Nous n’avons pas attendu la récente volte-face de l’Union européenne sur les « biocarburants »*. Cela fait longtemps sur ce blog que nous savons que ce ne sont pas des « bio »-carburants, mais plutôt des agrocarburants issus l’activités industrielles, donc plutôt des nécro-carburants dont plusieurs articles du MONDE avaient pourtant vantés les mérites. Voici un florilège de nos articles depuis 2007 :
« Bio-carburants », pas assez pour la voiture ! (26 janvier 2012)
extrait : Nous ne pouvons faire face à la crise de l’énergie que si notre consommation arrive tendanciellement à correspondre aux énergies renouvelables. Il faut donc nous préparer à nous passer de pétrole, de gaz, d’uranium, de charbon…
Les agrocarburants sont méchants (19 octobre 2011)
extrait : Les biocarburants ont perdu de leur superbe ; ils sont devenus agrocarburants, puis nécrocarburants, et maintenant des organismes tel que le CSA (Comité de la sécurité alimentaire mondiale) les dénigrent comme c’est pas possible…
Biocarburants ou nécrocarburants ? (21 juillet 2011)
extrait : Les agrocarburants (expression préférable à « bio »carburants) sont nocifs pour l’environnement… La voiture individuelle est condamnée par la pénurie prévisible des carburants issus des énergies fossiles. Manger ou conduire, il faut savoir choisir…
LE MONDE croyait au miracle jatropha (8 mars 2011)
extrait : LE MONDE nous faisait croire au miracle. En février 2007, sa page « Futurs » nous plongeait dans les délices illusoires de l’espoir pour motorisés, le jatropha. En résumé : « C’est un arbuste à fleurs rouges qui prolifère dans les zones semi-arides.
Bio-fuel et bourrage de crâne par journaliste interposé (30 janvier 2011)
extrait : On nous trompe. Les médias font des effets d’annonce qui laissent encore croire à des lendemains qui chantent. Ainsi LeMonde * nous promet du biocarburant à base d’algues et à « un faible prix de revient du baril ». Le corps de l’article est beaucoup moins optimiste…
Abengoa –Bioenergy, manipulation publicitaire (11 juin 2008)
extrait : Dans LeMonde du 29.05.2008, une pleine page de publicité sur les biocarburants. La société Abengoa Bioenergy, premier producteur européen de bioéthanol, nous présente « l’information manipulée : Le bioéthanol est le principal responsable de la hausse des produits alimentaires »…
Manger ou rouler, il va falloir choisir (5 octobre 2007)
extrait : Pour remplir le réservoir d’un 4×4 avec 94,5 litres d’éthanol pur, il faut environ 204 kilos de maïs, soit suffisamment de calories pour nourrir une personne pendant un an (étude parue dans la revue Foreign Affairs de mai 2007)….
* Le Monde.fr | 19.10.2012, Où en est-on des biocarburants de 2e et 3e générations. En résumé : « L’Union européenne prend ses distances avec les agrocarburants. Un projet de directive plafonne à 5 % la part des carburants d’origine végétale dits de première génération, produits à partir du blé, maïs, betteraves, palme ou encore colza… »
résumé de l’article du MONDE*
L’Union européenne prend ses distances avec les agrocarburants. Un projet de directive plafonne à 5 % la part des carburants d’origine végétale dits de première génération, produits à partir du blé, maïs, betteraves, palme ou encore colza. Cette industrie est accusée de contribuer à la hausse mondiale des prix alimentaires, de participer à l’insécurité alimentaire et d’aggraver la déforestation tropicale. Leur bilan carbone serait sous-estimé ; en question, l’absence de prise en compte des changements d’affectation des sols, qui entraînent la perte d’écosystèmes captant le CO2. Ainsi, le biodiesel de soja, qui offre potentiellement une réduction de 77 % d’émission de gaz à effet de serre, provoque quatre à cinq fois plus d’émissions que le gasoil en comptabilisant chaque hectare de forêt tropicale transformé en un hectare de culture de biocarburants.
Les carburants de deuxième génération sont ceux produits à partir de déchets ou de résidus végétaux. Ils n’entrent pas en concurrence directement avec l’alimentation humaine. Mais les rémanents servent en effet à nourrir le bétail, fertiliser les sols ou encore abriter la biodiversité. Ils sont aussi utilisés pour produire de l’électricité et de la chaleur via le bois-énergie, une cogénération dont le rendement s’avère supérieur à celui des biocarburants. Les limites se posent aussi en termes de faisabilité technique : on n’a toujours pas réussi à produire un niveau d’éthanol suffisant pour rentabiliser les procédés industriels d’extraction du sucre des déchets.
Un agrocarburant de seconde génération est néanmoins actuellement disponible : le biogaz, un gaz produit par la fermentation de matières organiques animales ou végétales..
Face aux contraintes des déchets agricoles et forestiers, les chercheurs travaillent sur des biocarburants de 3e génération. Les levures dégradent des substrats (sucres) en lipides, ensuite transformés par des opérations chimiques en biodiesel. Le problème de cette technologie, c’est que les substrats nécessitent de faire pousser des plantes ou d’utiliser des déchets, ce qui concurrence les cultures alimentaires. L’espoir, ce sont en réalité les algues. Le phytoplancton marin, qui se développe par photosynthèse, accumule en effet des huiles ou des sucres, d’où peuvent être tirés du biodiesel ou de bioéthanol. Un point pèche toutefois : ces micro-organismes réquièrent un apport constant d’énergie pour les maintenir en suspension. En juillet 2009, il fallait ainsi 66 mégajoules pour produire 86 mégajoules d’énergie issue de microalgues. Surtout, comme pour les biocarburants de deuxième génération, le développement des microalgues est aujourd’hui freiné par leur coût : produire un litre d’essence coûte pour l’instant 10 euros.
* Le Monde.fr | 19.10.2012, Où en est-on des biocarburants de 2e et 3e générations ?