Davos, Forum économique mondial en Suisse où décideurs économiques et socio-politiques se rencontrent. 3 000 participants à partir du mardi 21 janvier. Il y a des tables rondes du type « Eviter l’apocalypse climatique ». 119 milliardaires, américains, indiens ou russes, défileront au cours de cette édition, pesant ensemble près de 500 milliards de dollars. Des centaines de militants marchent vers la station transformée en forteresse et dénoncent « une farce » pour sauver la planète… C’est un choc des titans, avec des préoccupations diamétralement opposées et des milliards là où ça fait mal.
Greta Thunberg à Davos : « le climat et l’environnement sont un sujet d’actualité aujourd’hui, mais en pratique, rien n’a été fait, les émissions de CO2 n’ont pas diminué »
Donald Trump : « En route pour Davos, pour rencontrer les Leaders du monde et des affaires, et ramener des centaines de milliards de dollars aux Etats-Unis ! Nous sommes le NUMERO UN dans l’univers, de loin »*.
Il n’y a donc rien à retrancher de notre point de vue sur Davos en 2011 : L’oligarchie se réunit régulièrement, le groupe Bilderberg depuis 1952, la commission Trilatérale depuis 1973, le Forum économique mondial depuis 1987. Ces hommes et ces femmes partagent des convictions : la globalisation, la libre circulation du capital, le marché interconnecté pour permettre aux multinationales de progresser. L’oligarchie ne se dissimule plus. Dans la débâcle de 2008, la branche politique de l’oligarchie a mobilisé l’épargne publique pour éviter l’effondrement, la branche financière a continué à piller. Quand le profit est placé au-dessus de l’intérêt général, la morale est pervertie. Comme l’écrit Hervé Kempf, « les puissants ne sont pas les meilleurs, ils visent d’abord la conservation de leur puissance, ils gouvernent en vue de leur propre but qui est, dans le capitalisme finissant, une accumulation sans limites de richesses et de prestige ostentatoire. En Egypte la classe dirigeante, qui pressure le peuple avec un cynisme éhonté, fait éduquer dès le plus jeune âge ses enfants en anglais ou en français, et non en arabe, la langue du pays. L’oligarchie mondiale n’a pas d’autre patrie que celle de l’argent »**. Notons que les forums antérieurs n’avaient rien vu venir de la crise financière de 2008, l’oligarchie ne peut envisager que sa prospérité à court terme. Cette oligarchie n’est pas prête à assumer les responsabilités que le pic pétrolier et autre épuisement des ressources imposent. Mais comment la remplacer quand on sait que le pouvoir ne sera jamais dans la rue ?
* LE MONDE du 22 janvier 2020, En attendant Trump à Davos, Greta Thunberg estime que « rien n’a été fait » pour le climat
** L’oligarchie, ça suffit, vive la démocratie d’Hervé Kempf (Seuil, 2010)
Que vos actes soient le reflet de vos paroles, disqti celle qui a précédaé Greta Thunberg en 1992 :
« Salut, je suis Severine Suzuki et je représente l’Organisation des enfants pour la défense de l’environnement. Nous sommes âgés de douze à treize ans et nous essayons de bouger les choses. Je me bats pour mon futur. Perdre son futur n’est pas pareil que perdre les élections ou quelques points à la Bourse. Je suis ici pour parler au nom de toutes les générations futures. Je suis ici pour parler au nom des enfants affamés dont vous n’entendez pas les cris. Je suis ici pour parler au nom des animaux qui meurent en d’innombrables quantités parce qu’ils n’ont pas d’autre endroit où aller. Désormais nous entendons parler d’animaux et de plantes qui s’éteignent, perdus à jamais. Dans ma vie, j’ai rêvé de voir de grands troupeaux sauvages, des jungles, des forêts tropicales pleines d’oiseaux et de papillons. Maintenant je me demande si ces forêts existeront toujours quand mes enfants seront en âge de les contempler. Tout cela se passe sous vos yeux et pourtant vous continuez à vous comporter comme si vous aviez tout le temps pour réagir. Mais vous ne savez pas comment redonner vie au saumon dans les eaux polluées. Vous ne savez pas comment ramener à la vie les animaux disparus, ni les arbres dans les régions désertifiées. Si vous ne savez pas réparer tout ça, s’il vous plaît, arrêtez la casse.
