Jean-Pierre Dupuy prônait un catastrophisme éclairé, « quand l’impossible est certain ». L’arrivée conjointe d’un tremblement de terre et d’un tsunami sur les centrales nucléaires japonaises a rendu son pronostic palpable : pour l’autorité française de sûreté nucléaire, l’accident de Fukushima a atteint un niveau de gravité au-delà de Three Mile Island (niveau 5) sans atteindre Tchernobyl (niveau 7). Le journaliste du Monde Hervé Morin nous explique qu’à Tchernobyl, le réacteur de conception soviétique ne disposait pas d’une enceinte de confinement avec une double peau de béton et d’acier, comme les réacteurs japonais. Mais il y a comme à Three Mile Island une fusion partielle du cœur qui entraîne un certain relâchement de radioactivité dans l’environnement.
Au-delà des explications techniques, ce qui doit être remis en question est le projet prométhéen qui caractérise la société industrielle, cette volonté de domination de la nature qui rend les hommes esclaves de leurs centrales nucléaires et autres gadgets. Dire que le ministre français de l’énergie, Eric Besson, traitait récemment les partisans de la sortie du nucléaire de « religieux ». Mais c’est bien Eric Besson qui se fait le servant du nucléaire. Jean-Pierre Dupuy écrivait en 2002 de façon prémonitoire : « L’évolution technique a une forte propension à s’enfermer dans des sentiers indésirables, d’où il est de plus en plus difficile de la déloger. Les signaux d’alarme ne s’allument que lorsqu’il est trop tard. Le malheur est notre destin, mais un destin qui n’est tel que parce que les hommes n’y reconnaissent pas les conséquences de leurs actes. C’est surtout un destin que nous pouvons choisir d’éloigner de nous. »
Entre Three Mile Island et Tchernobyl, entre Charybde et Scylla, il faudra encore bien d’autres catastrophes « naturelles » pour que les humains « choisissent » de sortir du nucléaire ET de la société thermo-industrielle…
AFP 16.03.2011 à 20h46
Le gouvernement redoute le « pire des scénarios » dans la catastrophe nucléaire en cours au Japon, avec un impact « supérieur » à Tchernobyl… mais Nicolas Sarkozy a réaffirmé la « pertinence » du choix nucléaire français et écarté tout référendum sur son avenir.
Comme quoi la messe est dite, les Français n’ont plus qu’à la fermer… et à voter écolo aux présidentielles !
AFP 15.03.2011 à 12h23
L’accident nucléaire de Fukushima au Japon a atteint un niveau de gravité 6 sur l’échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques, qui en compte 7, a affirmé mardi le président de l’Autorité française de sûreté nucléaire (ASN), André-Claude Lacoste.
L’information ne s’arrête plus aux frontières de la France… Encore faut-il maintenant que les politiques se mettent vraiment à réfléchir. Mais quand on voit l’insouciance avec laquelle les sommets internationaux ont traité du réchauffement climatique, on est plus à quelques millisieverts près !
Il nous faut une croissance spirituelle et sociale alors 🙂
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Bon article, ça fait toujours beaucoup de bien à lire, merci.
Tout à fait d’accord : « …économies d’énergie, société sobre, diminution du niveau de vie (des + riches et des + gaspilleurs), partage solidaire, pénuries (au pluriel) à venir…
L’histoire de la prime à la casse des voitures est un bel exemple du « court termiste » des vues de nos politiques qui ne pensent qu’à leur ré-élection et à la protection des avantages acquis d’une caste de privilégiés dopés à une soit disant énergie à bon marché !
La fabrication d’une voiture consomme les 2/3 de toute l’énergie qu’elle utilisera pour rouler pendant sa durée de vie.
Oui, faire une bonne maintenance de son véhicule et de son matériel en général est un acte écolo.
Pourquoi cette société française « gavée » d’une -soit disant- énergie bon marché crée t-elle autant de chômage parmi les jeunes et autant d’inégalité sociale ?
Non les « doux rêveurs » de la décroissance n’ont pas tort !
Il nous faut une autre croissance non menée par la force et la puissance mais par l’intelligence et la subtilité …
AFP 15.03.2011 à 09h52, déconfinement
Selon la ministre française de l’Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet, « on s’achemine vers une catastrophe nucléaire au Japon, car il y a un risque de déconfinement sur le réacteur numéro deux (de la centrale de Fukushima) ; c’est le pire scénario. C’est confirmé par des mesures de radio-activité très importantes », a t-elle ajouté. « On entre dans la catastrophe. Il y a un risque de déconfinement du réacteur « , a-t-elle répété. Une « réunion de crise sur le nucléaire aura lieu dès que possible » en France.
Le problème, c’est que les politiques ne peuvent pas encore prendre de distance par rapport à une société thermo-industrielle fondée sur la mise à disposition des peuples d’énormément d’énergie (fossile, nucléaire…). A la limite pour ces gens-là, peu importe le nombre de morts et le niveau d’irradiation. Il leur est encore inconcevable de parler d’économies d’énergie, de société sobre, de diminution du niveau de vie, de partage solidaire de la pénurie à venir.