EPR de Flamanville, un coût exorbitant

En 2006, avant le début du chantier, les coûts de construction étaient évalués entre 3,2 et 3,3 milliards d’euros. La Cour des comptes estime le coût total à 23,7 milliards d’euros et prévoit « une rentabilité médiocre » alors que l’État actionnaire envisage la construction de six à quatorze nouveaux réacteurs nucléaires !

Adrien Pécout : Le réacteur numéro 3 de la centrale normande de Flamanville a été couplé au réseau électrique français le 21 décembre 2024, avec douze ans de retard. Deux exemplaires l’ont précédé en Chine et un en Finlande, également avec retards et surcoûts. Si le mégawattheure d’électricité se vend à moins de 90 euros, selon les hypothèses retenues, il sera compliqué selon la Cour des comptes d’envisager une rentabilité atteignant même 2 %. Du moins, sur la base des éléments dont elle dispose. Car, malgré une recommandation formulée dès le rapport de 2020, « EDF a refusé de manière délibérée et persistante de communiquer (…) des informations sur la rentabilité et le coût de production prévisionnels ».

L’Etat est redevenu l’actionnaire unique d’EDF en 2023. Du brouillard entoure encore la relance. Depuis l’annonce du chef de l’État le 22 février 2022 d’au moins six nouveaux réacteurs nucléaires, « la structure du financement du programme EPR 2 n’est toujours pas arrêtée ». Et la Cour d’ajouter par ailleurs : « Même si la filière nucléaire française a commencé à s’organiser (…), elle est loin d’être prête et doit encore surmonter de nombreux défis dont certains sont préoccupants. »

Notre plus ancien article sur la question EPR

18.10.2005 Renaissance du nucléaire ?

Depuis la catastrophe de Tchernobyl en avril 1986, on n’avait plus construit de réacteur nucléaire. Aujourd’hui on a oublié l’expérience du passé (l’expérience, une lanterne que les humains ont dans le dos et qui n’éclaire que leur passé), et on croit (la foi, autre caractéristique du cerveau humain), qu’il est absolument indispensable de lutter contre l’effet de serre en construisant de nouvelles centrales. Le premier pays à se lancer dans l’aventure est la Finlande qui a officiellement mis en chantier un EPR (European pressurized reactor) le 12 septembre dernier (mise en service en 2009). Dans trois ans ce sera au tour de la France de commencer à construire un EPR à Flamanville. Pourtant le parlement finlandais avait repoussé en 1993 toute idée d’un cinquième réacteur nucléaire, il ne l’a accepté en 2002 que par 107 voix « pour » et 92 « contre », soit une majorité de 54 % seulement. Pourtant en France, selon le comité des sages issu du débat national sur l’énergie, l’urgence d’une nouvelle construction de réacteur n’était pas clairement démontrée.

La Biosphère sait qu’il faut des centaines d’années de réajustements itératifs pour trouver un équilibre précaire dans un écosystème, les humains croient qu’ils peuvent tout faire dans l’immédiat alors qu’ils ont très peu de réserves d’uranium et que le problème des déchets nucléaires n’est pas encore résolu !

en savoir encore plus grâce à notre blog biosphere

22 décembre 2024, Flamanville, un réacteur enfin branché

extraits : Au terme de dix-sept ans de chantier, et avec douze ans de retard, le réacteur nucléaire EPR de Flamanville, dans la Manche, le plus puissant de France, a été raccordé, samedi 21 décembre 2024, au réseau électrique national. Le dernier démarrage d’un réacteur en France remonte à celui de Civaux 2, il y a vingt-cinq ans. Pour Emmanuel Macron, il s’agit là d’un exemple qui montre que « réindustrialiser pour produire une énergie bas carbone, c’est l’écologie à la française qui renforce notre compétitivité et protège le climat »….

30 octobre 2024, L’électricité ne remplace pas les énergies fossiles

extraits : Le directeur de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), Fatih Birol, s’est lancé dans un étrange exorde : « Dans l’histoire de l’énergie, nous avons connu l’âge du charbon et l’âge du pétrole, et nous entrons maintenant à grande vitesse dans l’âge de l’électricité, qui définira le système énergétique mondial à l’avenir. » Il y a décalage entre le rapport de l’AIE et les déclarations de son directeur. Le « World Energy Outlook » de 2024 montre que, malgré la croissance des renouvelables, la production électrique à partir de fossiles a encore crû en 2023. le rapport révise à la hausse ses prévisions pour le charbon en raison de la forte demande d’électricité. Les investissements récents dans les terminaux gaziers laissent entrevoir une hausse de 50 % du gaz naturel liquéfié – une énergie particulièrement polluante – avant 2030….

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