A l’école, même dans un jardin d’enfants, on apprend comment se comporter dans le monde ; vous nous apprenez à ne pas nous battre entre nous, à travailler dur, à respecter les autres, à ne pas blesser d’autres créatures, à partager sans avarice, alors pourquoi faites-vous toutes ces choses que vous nous dites qu’il ne faut pas faire ?
N’oubliez pas pourquoi vous assistez à ces conférences et pour qui vous les faites. Nous sommes vos enfants ; vous décidez du monde dans lequel nous allons grandir. Sommes-nous dans vos listes de priorité ? Mon père disait : « Tu es ce que tu fais, pas ce que tu dis. » Bien ! Ce que vous faites me fait pleurer la nuit. Vous nous dites que vous nous aimez ? Je vous mets au défi d’agir de telle sorte que vos actes soient le reflet de vos paroles. Merci. »
(intervention résumée de Severine Suzuki devant l’Assemblée des Nations unies lors du sommet de la Terre en 1992 à Rio de Janeiro)
Plus il vieillit, plus Klaus Schwab, l’octogénaire fondateur du Forum économique mondial, compte sur la jeunesse pour résoudre les problèmes de la planète : « Nous devons écouter les jeunes. Accepter des voix différentes. » Il a propulsé sur la scène médiatique neuf jeunes militants venus du monde entier, en plus de Greta Thunberg, la benjamine ayant seulement 13 ans.
« Nous ne sommes pas le futur, nous sommes le présent. Nous sommes fatigués de trop de promesses vides », a ainsi prévenu Salvador Gomez-Colon, un étudiant portoricain.
« Dans mon pays, l’Afrique du Sud, nous vivons le changement climatique tous les jours », rappelle, quant à elle, Ayakha Melithafa.
Alors comme ça, Klaus Schab serait donc le parrain de Greta… Et moi qui croyait que c’était George Soros. En tous cas Klaus Schab ferait certainement bien rire Jacques Ellul.
– «Dans l’après-68, Jacques Ellul se moquait déjà de cette propension de notre société à glorifier la jeunesse, à lui faire peser sur les épaules un espoir de révolution.»
Au lieu de faire les clowns, jeunes et vieux devraient lire le journal La Décroissance (avril 2019), ainsi que «De la révolution aux révoltes » de Jacques Ellul (1972)
Alors que cette 50e édition du Forum de Davos, résolument verdie, a été placée sous le signe de la priorité à la lutte contre le changement climatique, le président américain s’est posé en climatosceptique assumé. Le discours triomphaliste sur les performances américaines ne visait manifestement qu’un seul auditoire, à plus de 6 000 km de là : son électorat, devant lequel il se représente le 3 novembre. Le slogan Workers First, « les travailleurs d’abord », a remplacé l’America First de la campagne de 2016 dans la rhétorique du républicain. Réactions ?
Robert Habeck, coprésident des Verts allemands : « Cela confirme notre problème, il y a des leaders et des économies qui nous précipitent encore plus dans le désastre que nous essayons de combattre. »
Jennifer Morgan, directrice de Greenpeace International : « Le président américain vit sur une autre planète, car il semble penser que le bien-être des Américains est indépendant des limites de notre planète ».
Bien entendu des personnalités comme Donald Trump, obsessionnel compulsif et grisé par le pouvoir, resteront allergiques à la réalité du réchauffement climatique. Mais là c’est aux électeurs et aux consommateurs de faire preuve de lucidité par leur vote. Si les Américains veulent se suicider et le monde avec eux, on ne peut pas grand-chose. Hitler a été vénéré et Staline était considéré comme le petit père du peuple. On dirait que le peuple n’a pas de conscience historique, c’est toute une éducation à refaire…
Dernière heure… Donald Trump à Davos : « Les prophètes de malheur et les prédictions d’apocalypse sont les héritiers des diseurs de bonne aventure de l’ancien temps. Ce n’est pas une époque pour le pessimisme, mais pour l’optimisme. Ils [les écologistes] avaient prédit une crise de surpopulation dans les années 1960, une famine massive dans les années 1970 et la fin du pétrole dans les années 1980. Ils veulent toujours dominer, transformer et contrôler tous les aspects de nos vies. Nous ne laisserons jamais le socialisme radical détruire notre économie, ruiner notre pays ou supprimer notre liberté. Le temps du scepticisme est terminé, les entreprises affluent de nouveau aux Etats-Unis ».
