Une personne pourrait adopter un mode de vie écolo sans se soucier de politique. Un électeur pourrait se satisfaire de voter le plus écolo possible au moment des scrutins. Un militant pourrait agir avec une association environnementale… ou même s’inscrire dans un parti. Mais il est possible de faire un peu de tout cela comme le montre cet exemple donné par le principal artisan de ce blog « biosphere ».
Mon militantisme écolo du quotidien
Il ne faut pas dire aux autres de faire et ne pas faire ce qu’on dit. La grave détérioration actuelle de la planète ne laisse pas le choix, il nous faut changer de mode de vie et sorti d’une civilisation des énergies fossiles. Cela demandera bien des efforts de nous tous, des efforts pour échapper à la pression du confort. A chacun de faire preuve d’exemplarité à sa manière. Personnellement je pratique le plus possible ce qu’on appelle la simplicité volontaire, la sobriété énergétique et hydrique, la limitation de mes besoins. J’ai choisi de me domicilier près de mon lieu de travail pour y aller à pied, j’utilise la marche ou le vélo plutôt que la voiture, je cuisine des matières brutes et refuse la nourriture industrielle, j’adopte le lundi végétarien, n’achète que des œufs marqués « 0 », m’occupe de mon verger et ne fait plus du tourisme de loisirs. Le foot, les jeux et autres amusements à la télévision ne m’intéressent pas du tout. Je n’ai pas de portable, personne n’en avait réellement besoin du temps du téléphone fixe. La carte bancaire m’a été récemment imposé par un système qui cultive la fuite en avant technologique. Le chemin du renoncement est un parcours difficile car il n’a comme limites que les limites de ma force intérieure. Mais mieux vaut un renoncement volontaire que le rationnement brutal imposé par temps de crise.
Il ne faut pas attendre d’en haut ce qu’on peut faire par soi-même. Arne Naess écrivait dans Ecologie, communauté et style de vie : « En définitive, toutes nos actions et toutes nos pensées, même les plus privées, ont une importance politique. Si j’utilise une feuille de thé, un peu de sucre et de l’eau bouillante, puis que j’en bois le produit, je soutiens le prix du thé et du sucre et, plus indirectement, j’interfère dans les conditions de travail au sein des plantations de sucre et de thé dans les pays en voie de développement. Pour chauffer l’eau, j’ai probablement utilisé du bois ou de l’électricité ou un autre type d’énergie, et ce faisant, je prends part à la grande controverse concernant l’utilisation de l’énergie. J’utilise de l’eau et prends aussi part à une myriade de problèmes politiquement brûlants qui concernent les réserves d’eau. J’ai donc une influence politique quotidienne. Je peux par exemple penser que les pays en voie de développement ne doivent pas exporter le thé, mais plutôt produire plus de nourriture… »
Les politiques décident en fonction de ce que pensent les gens, les entreprises produisent ce qu’elles veulent voir consommer et les gens pensent ce que pensent et achètent leurs voisins. Nous fonctionnons par mimétisme, il faut casser les habitudes du consumérisme et de la société du spectacle. Le changement de civilisation se fera quand de plus en plus d’individus auront un mode de vie écologiquement compatible. Cela commence par soi. Mais l’action individuelle ne suffit pas quand on acquiert vraiment la sensibilité écolo. Encore faut-il savoir agir collectivement, dans une association environnementale par exemple.
Michel Sourrouille