A l’heure où les reality show et les affiches publicitaires dévoilent un érotisme constant, à l’heure où la nudité devient une arme de protestation massive, le stylo « érotisé » de Najat Vallaud-Belkacem, c’est beaucoup de bruit pour rien. Ce tweet dont on disserte à l’infini dans les médias, « elle suce son stylo très érotiquement», nous cache l’essentiel : que faisons-nous de nos déchets ? La quantité totale des déchets résultant de l’activité humaine atteint aujourd’hui des ordres de grandeur comparables aux éléments recyclés par l’écosystème. Sauf que la liaison naturelle entre producteurs, consommateurs, prédateurs et décomposeurs n’est pas assurée pour les déchets urbains ou même ruraux. Presque plus rien ne revient à la terre. Nos efforts en la matière paraissent vains. Nous attendons toujours le tweet « elle suce si bien sa poubelle que bientôt il n’en restera plus rien ».
Capannori est la première ville d’Europe à s’être fixée un objectif de production de « zéro déchet » (Rifiuti Zero) d’ici à 2020*. Les habitants n’ont plus besoin d’apporter eux-mêmes leurs sacs d’ordures jusqu’à des points de ramassage : désormais, des bennes viennent les chercher devant leur domicile. Les 46 000 habitants trient leurs déchets à la source selon cinq flux : papiers et cartons ; plastiques et métaux ; verre ; déchets organiques et ordures résiduelles. Les déchets sont envoyés vers des installations de recyclage ou de compostage. Les ordures résiduelles prennent la direction d’une décharge. Encore faudrait-il que ce ballet motorisé trouve une énergie durable pour continuer à rouler. On ne peut décemment recycler en brûlant les ressources fossiles, ce qui perturbe le climat. La municipalité de Capannori fournit aussi gratuitement aux jeunes parents pendant une année des couches lavables. Mais peu de familles ont abandonné les couches jetables. Encore faudrait-il que les individus trient sérieusement leurs déchets et adoptent les produits durables.
Une véritable stratégie « zéro déchet » privilégie la réduction à la source : écoconception, réemploi et recyclage. Cela réduirait le contenu des sacs d’ordures résiduelles. Encore faudrait-il que les entreprises veuillent faire des produits durables. L’Italie consomme un milliard de capsules de café chaque année. Pourquoi des capsules alors qu’autrefois les gens pouvaient moudre eux-mêmes leur gains de café avec des moulins actionnés à la main. Pourquoi d’ailleurs boire du café, produit d’importation qui appauvrit les pays producteurs. Pourquoi ne pas voir que la réduction des déchets découle d’abord d’un changement de mode de vie vers plus de simplicité et de sobriété !
* LE MONDE du 20 juin 2013, Capannori, la cité italienne qui montre la voie des villes « zéro déchet » en Europe