Présent dans la salle, le Prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz s’est dit « abasourdi » par ce discours : « C’est comme si ce que nous voyons de nos yeux n’existait pas. »
D’un côté une jeune fille, Greta Thunberg, qui se contente de relayer les études ultra-robustes et documentées du GIEC, vilipendée comme idéologue parce que ces informations sont rationnellement alarmantes et ne plaisent pas aux idéologues du consumérisme à tout crin, de l’autre, un boomer semi-gâteux qui tweet de façon compulsive des stupidités sans nom en se targuant d’un « réalisme » qui n’est que cynisme abject. Et qui se fiche de l’avenir comme d’une guigne puisqu’il est bien plus près de la sortie que de l’entrée. Le choix est vite fait.
Je me demande de quoi ou de qui veut parler Stiglitz «abasourdi» lorsqu’il dit «c’est comme si ce que nous voyons de nos yeux n’existait pas.»
S’il pense comme moi, ben si il existe, le Donald, hélas. Et puis je me demande ce qu’ils ont besoin d’aller foutre à Davos, les Stiglitz, les Greta etc. Peut-être juste pour respirer le bon air de la Suisse en hiver, ou juste une occasion d’aller faire du ski, eh va savoir. Mais pourtant, on le sait que tout ça c’est du cirque, alors pourquoi continuer d’y participer ? Mais pourquoi parler de Davos ?
Bonjour Michel C.
Les conscients comme Greta ou les ONG environnementalistes sont certes sur un strapontin à Davos. Mais leur présence met les inconscients qui ne pensent que fric et puissance en prise directe avec des opposants. Est-ce nécessaire ?
On constate que l’effet chez une personne d’une parole vraie mais à l’opposé de ses convictions présentes entraîne immédiatement un rejet. Mais avec le temps cette personne évolue cérébralement et peut même un jour rejoindre le camp des conscients en croyant que cela vient de l’intérieur de sa pensée profonde.
Bonjour Ecolomaniak
Comme l’explique Biosphère ici même ce matin (22 janvier 2020 à 10:29), «Bien entendu des personnalités comme Donald Trump, obsessionnel compulsif et grisé par le pouvoir, resteront allergiques à la réalité du réchauffement climatique».
Autant dire que ce genre de personne n’évoluera jamais, et ne rejoindra donc jamais «le camp des conscients», comme vous dites. Et par conséquent qu’il est donc inutile de discuter avec eux.
Ensuite se pose la question de savoir si le fait d’aller discuter avec eux, et seulement d’aller les écouter, les voir… n’est pas encore pire. Autrement dit, si ce n’est pas contre-productif.
Et c’est là que nous en arrivons à ces «contre-sommets». Récemment nous avons eu droit à la COP25 à Madrid, et en même temps à cette «contre-COP» , qui se tenait évidemment et en même temps, à Madrid. Nous avons beaucoup parlé de Greta, évidement, etc. etc. Je pose la question : « Tout ça pourquoi finalement ?» Et là, vous allez me dire, «Mais avec le temps cette personne évolue cérébralement et caetara» (à quoi je vous répondrais ce que vous ai dit précédemment).
Le problème c’est que ceci reste tout aussi vrai pour le quidam qui assiste en tant que spectateur (bien au chaud) à tout ce barnum. Parce qu’il s’agit bien de ça, tout ça reste du cirque. Et bien sûr, ça aussi ne fait qu’en rajouter au Problème. Comme vous voyez, de ce côté là nous n’en sortirons pas. Nous ne ferons que tourner en rond, en attendant. En attendant ce que nous savons, bien évidemment. Et que nous voulions le croire ou pas, n’y change absolument rien.
Depuis le temps nous devrions avoir compris les limites de ces «contre-sommets». D’autant plus que cette réflexion a été menée déjà depuis un bon moment.
Sur Google ou autre, tapez : « Des contre-sommets : traitements médiatiques et «spectacularisation» de la contestation»