éloge de la dictature ?

Il y a des dictatures de droite, telles que celles dont l’économiste zambienne Dambisa Moyo fait le panégyrique dans son livre présenté par LeMonde du 29 septembre (sous le titre Eloge de la dictature) : « La démocratie peut être un obstacle au développement. Dans un monde idéal, ce dont les pays pauvres ont besoin, c’est d’un dictateur bienveillant décidé à imposer les réformes nécessaires pour donner une impulsion à l’économie, une politique favorisant l’économie de marché ». L’exemple à suivre, c’est donc le Chili de Pinochet.

Il y a des dictatures de gauche qui pourraient être bienveillantes. Comme l’exprime Thomas L.Friedman : « Si seulement l’Amérique pouvait être la Chine. Rien qu’une journée ! Les dirigeants chinois possèdent la faculté de couper court à tous les intérêts particuliers, à tous les obstacles bureaucratiques, à toutes les craintes de répercussions électorales, pour simplement décréter des changements radicaux dans les prix, les règlements, les normes, l’éducation et l’infrastructure. C’est un atout de poids quand il s’agit de réaliser un changement aussi considérable qu’une révolution verte, où vous êtes confrontés à des intérêts acquis, enracinés, grassement financés et fortement retranchés, où vous devez motiver des opinions publiques pour qu’elles acceptent des sacrifices. »             

Et puis il y a des démocraties dont les dirigeants font eux-mêmes l’apprentissage de la frugalité. Alors qu’une sécheresse sévère plonge des dizaines de millions de paysans dans le désespoir, Sonia Gandhi, présidente du Parti du Congrès, invite ministres et députés à l’austérité en signe de solidarité avec les campagnes assoiffées (LeMonde du 29 septembre). C’est le seul modèle que je veuille défendre, la contagion de la simplicité volontaire. Un écolofascisme est d’ailleurs impossible car la dictature ne peut que privilégier les intérêts de quelques-uns au détriment de l’environnement ; le totalitarisme est incapable de décider un partage équitable de la rareté. Mais la frugalité de quelques-uns ne peut fondamentalement transformer notre système de gaspillage…