Au début on nie les chocs écologiques, ensuite on déconsidère ceux qui le prouvent, et à la fin on fait semblant de tenir compte des réalités biophysiques : « L’idéologie environnementale estime que la catastrophe est imminente et qu’il faut agir dans une urgence extrême pour transformer en profondeur le système économique. C’est profondément faux. Un militant « vert » ne peut pas être ministre de l’écologie. Nicolas Hulot déplore ses « petits pas » pour annoncer sa démission, les rêves butent sur la réalité.En matière de système énergétique et de comportements humains, les changements possibles ne sont pas de nature révolutionnaire. Les transformations souhaitées occuperont plusieurs générations. Le temps du progrès scientifique et technologique, celui des transitions énergétiques, est un temps long. Il n’y a en réalité qu’une seule politique, c’est celle réaliste, pragmatique et optimiste des « petits pas ». »* Cette politique des petits pas prônée par M. Fontecave part d’un parti-pris de principe, la subordination des lois de la nature à celles de l’économie. Il est vrai que quand on est à la fois membre de l’Académie des sciences et du Conseil scientifique d’EDF, on est un chaud partisan de la société thermo-industrielle et on ne peut bouger que lentement. Mais on n’a pas le temps, la température du globe bascule, les ressources fossiles seront épuisées dans très peu d’années, la consommation et la population continuent de croître à allure exponentielle…
« Il y aura dans moins de vingt-cinq ans une telle accumulation de gaz à effet de serre que la température moyenne de la Terre sera supérieure de plus de 2 °C à ce qu’elle était avant la révolution industrielle, l’humanité n’aura pas cessé de gaspiller le capital naturel, elle se trouvera complètement désarmée face à un chaos généralisé. Que restera-t-il de la démocratie et même de tout sentiment moral lorsqu’il aura fallu choisir entre accepter que l’Europe soit submergée par des dizaines de millions de migrants fuyant des situations encore plus désespérées, ou accepter d’utiliser, pour les repousser, tous les moyens disponibles ? Face aux perspectives d’effondrement auxquelles nous sommes confrontés, les demi-mesures ne constituent pas une réponse rationnelle. Ce que font ceux qui aujourd’hui ont du pouvoir, politique ou économique, ne contribue guère à nous écarter de la trajectoire qui mène au désastre, quand cela ne nous y pousse pas. A chacun son optimisme ou son pessimisme. Au moins l’hypocrisie n’a-t-elle plus aucune excuse. » Cette analyse étayé est émis par le président du Conseil scientifique de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri). Claude Henry est beaucoup plus « réaliste » que Marc Fontecave. Il émet trois propositions :
– réorienter la pression fiscale sur les activités et produits qui contribuent significativement à la dégradation du capital naturel, de manière à changer les modes de production et les comportements de consommation.
– organiser la faillite des entreprises qui contribuent le plus à la dégradation du capital naturel et qui font le plus obstacle à la transition écologique et économique. Il s’agit en particulier des entreprises productrices d’énergies fossiles ainsi que d’une grande partie du secteur de la chimie.
– substituer un modèle d’agriculture fondé sur la biologie au modèle fondé sur la chimie. Elle est fondée sur la richesse vivante des écosystèmes, l
* LE MONDE du 4 septembre 2018, N’attendons pas de révolution écologique, avançons à petits pas
** LE MONDE du 6 septembre 2018, Claude Henry : « Trois mesures pour sortir du désastre écologique »
dame nature va sous peu et à sa façon signifier au bipède invasif et arrogant en english : « when the button is pushed , there »s no running away » .
Je ne vois toujours pas comment nous pourrions en sortir. Il y a vraiment de quoi désespérer… mais gardons-nous surtout du désespoir.
La politique qui semble faire con-sensus, du moins celle qui semble con-venir à la grande majorité des cons-ommateurs que nous sommes, c’est justement cette politique là, celle de M. Fontecave, Macron et Compagnie. C’est cette politique qui depuis des décennies maintenant nous chante « le réalisme », « le pragmatisme », « l’optimisme » « la positive attitude » … et maintenant « les petits pas ».
Cette politique, disons philosophie, repose sur deux ou trois principes, disons devises, bien connues : « Plus ça rate et plus on a de chances que ça marche. » Et puis « S’il n’y pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de problème. » Et de toute manière « Quand on ne sait pas où on va il faut y aller et le plus vite possible ».
D’un autre côté nous avons d’autres Shadoks qui raisonnent, disons plutôt résonnent, autrement. Autrement dit d’autres Shadoks qui émettent un bruit quelque peu différent. Ceux-là disent : « Pour guérir quelque chose qui ne marche pas ou qui fait trop de bruit, il faut et il suffit de taper dessus avec quelque chose qui marche mieux ou qui fait plus de bruit. »