« Mise en garde des scientifiques à l’humanité : deuxième avertissement. » C’est une alerte solennelle que publient, lundi 13 novembre dans la revue BioScience, plus de 15 000 scientifiques de 184 pays : l’humanité pousse « les écosystèmes au-delà de leurs capacités à entretenir le tissu de la vie ». C’est la deuxième fois que les « scientifiques du monde » adressent une telle mise en garde à l’humanité. Le premier appel du genre, publié en 1992 à l’issue du Sommet de la Terre à Rio (Brésil), avait été endossé par quelque1 700 chercheurs, dont près d’une centaine de Prix Nobel. Il dressait déjà un état des lieux inquiétant de la situation et s’ouvrait sur cette alerte : « Les êtres humains et le monde naturel sont sur une trajectoire de collision. » Notons que ce premier appel avait été court-circuité par un autre texte collectif de scientifiques et d’intellectuels, rendu public quelques semaines plus tôt sous le nom d’« appel de Heidelberg ». Or cet appel introduisait dans le débat public… le message inverse. Grâce aux archives de l’industrie du tabac, on sait désormais qu’il a été suscité par les communicants de l’industrie de l’amiante, soutenus par d’autres industries polluantes, de même que les fabricants de cigarettes.
Ce deuxième avertissement a circulé entre juillet et octobre dans diverses communautés scientifiques sans susciter de controverse. Leur texte enjoint aux décideurs de tout mettre en œuvre pour « freiner la destruction de l’environnement… » Le premier appel n’avait pas été suivi d’effets !!! Toutes les tendances inquiétantes discernables en 1992 se sont aggravées – à l’exception de l’état de la couche d’ozone stratosphérique. Ces dégradations interviennent alors que la pression des sociétés sur l’environnement croît à mesure que la population humaine grimpe : elle a augmenté de plus d’un tiers depuis la publication du premier appel. Franck Courchamp témoigne : « Dans les années 1980, on nous a tellement reproché de faire du “catastrophisme”, que nous, les scientifiques et surtout les écologues, n’osions plus rien dire. » Aujourd’hui il l’affirme sans ambages : « Nous allons droit dans le mur. » Le message sera-t-il entendu ? « Je suis dubitatif : dans une semaine tout sera oublié, balayé par une actualité quelconque, se désole Guillaume Chapron. C’est dramatique, car le sort de notre civilisation est engagé : il n’est pas possible de vivre bien à 12 milliards sur notre planète ou alors nous aurons des famines, des conflits, des épidémies… Et lorsque, combiné au stress hydrique, le changement climatique commencera à accélérer – ce qui se produira –, les conditions nécessaires à l’agriculture ne seront plus réunies pour nous nourrir. Il faut s’attendre à voir d’énormes vagues de réfugiés climatiques. »* Voici quelques commentaires trouvés sur lemonde.fr :
ppl : C’est bien la première fois que je vois une connexion entre surpopulation et dégradation de l’environnement.
Ted : On est foutu alors ? Il n’y a plus rien à faire ? Un contrôle drastique de la population ? La politique de l’enfant unique universel sur terre. L’Afrique devra contrôler ses naissances comme on déjà dit dernièrement. L’arrêt du modèle de consommation actuel avant que celui ci ne nous arrête. Mais, personne ne voudra sacrifier son petit confort personnel. On est foutu.
CYNIQUE DU BON SENS ET RAISON : Mais puisqu’il faut de la croissance, de la compétition et de la production et de la consommation ! Voyez ce que les journalistes éco-robots pondent et braillent à longueur de journée ! N’est-il pas temps que la presse et les médias – Le Monde compris – arrêtent la grande entreprise de désinformation et d’abêtissement poursuivie depuis la fin des Trente Glorieuses ?
