de la biosphère, donc une société post-croissance qui nécessite forcément une décroissance sélective. L’écologie politique présente une vision complexe des réalités humaines face aux contraintes biophysiques. La forte probabilité d’une crise durable du système croissanciste est bien documenté depuis le rapport de 1972 sur les limites de la croissance. Nos adversaires idéologiques confondent la décroissance sélective et maîtrisée que nous voulons et la décroissance forcée où nous mène la perpétuation d’un système croissanciste dans un monde fini dont nous avons déjà dépassé les limites. Il faut leur rappeler que le système marchand traverse depuis son origine au XIXe siècles des décroissances économiques récurrentes dont la grande crise de 1929 ou plus récemment la récession de 2008. Une récession cyclique du système actuel qui se transforme en dépression économique, c’est bien l’équivalent d’une décroissance, sauf qu’elle est forcée, induite par l’expansion désordonnée du capitalisme marchand. L’écologie politique veut au contraire éviter la crise économique en mettant en place une décroissance sélective permettant de revenir à un état d’équilibre durable entre l’activité humaine et les possibilités de la planète. Une société post-croissance implique que l’on décide collectivement des arbitrages entre la décroissance de certains secteurs économique carbonés et le soutien à des activités créatrices d’emploi et économes en énergie. Quelques exemple de ce qui devrait décroître : énergies carbonées, centrales nucléaires, circuits alimentaires longs, produits ultra-transformés, alimentation carnée issue des élevages intensifs, pesticides et engrais chimiques, artificialisation des sols, hyper-concentrations urbaines, transports routiers, paquebots de croisière, aéroports surdimensionnés, publicité pour des produits superflus, etc. Bien entendu il y a tout ce qui devrait au contraire croître, énergie renouvelable, sobriété énergétique, circuits courts, alimentation végétale, agriculture biologique, etc. Cette écologie n’est pas punitive, elle est positive et réaliste.
Le résultat final se concrétisera sans doute par une décroissance globale du PIB, mais la sobriété partagée peut devenir une source meilleure de bien-être qu’une addiction à l’accumulation de marchandises. Il nous faut aussi préciser publiquement que le PIB est un indicateur de croissance très imparfait puisqu’une pollution entraîne des dépenses pour réduire cette pollution et donc on mélange à la fois un mal et un bien. Il est même fort possible que si on enlevait toutes les externalités négatives du PIB, on mesurerait déjà une décroissance de la richesse réelle produite. Il nous faut collectivement utiliser des indicateurs alternatifs comme l’IBED (indicateur de bien-être véritable). En clair, atteindre le bonheur national brut est un meilleur projet politique que sacraliser le produit intérieur brut comme le font les Croissancistes. Ceux qui attaquent les écologistes en simplifiant indûment la complexité de la notion de décroissance ne font que soutenir le système « business as usual ». Les Croissancistes nous mènent au désastre et à l’appauvrissement collectif en retardant la rupture écologique nécessaire pour enrayer les émissions de gaz à effet de serre, l’extinction des espèces, le stress hydrique, l’épuisement des ressources non renouvelables, etc.
– « Les débats sont organisés dans l’intention de stériliser toute action ! »
Blablater, se faire mousser, régler des comptes persos, semer le trouble, la discorde, passer le temps, faire semblant, occuper le terrain, etc. Voilà l’idée qu’on se fait des débats, ici politiques. Débats alors qualifiés de stériles, qu’on peut aussi qualifier de contre-productifs ou de nuisibles .
Mais peut-on pour autant, à EELV ou ailleurs, en faire une règle générale et dire que les débats ne sont organisés que dans ce but ?
Exemple à Tours. Des discussions, des débats («débats»?) à n’en plus finir, chacun campe sur ses positions, on s’engueule etc. Du coup les verts décident de partir seuls. Après tout que chacun prenne ses responsabilités ! Et puis les sondages, peut-être pas que les sondages, va savoir. Finalement la liste conduite par Emmanuel Denis arrive en tête. Peut-on dire ici que discuter, se bouffer le nez etc. n’a servi à rien ?
Les débats sont organisés dans l’intention de stériliser toute action ! (action positive dans l’intérêt général et de l’environnement) Puisque par définition, dans un débat, les protagonistes ne seront jamais d’accord ! Dans un débat, il y aura toujours des imbéciles, qui même savent que vous avez raison, chercheront juste à vous contredire pour des histoires d’égo et de pouvoir ! Sans compter tous les pions des lobbies qui s’invitent ou sont invités par l’UmPs en chevaux de Troie, qui chercheront à saboter toutes décisions contraires à leurs intérêts, et tout ça au détriment de l’intérêt collectif et de l’environnement…
Déjà, si le projet écologiste d’EELV (programme Bien Vivre) n’est pas un programme de gauche, alors je suis déboussolé. Déboussolé ou à côté de plaque, comme l’est un peu cette sénatrice EELV lorsqu’elle sort de son domaine de compétences. On est en droit de se demander ce que Esther Benbassa connait en matière de pensée écologique et décroissante. Quant à la pratique, n’en parlons même pas. Autrement dit, je ne vois pas ce qu’elle fait dans un parti écolo.
