Ecolo-totalitarisme ou fascisme tout court, tel sera notre avenir en situation de pénurie énergétique. Hausse de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE), alignement de la fiscalité du diesel sur celle de l’essence et hausse du baril ajoutent actuellement leurs effets. La fiscalité verte concentre les critiques. Lors de l’examen du projet de loi de finances (PLF) 2019, certains députés s’enflamment : « Le problème, c’est celui de l’acceptabilité de la fiscalité écologique quand elle vient se heurter au mur des réalités sociales. »…« amputation hors norme du pouvoir d’achat »…« Il nous faut renforcer les mesures redistributives »…« Prendre dans le portefeuille des Français sous prétexte de répondre au défi climatique, ce n’est pas la bonne solution. »* Mais alors c’est quoi la bonne solution ? Attendre que ce soit le climat lui-même qui viennent prendre dans le portefeuille des Français ? Parce qu’au final c’est ce qui se passera. La solution, c’est donc d’avoir le courage politique de préserver le sort des générations futures. Mais comment s’y prendre en système de démocratie de masse où il est plus facile de se plaindre et contester que de faire preuve de courage ?
Pour le professeur de philosophie Thomas Schauder, il nous faut des contraintes : « Si nous ne diminuons pas nos émissions de gaz à effet de serre de 45 % d’ici à 2030, nous courons vers la catastrophe… Comment peut-on avoir confiance dans la capacité de nos dirigeants à changer de cap ? Mais surtout, peut-on nous faire confiance à nous-mêmes, nous autres citoyens consommateurs ? Sommes-nous prêts à remettre en question nos manières de vivre et de consommer ? Ainsi le problème de la contrainte mérite d’être posé. L‘absence de limite vient se heurter à la limite des ressources. L’État doit intervenir davantage dans nos vies, obliger les gens à covoiturer, interdire l’achat d’un nouveau téléphone tant que celui qu’on possède fonctionne correctement, instaurer une politique de l’enfant unique. Des restrictions comparables de nos libertés individuelles sont parfaitement acceptées dès lors qu’il s’agit de lutter contre le terrorisme. Nous avons accepté qu’on nous filme, nous fouille, nous censure.… Soit la loi doit contraindre la production et la consommation, soit la Terre se chargera de le faire. »
Que l’écologisme en soit à envisager un pouvoir fort pour imposer ses mesures n’est pas nouveau. En 1979 dans « Le principe responsabilité », Hans Jonas s’exprimait ainsi : « La tyrannie communiste paraît mieux capable de réaliser nos buts inconfortables que le complexe capitaliste-démocratique-libéral. » En fait la dictature du prolétariat a montré son inanité écologique et l’extrême droite fait de même aujourd’hui ; de plus en plus de pays se tournent vers la « démocratie illibérale », nationalisme exacerbé et volonté de museler la presse, tout en méprisant ouvertement la question écologique. Alors la solution viendra de nos élites dirigeantes traditionnelles qui déclareront l’état de guerre écologique quand la planète deviendra exsangue. Prenons l’exemple de Gilles Boyer, actuel conseiller politique d’Édouard Philippe. Cet ancien directeur de campagne d’Alain Juppé a écrit un essai incisif, Un monde pour Stella. Sa conclusion :
« Le président des États-Unis, le Secrétaire général du parti communiste chinois, le Président russe… ont annoncé ce jour la création d’une Organisation mondiale qui aura vocation à réguler tout phénomène économique, social ou environnemental qui, de par ses causes ou ses conséquences, dépasse le cadre des frontières étatiques et ne peut qu’être abordé au niveau mondial dans l’intérêt général de l’Humanité. Ses principaux objectifs seront la maîtrise démographique et la réduction des inégalités, la construction d’une économie mondiale saine, l’entretien de systèmes soutenables en termes de ressources naturelles, de terres, d’énergie, de biodiversité, et enfin la régulation du climat. Face à l’urgence , des mesures s’imposent à tous dès le 1er septembre de cette année, notamment la limitation stricte des naissances à une par femme dans le monde entier, une taxation mondiale sur les gaz à effet de serre, tant pour les entreprises que pour les particuliers, une interdiction de la production et de la consommation de viande rouge, une interdiction de l’abattage des arbres sauf dans les zones strictement délimitées, un couvre-feu mondial à 22h30 pour économiser l’énergie dans les zones non équipées en énergies renouvelables .» Gilles Boyer poursuivait : « Ces mesures peuvent sembler autoritaires et brutales. Elles nous sont imposées par notre laisser-aller collectif depuis des décennies. Toutes ont en commun la recherche de l’intérêt général du genre humain. Leur application sera assurée par une force de police, reconnaissables par leurs casques verts, et qui auront tout pouvoir pour signaler et réprimer les manquements constatés. La Déclaration universelle des droits de l’Homme sera refondée pour y inclure des devoirs… »
* LE MONDE du 18 octobre 2018, Budget 2019 : la majorité se heurte au casse-tête de la fiscalité verte
** LE MONDE du 18 octobre 2018, « Après le rapport sur le climat, la question de la contrainte mérite d’être posée »
Voilà des mesures sages. On commence quand ?