L’information fait-elle l’action ? Un incendie, revendiqué par un comité « pour l’abolition de la 5G et de son monde », a endommagé un émetteur radio, privant 1,5 million de personnes de radio et de télévision. D’après le comité, « Le sabotage de l’antenne a eu lieu dans le cadre de l’opération voix du vent et chants d’oiseaux. Nous ne sommes qu’une poignée, pourchassées, terrifiées, mais nous vaincrons malgré notre faiblesse ».
Cette information du quotidien LE MONDE ne fait pas l’action, mais elle y contribue. Est-ce du terrorisme écologique ? Fallait-il ne pas en parler ? Les réactions sur lemonde.fr portent pour partie sur l’intérêt ou non de l’innovation technique.
Benoit Croquinard : Quelques heures de télé en moins, action salutaire
MD : Les écolos radicalisés ont frappé, ce n’est qu’un début. Rien de surprenant de la part de gens qui refusent tout progrès technique.
Mais le débat de fond porte aussi sur la validité de la destruction de biens jugés néfastes pour l’humanité.
Mort de rire : J’imagine 2 ou 3 anciennes baba-cool qui ne supportent plus la bêtise dont nous sommes abreuvés quotidiennement. Et qu’on veuille nous en imposer encore plus pour pour pouvoir dire encore plus de bêtises, encore plus vite. Alors elles ont eu le courage de s’engager pour le bien de l’humanité. Je les comprends.
Fredh : Vous savez, vos anciens baba cool ont tout à fait le droit de ne pas avoir et regarder la télé, de ne pas avoir de smartphones 4G ou 5G, de ne pas avoir de voiture, de ne pas prendre l’avion, de ne pas se faire vacciner… mais il faut aussi respecter les désirs des autres personnes… Ils ne sont pas si cool que ça, mais plutôt fachos, vos babas.
Ces échanges résument parfaitement les contradictions du monde contemporain et la difficulté de l’action. Dans une société d’homo economicus, l’aliénation n’est plus extérieure, elle a été intégrée, digérée par les sujets. La société de consommation est devenue la raison d’être d’une grande partie des gens aujourd’hui. Lutter contre l’aliénation est donc difficile, il faut risquer la prison, si ce n’est sa vie. Ainsi l’exemple des luddites, débattu aussi sur lemonde.fr :
gbouvier : Révoltes insignifiantes mais pénibles de luddites qui brandissent leurs fourches garnies de fumier. Ce qui rassure, c’est que les fourches n’ont rien pu faire contre les fusils.
Michel SOURROUILLE : Monsieur Bouvier, votre remarque sur les luddites du XIXe siècle est intéressante. Les artisans ont brisé des machines automatiques qui mettaient au chômage beaucoup d’artisans à domicile pour le plus grand profit de l’industrie textile en formation. Deux siècles plus tard, on constate que cette industrialisation à marche forcée a entraîné la croissance économique sans limites et la détérioration brutale des conditions de vie sur Terre. Les luddites avaient donc raison. Mais on a fait à l’époque des lois condamnant à mort pour bris de machines, et des luddites sont passé sous les fourches caudines. Ce qui veut dire que dans notre système techno-industriel, la protection des machines a plus de valeur que la vie humaine. Pensez-vous encore, Monsieur, que l’écrasement des luddites a été une bonne chose ?
Synthèse : Tous les écolos ne sont pas adeptes du sabotage, sinon il y a bien longtemps qu’on ne trouverait plus une seule centrale nucléaire, plus un seul SUV, plus un seul bateau de milliardaire, etc. La question de la destruction de biens pour le bien de la planète a été posée par l’action contre une centrale nucléaire de Françoise d’Eaubonne et contre les SUV par le livre d’Andreas Malm, lire sur notre blog biosphere :
16 septembre 2020, Contre-violence par destruction de biens
La destruction de constructions humaines est juste la preuve de l’obscurantisme. Détruire des bouddhas en Afghanistan, des églises en Turquie, des boucheries par les véganes, etc, et des antennes 5G montrent la peur et le refus du nouveau, archaïsme humain et social très français, par quelques marginaux incapables de voir le génie du genre humain dans ce qu’il a de plus beau, la curiosité et la volonté de construire un monde meilleur.