Si à EELV (comme ailleurs) il existe réellement un débat sur le concept de décroissance, alors tant mieux. Si ce n’est pas le cas, alors tant pis. Dans un véritable débat il n’y a pas de coups fourrés, de coups bas, le but n’est pas de terrasser l’adversaire, de con vaincre l’autre, ou les autres qui regardent. Bref le débat c’est le dialogue, l’échange (échange d’idées), et c’est ça qui permet d’avancer. Le reste n’est que mascarade, spectacle et tout ce que vous voudrez.
« Bref le débat c’est le dialogue, l’échange (échange d’idées), et c’est ça qui permet d’avancer. »
Non non, bref le débat c’est la non-action, le noyage du poisson dans l’eau, et c’est ça qui ne permet pas d’avancer. Très UmPs. Désolé, ça fait plus de 40 ans qu’on débat, on sait très bien ce qu’il faut faire en terme d’action pour préserver l’environnement.
Avec les débats, la Marsiformation de la Terre peut continuer…
Relis encore un coup ce que j’ai écrit, et puis essaye de réfléchir. Je sais, c’est peut-être te demander un peu trop.
Ouh là ! Vous pensez vraiment que les masses de geaks, de wesh wesh, de rombières, de bedonnants à la bière ou à la vinasse etc vont se casser le coccyx à lire un aussi pompeux verbiage pour tenter de comprendre quelque chose ?
Rien de tout ça ! Le spectacle avant tout et le public tant spectateur affectionne un travail pré-mâché afin de tenter de comprendre au mieux quelque chose, c’est pour ça qu’ils affectionnent tant les conférences de Jancovici, ils s’assoient dans un fauteuil et écoute le raisonnement, fauteuils couplés de l’oreille, et de temps en temps les yeux pour lire quelque chose mais pas trop quand même, une ou deux courbes suffisent.
Non, il ne faut pas s’adresser à eux comme ça, la lecture implique trop d’efforts pour beaucoup. Il faut plutôt leurs retirer le caca des yeux et leurs dire cette grande révélation qui suit :
« Chers zozos de la croissance et chers kékés qui croient aux techno-gadgets scientistes, aux mégalomanies d’Elon Musk, des promenades de Thomas Pesquet, des trous noirs d’Aurélien Barrau et autres âneries Starwarsiennes, et ben non, on ne pourra jamais transborder 8 milliards d’habitants sur une nouvelle planète pour redémarrer tranquillement la croissance à zéro ! Et SURTOUT comprenez bien ceci, ce n’est pas la Terraformation de la planète Mars que vous promettent les astrophysiciens qui va se produire, mais plutôt si vous retirez bien le caca des yeux vous vous apercevrez que c’est la Marsification de la Terre qui est en train de se produire ! Ce sont les conditions de vie sur Terre qu’il faut vraiment sauver et l’unique option de valable qui s’offre à nous !
En outre, dernier détail mais très important, montrer à tous ces kékés 1 photo de la planète Mars à côté de notre Terre, afin qu’ils se rendent compte tout de même que Mars est un plan fumeux car elle affreusement beaucoup plus petite que la Terre. En l’occurrence, qu’ils s’aperçoivent qu’on peine déjà à cohabiter à 8 milliards sur Terre, alors ça le sera encore moins sur Mars.
Je ne vois pas ce que Mars vient faire dans ce méli-mélo. Et Jupiter alors ?
– « la lecture implique trop d’efforts pour beaucoup.»
C’est sûr. Et je paris que tu sais de quoi tu parles. Tu oublies que lire est une chose, comprendre ce qu’on lit en est une autre.
mais nous ne sommes jamais responsables de ce que les autres comprennent…
Alors, Michel, que penser d’EELV face au concept de décroissance ?
@ Biosphère. Vous dites : « Le débat sur le concept de décroissance est ouvert à EELV depuis longtemps. »
Le 13 AOÛT 2020 à 08:13 j’ai dit que si au sein d’EELV (comme ailleurs) il y avait un véritable débat sur le concept de décroissance alors tant mieux.
Tant mieux ou très bien, ça veut dire que ça me va. Mais étant donné que je ne fais pas partie du Club (EELV), comment pourrais-je dire grand chose sur la qualité de ces discussions internes ? Tout est en effet dans ce qu’on entend par «débat».
En attendant et pour répondre à votre question, EELV n’est pas clair, c’est le moins qu’on puisse dire. Mais d’un côté on peut trouver ça normal, EELV n’est pas une personne, c’est un club. Et là comme partout, nous trouvons de tout.