Cyril Dion : « L’économie est devenue la discipline la plus invoquée pour justifier les prises décision politiques ou entrepreneuriales. Comme si elle primait sur toutes les autres. Or, curieusement, personne ne s’y connaît vraiment en économie. Demandez à n’importe qui (hormis si c’est son métier) de vous parler de la balance commerciale, du mécanisme de création monétaire, des ressorts de la croissance, vous risquez au mieux de déclencher une migraine, et au pire d’avoir une conversation sur la météo, le cinéma ou le sport. Malheureusement aucun de ces sujets n’influence la trajectoire du monde des humains comme l’économie peut le faire. »
Pierre Rabhi : « Je pense que nous avons confondu nos aptitudes, qui sont énormes, avec l’intelligence. Si des extraterrestres nous étudient, ils ne doivent rien comprendre : Comment se fait-il qu’ils sachent tant de choses et qu’ils soient si abrutis ? Pourquoi ont-ils faits de cette planète merveilleuse un champ de bataille, d’égorgement et de destructions ? La différence entre le comportement animal et le comportement humain, c’est que le lion ne saute sur l’antilope que s’il a faim, il ne le fait pas pour la détruire, ni pour l’engranger et la vendre aux copains. La prédation prend une ampleur telle que non seulement elle détruit la nature, mais elle produit également des inégalités considérables. Étymologiquement, l’économie n’a rien à voir avec ce système dissipateur. Oïkos nomos, c’est l’art de bien administrer une maison. Le gaspillage est antinomique avec l’économie. Si je gaspille, je n’économise pas. Quand on voit qu’une bonne partie de la créativité des pays riches est mobilisée pour créer des déchets, je ne peux pas imaginer qu’on puisse appeler cela de l’économie.
Nous sommes aliénés. L’itinéraire d’un être humain dans la modernité, c’est être de la maternelle à l’université enfermé dans des bahuts, avec l’espoir de travailler plus tard dans une boîte, grande ou petite, de gagner de l’argent pour pouvoir se changer les idées en dansant dans une autre boîte, d’y aller enfermé dans sa caisse, avant d’échouer dans la boîte où on met les vieux, et de finir dans la dernière boîte que je vous laisse deviner. Si cet itinéraire là est libérateur, alors je n’ai rien compris à la liberté. Si nous sommes nombreux à entrer en dissidence, nous pouvons alors orienter la société vers un objectif plus positif. »
Extraits de Demain, un nouveau monde en marche (partout dans le monde des solutions existent)
Domaine du possible 2015, 360 pages pour 22 euros (d’après le film de Cyril Dion et Mélanie Laurent)
Pierre Rabhi résume parfaitement la situation. Nous sommes bien aliénés, malades, accros à la consommation, esclaves du caddie (une caisse de plus). Pour le consommateur, l’économie se résume au pouvoir d’achat.
Rabhi dit : « si nous sommes nombreux à entrer en dissidence, nous pouvons alors orienter la société vers un objectif plus positif. »
Mais tout le problème est là, comment ces esclaves amoureux de leurs chaînes pourraient-ils entrer en dissidence ?
Un moyen peut-être… taper dans leur sacro-saint pouvoir d’achat. Ils prendraient alors l’habitude de se contenter de moins, et avec le temps ils redécouvriraient les plaisirs simples d’antan et finiraient par comprendre que le bonheur ce n’est pas d’avoir de l’avoir plein ses armoires.