« Chaque nouveau puits ouvert rapproche les Etats-Unis de l’indépendance énergétique. Plus le Dakota s’ouvre au pétrole, plus nous réduisons nos importations de pays qui soutiennent le terrorisme et nous haïssent ». Le gaz de schiste fait tourner les têtes. Partout, les silos à céréales rouillent tandis que les derricks et les pompes à balancier prennent possession du Dakota du nord. Dans le Bakken à trois kilomètres sous terre, on pratique la fracturation hydraulique des roches, le fracking. L’eldorado en injectant à haute pression d’énormes quantités d’eau, de sable et de produits toxiques… l’unanimité ou presque pour approuver ce processus.
Chômeurs et investisseurs accourent pour tenter d’attraper leur part du gâteau. A Bismarck, la capitale du Dakota du Nord, le Congrès de l’Etat défend ardemment les prérogatives des pétroliers. Une loi facilitant l’appropriation des terres a été votée ; le projet destiné à porter à 400 mètres la distance minimum entre les nouveaux puits et les habitations a été rejeté. Quant à l’obligation de rendre publique la nature des produits injectés dans le sous-sol en même temps que l’eau, les pétroliers en sont exonérés par l’« exemption Halliburton », une loi fédérale de 2005 qui exclut le « fracking » du champ de la loi sur la sécurité de l’eau potable. Aucune fausse note dans la presse locale : « 6 000 nouveaux puits autorisés dans les trois ans à venir ! proclame le Bismarck Tribune. Cela signifie davantage d’heures de travail pour davantage de salariés. Plus de revenus pour les familles du Dakota du Nord. » Aucun cinéma de la zone pétrolière n’a programmé le récent film anti-fracking Promised Land.*
Pourtant la production de gaz de schiste ne peut se maintenir à des niveaux élevés qu’à condition de creuser sans arrêt de nouveaux puits. En effet, le rendement d’un puits isolé décline très rapidement dans le temps. En fait, un pic du gaz de schiste va se produire aux Etats-Unis, c’est-à-dire que la production va stagner avant de décliner. Date prévue : 2017**. L’ère du gaz de schiste aura duré moins de dix ans. Dans un paysage dévasté, les générations présentes veulent ignorer les tempêtes qui s’annoncent. Il n’y a pas que les Américains qui scient la branche sur laquelle ils sont assis et qui font semblant d’être contents.
* LE MONDE du 14 mai 2013, Ruée vers le gaz de schiste dans le Dakota du nord
** LE MONDE du 12-13 mai 2013, gaz de schiste : la fin (chronique d’Hervé Kempf)
Là aussi fuite en avant, nous consommerons jusqu’à la dernière goutte, même dans les pires conditions. les gaz de schistes ne sont rien d’autre qu' »un instant monsieur le bourreau » nous prolongeons pour rien quand nous ferions mieux de limiter notre fécondité et notre consommation.
en Pologne
Deux compagnies gazières se retirent de l’exploration du gaz de schiste. Sur 43 puits creusés jusqu’à présent, seuls 12 ont produit du gaz. La Pologne, à qui l’on avait promis des réserves immenses de 5 trillions de mètres cubes, ramenées ensuite à 800 milliards, découvre la différence entre le potentiel, le possible et le faisable. (Hervé Kempf)