Lucine : Il faudrait expliquer que la population mondiale est complètement droguée à la consommation et sous l’emprise de la jalousie du voisin qui pousse à toujours vouloir « en montrer plus » que les autres. Cela ne rend personne heureux, cela génère un stress effrayant, souvent mortel, et cela nous mène tout droit, très rapidement et de façon irréversible, à une apocalypse totale. La transition, c’est de renoncer au culte de l’apparence, le grand poison de notre monde.
Michel Sourrouille : je croyais être le seul à établir un tel pronostic, l’espèce humaine est mal partie, mais si 15 000 scientifiques le disent, alors 150 000 politiques vont se retrousser les manches pour agir vraiment, et 7 milliards de personnes vont pratique la sobriété partagée après avoir éradiquer les possesseurs de yacht luxueux, d’avions personnels et autres futilités. Je croyais aussi être presque le seul à avertir du risque démographique, cf mon livre « Moins nombreux, plus heureux« …
Phil69 : En fait, personne ne peut sérieusement croire que les hommes et les sociétés vont accepter une baisse importante et immédiate de leur niveau de vie pour préserver des ressources sur le long terme. Dès lors, le plus probable est une montée des rivalités pour l’accès à ces ressources. De ce point de vue, la conception darwiniste de l’économie et du rapport entre nations de Donald Trump est hélas sans doute plus juste que l’angélisme de ceux qui en appellent à la vertu et à la conscience écologique.
* LE MONDE du 14 novembre 2017, Quinze mille scientifiques alertent sur l’état de la planète
lettre ouverte à Monsieur Pierre Rabhi
Dans vos propos rapportés dans l’édition du journal LA CROIX en date du 15 novembre, vous qualifiez d’imposture tout argument démographique. Imposture ? Etrange qualificatif envers les idées de ceux qui se préoccupent des équilibres écologiques et s’inquiètent qu’une espèce (de grande taille) ait pu multiplier ses effectifs au-delà de ceux de toutes les autres dans l’histoire de la vie sur la planète et au-delà de toutes les règles de l’écologie qui veulent qu’un prédateur soit en nombre limité. Sont-ils des imposteurs ceux qui constatent qu’en 40 ans le nombre des vertébrés a été divisé par deux tandis que celui des hommes était, lui, multiplié par deux, du fait de la croissance de nos effectifs qui nous conduit à occuper tous les territoires au détriment du reste du vivant. Ce n’est pas le réchauffement climatique qui a tué un animal sur deux, c’est bien nous qui avons pris leurs habitats. C’est bien la pêche qui vide aujourd’hui les mers, pour nourrir 7,6 milliards d’humains ! Vous préconisez l’agro-écologie, juste souhait que nous soutenons d’ailleurs entièrement, mais il ne s’agit pas seulement de nourrir les hommes, il faut aussi vivre en harmonie avec le reste du monde, c’est-à-dire le partager et ce partage concerne l’ensemble du vivant. Vous dénoncez à juste titre l’inégalité des consommations et des pollutions associées, les pauvres étant beaucoup moins responsables que les riches. Certes, mais s’ils consomment moins, c’est justement parce qu’ils sont pauvres. Et la plupart souhaitent une autre vie. Par vos propos vous ne défendez pas les pauvres, vous défendez la pauvreté, même si vous lui donnez le beau nom de frugalité. Il ne s’agit pas de préconiser bien sûr le luxe ostentatoire ou le gaspillage mais bien de pouvoir donner un peu à chacun, et nous ne pourrons le faire à bientôt 10 milliards (peu après 2050). Nous serons alors 45 à 50 fois plus nombreux qu’à l’époque de Jésus-Christ, pourtant pas si lointaine. Comment n’être pas frappé par un tel ordre de grandeur ?
