C’est le commencement de la fin. Enfin ! La fin de la F1. Le Monde du 6 décembre nous informe que Honda se retire de la formule1 : « Cette décision a été prise à la lumière de la dégradation rapide du secteur-clé de l’automobile, due au resserrement du crédit et à la récession des économies mondiales ». Mais cette annonce vient trop tard car ce n’est pas la crise qui aurait du faire disparaître la compétition automobile, mais la simple raison raisonnante. Nous avons été manipulés et les Cassandre n’ont pas été écoutés.
Jusqu’en 1968, les championnats de F1 n’avaient pas de spectateurs fervents. C’est avec l’intrusion des marques de cigarettes que la médiatisation des grands prix a connu un essor décisif : elles versaient entre deux et trois millions de francs dans les années 1970. Par exemple en 1972, Marlboro recouvre entièrement de son sigle la voiture de Jean-Pierre Beltoise. Depuis le septennat de M.Pompidou, le culte de l’automobile est donc devenu en France la religion d’Etat, la seule d’ailleurs à laquelle croient la plupart des dirigeants. Aujourd’hui encore Sarko est le premier défenseur de l’automobile et son Premier ministre le plus grand adepte des 24 heures du Mans. Cependant, Philippe Saint-Marc (in mensuel Le Sauvage n° 6) nous indiquait dès 1973 que « cette adoration obligatoire dissimule mal la réalité : l’automobile est devenue le cancer de notre civilisation. Elle la ronge par sa prolifération effarante, anarchique et dominatrice. Elle casse les villes et dilapide la nature. Elle gaspille une énergie sans cesse plus rare et plus coûteuse. Elle brise le cadre de vie collectif pour enfermer l’individu dans une petite carapace d’acier qui l’isole et exalte son agressivité en la cuirassant. Nous allons vers l’« auto-destruction » rapide de notre civilisation si nous ne changeons par fondamentalement notre attitude à l’égard de l’automobile, si nous ne cessons pas de la vénérer comme une idole et ne la soumettons pas aux impératifs de la défense de l’environnement. »
Le sport automobile et sa médiatisation induisent la crétinisation systématique des homos sapiens par la publicité, la libération des pulsions destructrices au volant, le culte de la vitesse. Ce conditionnement n’est pas une aberration, le sponsoring et la compétition constituent l’essence d’un système pervers qui empêche qu’un autre monde soit possible. Dans une Biosphère apaisée, on interdirait les courses automobiles, on n’attendrait pas la crise.