Soyons confiant dans le progrès.
Cet acte a été donc été revendiqué par un certain «Comité pour l’Abolition de la 5G et Son Monde».
Mais késako que ce CLA5GSM et qui donc se cache là derrière ?
Les commentaires sur lemonde.fr sont savoureux. Certains y voient des «imbéciles complotistes», d’autres de «bons ploucs analphabètes», d’autres encore une «bande de ridicules pieds nickelés», des «révolutionnaires d’opérette» etc. si ce n’est bien sûr l’extrême gauche, les kmers-verts, les néo-luddites et Jean Passe.
Tous ceux là ne sont que des imbéciles, des complotistes, des Anti-gauche, des Anti-écolos, des idolâtres de leur sacro-saint Progrès, de l’Iphone, de Bill Gates et Compagnie etc. etc. Toux ceux là ont tout faux !
Pour savoir qui a foutu le feu à cette antenne il suffit de lire le communiqué :
– «Malgré notre grand âge et notre connaissance de certains secrets, nous ne sommes pas puissantes, nous ne sommes qu’une poignée, pourchassées, terrifiées, mais nous vaincrons malgré notre faiblesse […] Jamais l’Iphone ne réjouira l’humanité».
Il semble donc que ce ne soit qu’une poignée de mamies, fatiguées, terrifiées etc. Mais toutefois con vaincues de l’emporter. Et comment le pourraient-elles ? Bonne question. C’est Jip31 (13/01/2021-09H55) qui nous donne la réponse :
– «Attention Pierre le Petit, elles connaissent certains secrets, ce sont sans doute des sorcières.»
Et de gentilles sorcières bien sûr ! La preuve nous est donnée cette fois par LeClos (13/01/2021-07H19) qui répond à une certaine Abonnée trouvant ça «Complètement on» :
– «Oui mais sans la 5G vous n’auriez pas cette pandémie. Donc, en brulant les antennes, on soigne les gens. Bientôt vous nous remercierez. Signé : un membre de CLA5GSM.»
Alors merci les mémés, merci LeClos, merci le CLA5GSM. Complètement ON !
En attendant, vive le PDR (Le Parti D’en Rire) 🙂
Faut-il OU ne faut-il pas ? En tous cas nous voyons le résultat. La Populace con damne.
Les antennes 5G continueront donc à pousser, après la 5G il y aura la 6G etc.
De toute façon il n’y a pas que ces antennes, on ne va quand même pas foutre le feu aux centrales nucléaires, à la rigueur aux SUV et à ces affreux panneaux publicitaires. Les incendiaires et les casseurs peuvent toujours se faire plaisir, mais en attendant ils risquent la tôle.
Quand aux luddites, ils cassaient les machines pour essayer de sauver leurs emplois. Mais s’opposaient-ils réellement au Progrès ? Tout le monde comprend l’intérêt de défendre son emploi, son job, son travail, son gagne-pain. Par contre, s’opposer ou défendre le Progrès nécessite une certaine réflexion, et c’est pareil en ce qui concerne le Travail. Lorsque le Progrès participe à améliorer l’existence de tous (médicaments, machines à laver etc.) il n’y a pas grand monde pour le combattre. Si le Progrès pouvait libérer l’homme du Travail (tripalium=instrument de torture) alors il ne resterait plus que les masos pour le défendre.
(suite)
– «Une étrange folie possède les classes ouvrières. Cette folie est l’amour du travail, la passion furibonde du travail, poussée jusqu’à l’épuisement des forces vitales de l’individu et de sa progéniture. »
( Le Droit à la paresse (1883) de Paul Lafargue )
Aujourd’hui cette folie semble avoir régressé depuis l’époque de Lafargue. Par contre une nouvelle folie fait encore plus de ravages. C’est l’amour du Caddy. La passion furibonde du Caddy bien rempli, poussée jusqu’à l’épuisement, pas seulement des forces vitales de l’individu et de sa progéniture, mais l’épuisement de tout. Sans parler de la folie du Pognon, qui est encore autre chose.