Dans les années 70 j’ai consacré une partie non négligeable de mes loisirs à participer à des débats publics sur l’énergie nucléaire. Pourquoi évoquer ces souvenirs d’ancien combattant dans l’actualité nucléaire ?
La dimension du problème nucléaire au Japon a amené ces jours-ci de nombreux commentateurs à se pencher sur l’avenir du nucléaire ailleurs qu’au Japon et particulièrement en France, pays densément équipé. A plusieurs reprises, la constatation que les réserves d’uranium fissile sont limitées a été évoquée et certains intervenants de mentionner la venue attendue des réacteurs de 4e génération. Cette seule dénomination sent l’arnaque ou, selon le point de vue, la promotion.
Alors que la troisième génération a de la peine à se mettre en place, quatrième, cela suggère une vision de futur et de progrès, or il s’agit seulement de réacteurs à neutrons rapides, une solution conçue il y a plus d’un demi-siècle, essayée dans plusieurs pays, et qui a été abandonnée à quelques exceptions près. Les pro-nucléaires convaincus vous diront : la France a failli réussir avec Superphénix mais les écolos ont tout gâché. Effectivement, le gouvernement Jospin a arrêté ce réacteur en 1997 sous la pression des Verts, il connaissait de multiples pannes dont une avait duré plus de 3 ans. L’Inde annonce le démarrage de son premier fast-breeder pour septembre 2011. Le seul réacteur de cette filière en fonction aujourd’hui est russe, il ne marche pas au plutonium comme Superphénix mais à l’uranium enrichi, ce qui n’est pas une solution à la pénurie de combustible.
Le retour à l’utilisation de réacteurs à neutrons rapides relève de la croyance que l’humanité s’en tirera toujours grâce à des innovations techniques toujours plus pointues. A cette attitude religieuse on doit opposer la laïcité du bon sens qui veut que les énergies renouvelables et les économies d’énergie sont plus fiables, moins dangereuses, plus durables et, il est toujours utile de le rappeler, plus créatrices d’emplois.
Ghislain Nicaise sur le site du Sauvage