– Ressources : L’argent ne paye que les hommes qui travaillent, mais pas la nature qui met à notre disposition des carrières de calcaire, des sols cultivables, des mines de fer, des gisements de pétrole, de la neige en hiver et le code génétique du hêtre.
– Croissance : c’est ce que vendaient autrefois les bonimenteurs de foire avec leur élixir de Jouvence : le produit miracle qui cure tous les maux, soigne toutes les affections. Quelque chose va de travers dans le monde ? Il suffit de faire (re)venir la croissance !
– Politique : le père Noël se porte encore très bien, et un candidat promettant autre chose que la croissance, ou son retour si elle est mis aux abonnés absents, a peu de chances d’aller poser ses valises à l’Elysée.
– Électeur : comme cela fait deux siècles – huit générations ! – que la croissance est – ou plutôt était – notre pain quotidien, pourquoi diantre devrions-nous penser qu’il va désormais falloir s’en passer ?
– Croissance à crédit : Le PIB européen a augmenté d’un peu moins de 1 % entre 2007 et 2014, mais la production industrielle a baissé de 7 % et la dette publique est passée de 60 à 87 % du PIB (92 % dans la zone euro). L’économie a été mise sous perfusion de dette publique.
– Dette : un tel contexte signifierait que la production future ne pourra jamais permettre de rembourser la dette, la capacité de remboursement étant alors uniquement fonction de notre capacité à emprunter encore plus à l’avenir pour rembourser les emprunts passés. Sauf à inventer la dette perpétuelle, cette affaire vase terminer par du défaut ou, en version plus soft, par une inflation durablement supérieure aux taux nominaux. L’absence de croissance va transformer une partie de l’épargne en… du vent.
– Crise : dans ce contexte de descente énergétique, quel crédit accorder à tous ceux qui disent que « la crise est derrière nous » ? Si nous appelons « crise » le fait de s’accommoder d’un PIB décroissant, il est hélas plus que probable qu’elle soit pour l’essentiel devant nous ! Les flux physiques se trouveront contraints à la baisse à cause de l’énergie qui est désormais de plus en plus dure à extraire du sous-sol, et le PIB suivra tôt ou tard.
– Adaptation : la fin de la croissance perpétuelle avait été théorisé dès le début des années 1970 (The limits to growth), et si nous avions été un peu lucides, nous aurions eu quarante années pour nous préparer. Au lieu de cela, nous avons préféré continuer à écouter ceux qui annoncent le retour de la croissance, même quand les faits leur donnent régulièrement tort !
« Dormez tranquilles jusqu’en 2100 » de Jean-Marc Jancovici
(Odile Jacob 2015, réédition en livre de poche, mars 2017)
à lire, notre résumé de l’édition 2015 sur notre site
Je n’ai pas lu le livre de JMJ « Dormez tranquilles ju’squ’en 2100 » mais je suis un fervent des ses conférences et j’ai également quelques autres bouquins coécrits. Le principe est simple avec JM, il vaut mieux informer les gens sur ce principe de réalité qui est que l’énergie primaire fossiles commande tout depuis 1 siècle et demi. Que sans cette énergie carbonée, nous ne serions probablement pas là, assis dans notre canapé à regarder ou écouter les conférences de JM. Mais vaut mieux le savoir que d’être dans le déni et continuer comme si de rien n’était ! Ce sont des vrais leçons d’anticipation que JM nous enseigne pour préparer notre avenir et se mettre en ordre de bataille pour accueillir ce nouvel avenir et le voir du côté positif. Mais à condition de retrousser nos manches car cela va changer.
j’ai lu, c’est très technique, bien documenté et tout ces chiffres et graphiques sont surement connus depuis longtemps dans des milieux qui se gardent bien de les utiliser car la règle qui prime c’est le profit des uns au détriment des autres mais aussi de l’environnement ; la mondialisation dont on nous a si bien chanté les louanges n’a juste fait qu’étendre ce processus à toute la planète depuis de nombreuses décennies.
J’espère encore mais ai beaucoup de mal à croire à une remise en question d’un certain nombre de personnes dirigeantes conseillées par des armées d’économistes et de politiciens qui se trompent et qui ne l’admettent pas par méconnaissance ou bien par vanité; pourtant les idées développées par JMJ semblent simples et doivent en déranger un bon nombre, il est pourtant grand temps de se mobiliser mais ça ne fait pas l’unanimité; ça bouge un peu mais pas assez vite (la politique de l’autruche de ces dernières décennies y est pour quelque-chose, non?).
Jean-Marc Jancovici fait preuve de lucidité, il applique notamment une méthode toujours féconde consistant à considérer d’abord les ordres de grandeur et ensuite à prendre du recul.
Cela s’applique à de nombreuses questions : à l’énergie comme il l’illustre bien, à l’économie en général et bien sûr à la démographie.
C’est ce qui permet de comprendre le caractère tout à fait exceptionnel et non durable de la situation que nous connaissons actuellement, là aussi sur les plans énergétique, économique et démographique.
Beaucoup d’erreurs d’analyses proviennent de la non application de cette méthode : Par exemple l’engouement un peu naïf sur certaines énergies dites renouvelables alors qu’elles sont absolument marginales ou bien la façon de considérer comme normaux nos effectifs alors qu’ils ne correspondent qu’à une fraction toute aussi infime de l’histoire de l’humanité.