Claude Lévi-Strauss, Henri Bergson, Albert Einstein, Marguerite Yourcenar se sont tous alarmés de l’explosion démographique; étaient-ils des imposteurs ? Le sont-ils aussi les 15 000 scientifiques qui viennent de signer un appel largement médiatisé où la question de la maîtrise démographique est clairement évoquée ? Il est temps de quitter le déni, de prendre du recul, de comprendre que nos effectifs actuels sont une exception non durable dans l’Histoire. D’admettre que l’humanisme est du côté d’une certaine modestie démographique et non pas de celui d’une affirmation selon laquelle nous pourrions, par des comportements, certes vertueux, mais bien improbables par ailleurs, nous abstraire de toute contrainte quantitative, la planète est de surface finie, nous devons l’accepter.
Imposture ? Mais de quel côté est l’imposture ?
Didier Barthès, porte-parole de Démographie Responsable
Quand Pierre Rabhi parle d’imposture en évoquant la question démographique on ne peut qu’être atterré.
De quel côté est l’imposture ? De ceux qui se préoccupent d’une croissance infinie dans un monde fini ou du côté de ceux qui se tissent une image d’humanistes en disant que le nombre des hommes (pourtant 40 fois plus qu’au début de notre ère) et qui jamais ne se préoccupent du partage de la Terre avec le reste du monde vivant.
Quand sous son nombre l’humanité aura tué toute la biosphère Pierre Rabhi portera une part de responsabilité (et pas seulement la part du Colibri qui lui est cher mais une lourde part, lui comme tous ceux qui nient les évidences)
Tiens voici une liste d’imposteurs, de ces gens qui ne comprennent évidemment rien, et qui se sont préoccupés de la croissance démographique : Lévi Strauss, Einstein, Yourcenar, Bergson… de petits cerveaux sans doute bien incapables de comprendre quoi que ce soit.
@michel C :
vous êtes bien entendu libre de penser ce que vous voulez mais mon attaque sur M. Rabhi est au moins argumentée alors qu’ il ne fait qu’ asséner un slogan reposant sur la soi-disant imposture de la menace démographique .
J’ apprécie son action pour la promotion de l’ agriculture bio mais je trouve ses propos absurdes en matière démographique .
Attendons la réaction de D. Barthes qui ne manquera pas de réagir .
@ marcel
C’est d’ailleurs ce que j’exprimais dans mon commentaire de 10H45 , et donc je suis bien d’accord avec ce que vous dites dans votre dernier, celui de 15H39.
Quant à ce que vous racontez dans les précédents, il faut pas non plus me demander l’impossible.
@Michel C :
si un doute peut exister en matière climatique (réchauffement / refroidissement ou cycle naturel) , il ne peut y en avoir en matière de pollution et de saccage de la biodiversité : le massacre de la planète a bien lieu et dame nature va nous administrer une leçon que nous n’ oublierons jamais !
Cela qu’ il y ait encore 20 COP ou moultes appels de scientifiques .
@biosphère :
il est surprenant qu’ un journaleux du monde ose évoquer l’ effroyable croissance démographique compte tenu de l’ omerta dont ce sujet « importantissime « fait l’ objet
de la part des pisse copies et des politichiens !
P. Rabhi a commenté l’ article en tenant la menace démographique pour une imposture : est – ce le vrai P. Rabhi ?
@biosphère :
il est surprenant qu’ un journaleux du monde ose évoquer l’ effroyable croissance démographique compte tenu de l’ omerta dont ce sujet « importantissime « fait l’ objet
de la part des pisse copies et des politichiens !
P. Rabhi a commenté l’ article en tenant la menace démographique pour une imposture : est – ce le vrai P. Rabhi ?
« Il y a bien longtemps que je combats cette idée. Il y a largement de quoi nourrir tout le monde »
Voilà un commentaire plutôt amusant car fortement teinté de bisounoursisme et d’ irresponsabilité .
Avant de se demander où « caser tout le monde « ( combien de milliards ?), il faut d’ abord s’ interroger sur les capacités réelles des terres agricoles à cultiver en mode organique : aucun cadastre de la richesse nutritive et du rendement potentiels et avérés de toutes les terres de la planète n’ a établi à ce jour : dès lors , toute affirmation en la matière façon Ziegler ou Rabhi
est très nettement péremptoire et dépourvue de base scientifique .
