Le président sortant Sarkozy est un libéral doctrinaire : entre lui et le peuple, il n’existe rien d’autre. Sarkozy rejoint ainsi Margaret Thatcher qui affirmait en 1987 que « la société n’existe pas. Il y a seulement des hommes, des femmes et des familles ». Exit les « corps intermédiaires » aux mains des syndicats et associations qui, selon Sarkozy, « confisquent la parole des Français ». Place au dialogue direct du bien-aimé leader avec le peuple par le biais du référendum. Populisme ou démocratie ?
Comme la démocratie directe par référendum ne peut trancher toutes les décisions à prendre dans une société complexe, on est bien obligé de passer par des intermédiaires. Les associations sont de deux sortes, défendant un individualisme corporatiste ou des valeurs universelles. Les « représentants d’intérêts accrédités » appartiennent le plus souvent au premier groupe. Par exemple les syndicats endossent le plus souvent l’habit du corporatisme : défense de ceux qui ont un emploi contre défense des chômeurs, défense des travailleurs de telle catégorie contre défense de l’ensemble des métiers… Il y a les lobbies qui défendent plus particulièrement les intérêts de tel groupe d’entreprises ou telle procédure de production, faussant ainsi la démocratie par le pouvoir de l’argent et la manipulation.
Heureusement, il y a aussi les corps intermédiaires qui se font l’expression de l’intérêt général. On peut alors parler d’« institutions de l’interaction » dont la majeure partie des membres sont bénévoles, sans avantages acquis à défendre. Par exemple les associations de protection de la nature sont un extraordinaire réservoir d’expertise et le lieu d’un contre-pouvoir. L’Etat ne peut tout faire, et il fait souvent mal ; les associations « loi 1901 » sont là pour réagir. Elles traduisent ainsi les aspirations et les capacités d’auto-organisation de la société. Clotilde Druelle-Korn, Maître de conférences en histoire contemporaine économique et sociale, défend les corps intermédiaires « précieux rouages de la démocratie »*. Mais elle ne considère que l’existant, les corps intermédiaires à but économique et social. Elle oublie comme la plupart des analystes l’urgence écologique.
Notons enfin qu’entre l’individu et l’Etat, il y a les collectivités locales, une autre sorte de corps intermédiaires. Plus particulièrement il y a en gestation des communautés de résilience, dite aussi de transition, qui ont la vocation de nous préparer aux chocs des hydrocarbures. La profusion des termes (Communautés intentionnelles ou Ecovillages ou Agenda 21 local ou Towns transition ou Plan climat ou Cités jardins ou communautés de résilience…) montre la richesse de cette alternative à l’ère des combustibles fossiles. Nous vous indiquons la plate-forme d’une communauté de résilience pour réflexion.
*LE MONDE du 20 mars 2012, Diktat des » corps intermédiaires » ?