Un tel cadastre risque d’ ailleurs de ne jamais être dressé à ce jour .
De pLus , je ne vois pas pourquoi les forêts , les terres encore sauvages , en bref, la biodiversité, devraient être sacrifiées au logement d’ une masse toujours plus grande d’ humains, véritable cancer de la planète .
sur lemonde.fr, GIGI : Le meilleur moyen de lutter contre les multiples dégâts causés par l’homme et son mode de vie ne serait-il pas de limiter son nombre ?
Stéphane Foucart, journaliste au MONDE : Un des points les plus sujets à controverse consiste en effet à alerter sur l’explosion démographique. Les auteurs rappellent que la population mondiale est passée d’environ 3 milliards d’humains en 1960 à 7,2 milliards aujourd’hui. Elle pourrait atteindre plus de 11 milliards d’ici à 2100. Pour les auteurs de l’appel, cette croissance démographique entraîne un grand nombre de conséquences désastreuses pour l’environnement puisqu’elle est corrélée à la combustion de ressources fossiles ou encore à la consommation de viande (la population de ruminants à la surface de la terre a augmenté de 20 % depuis 1992).
sur lemonde.fr, GIGI : Le meilleur moyen de lutter contre les multiples dégâts causés par l’homme et son mode de vie ne serait-il pas de limiter son nombre ?
Stéphane Foucart, journaliste au MONDE : Un des points les plus sujets à controverse consiste en effet à alerter sur l’explosion démographique. Les auteurs rappellent que la population mondiale est passée d’environ 3 milliards d’humains en 1960 à 7,2 milliards aujourd’hui. Elle pourrait atteindre plus de 11 milliards d’ici à 2100. Pour les auteurs de l’appel, cette croissance démographique entraîne un grand nombre de conséquences désastreuses pour l’environnement puisqu’elle est corrélée à la combustion de ressources fossiles ou encore à la consommation de viande (la population de ruminants à la surface de la terre a augmenté de 20 % depuis 1992).
Cette appel coïncide avec la COP23 et ce n’est pas un hasard. Depuis 50 ans on ne compte plus les appels, les alertes, les rapports, sans parler de la littérature et des conférences. Des avertissements ignorés ou moqués au début, puis de plus en nombreux, jusqu’à celui-ci. Plus de 15000 signataires et pas n’importe qui, en effet ça commence à faire. Parions que si cet appel avait été accompagné d’une pétition en ligne, alors nous aurions des dizaines ou centaines de millions de signataires.
Et bien même, qu’est-ce que va changer ? Je ne dis pas pour autant que cet appel est ridicule, qu’il ne sert absolument à rien.
Aujourd’hui ces appels, ces alertes, ne font plus rigoler personne. Tout le monde sait que tout ça est vrai. Bien sûr ces bruits viennent toujours déranger le petit confort de nombreux petits-bourgeois, qui bon an mal an essaient de conserver leur petit équilibre dans le déni de réalité. C’est déjà là un sacré problème, mais qui hélas n’en est qu’un dans la multitude qui constitue Le Problème.
Quoi qu’il en soit, même si elle est indispensable la prise de conscience de la situation dramatique est loin d’être suffisante pour changer le cours des choses. Encore une fois nous tournons en rond.
L’argument démographique est une imposture.
Il y a bien longtemps que je combats cette idée. Il y a largement de quoi nourrir tout
le monde. La question est celle de l’équité, de la répartition des ressources. (cf. ma déclaration dans La Croix du 14 novembre)
L’argument démographique est une imposture.
Il y a bien longtemps que je combats cette idée. Il y a largement de quoi nourrir tout
le monde. La question est celle de l’équité, de la répartition des ressources. (cf. ma déclaration dans La Croix du 14 novembre)