Il est totalement illusoire de croire que la courbe de consommation du pétrole diminuera tranquillement de la même manière qu’elle est montée jusqu’à son apogée. De même la population mondiale pourrait se réduire très brutalement comme elle l’a fait à la chute de l’empire romain. Car aucune croissance ne peut être extrapolée indéfiniment sans se heurter violemment aux limites matérielles de notre monde. Tout s’écroule, tout décroît, ce n’est qu’une question de temps. Mais certains aveugles invétérés sont persuadés du contraire, et ce sont eux qui ont la faveur des médias. (Denis Cheynet)
Yannick Jadot, présidentiable écolo pour 2022 : Le débat croissance-décroissance, je m’en fous complètement… L’intérêt politique de manier ce concept dans une campagne présidentielle me semble complètement nul… La décroissance serait la promesse d’un score autour de 2,5 %.
Geoffroy Roux de Bézieux, président du MEDEF : La sobriété, ce n’est pas la décroissance. On peut certainement faire de la croissance en consommant moins de matières… La sobriété oui, la décroissance non.
Stéphane Le Foll, ex-ministre socialiste : Une croissance sûre nous permet de financer un modèle social absolument nécessaire. Ceux qui disent qu’il faut aller vers la sobriété et la décroissance ne répondent pas à la question du financement. La croissance sûre permettra aussi le financement de la transition énergétique.
Rémy Rioux, directeur de l’Agence française de développement : Sur le plan financier, il faudrait 1000 milliards par an d’investissement ayant un effet positif sur la nature. Il faut réorienter les subventions néfastes. Et il ne faut pas oublier les pays du Sud. Ne parler que de décroissance dans des pays en développement, c’est être européocentré.
Eric Lombard, directeur de la Caisse des dépôts et consignations : Pour lutter contre le dérèglement climatique, il faut des investissements massifs, pas la décroissance
Frédéric Féry, prof ESCP Business : L’écologie doit embrasser l’énergie du capitalisme pour arriver à ses fins. L’histoire est encore à écrire, mais préférons l’ambition à la résignation, l’énergie à la contrition et la science à la décroissance. La tendance catastrophiste de l’écologisme pousse à l’ascétisme et à la décroissance, ne nous trompons pas de combat.
Benoît Leguet, directeur de l’I4CE, institut de l’économie pour le climat : Il va falloir consommer moins mais mieux, en privilégiant le durable, le responsable. Cela ne veut pas dire revenir à l’âge de pierre ou prôner la décroissance.
Guillaume Lacroix, président du Parti des radicaux de gauche : Ceux qui plaident pour la décroissance sont des irresponsables. Décroissance, ça veut dire individualisme et repli sur soi, c’est un sport de riches.
Appel de 100 jeunes LR pour une candidature d’Eric Ciotti : Nous refusons la décroissance promise par un écologisme vert doctrinal, nous lui préférons une écologie pragmatique centrée sur l’individu dont le nucléaire sera la pierre angulaire.
David Lisnard, maire sarkozyste de Cannes : Il faut faire en sorte que le climat ne soit plus source de stress et de peur, mais qu’il devienne l’occasion d’un engagement collectif. Pour cela il convient de démontrer que les solutions existent, s’appuyant sur les sciences, l’éducation, le bon sens, bien plus que sur la décroissance, les contraintes et les anathèmes.
Erwan le Noan, chroniqueur : La décroissance n’est pas qu’une ânerie, c’est un danger. La croissance ne va pas sans heurts, mais elle permet la liberté. La décroissance, à l’inverse, est une voie garantie pour l’appauvrissement et la tyrannie.
Robin Rivaton, scribouillard : le problème de la décroissance, c’est qu’historiquement c’est un chemin qui a mené à la famine, à la misère et à la pauvreté.
(Citations extraites du mensuel « La décroissance », octobre 2021)
Contre des inepties répétées en boucle un peu partout, difficile de pouvoir répondre. On se contente ici de montrer que leur discours peut être complètement inversé, par exemple :
Erwan le Noan, transfiguré : La croissance n’est pas qu’une ânerie, c’est un danger. La décroissance ne va pas sans heurts, mais elle permet la liberté. La croissance, à l’inverse, est une voie garantie pour l’appauvrissement et la tyrannie.
Guillaume Lacroix, incisif : Ceux qui plaident pour la croissance sont des irresponsables. Croissance, ça veut dire individualisme et repli sur soi, c’est un sport de riches. Nous refusons la croissance promise par ce capitalisme dogmatique, nous lui préférons une écologie réaliste centrée sur la sobriété partagée, « moins de biens, plus de liens ».
« La primaire EELV a-t-elle fait notre jeu ? » (La Décroissance de ce mois-ci. P5 et 13)
Dans cet article Vincent Cheynet commente cette primaire et notamment le bruit qu’elle a fait.
– « Cette opération médiatique aura eu un mérite : porter le mot décroissance dans le débat. »
C’est vrai. Maintenant faut voir comment les me(r)dias en ont parlé, de la décroissance. Particulièrement «la Pravda du système-le quotidien de MM. les affairistes Niel, Pigasse et Kretinsky» (Le Monde) et «le sac à pub atlantiste» (Le Point). Quant à ce qu’en disent les patrons, les droitards et les déboussolés de toutes sortes, rien de nouveau sous le soleil.
V.Cheynet reconnaît le mérite et le courage de Delphine Batho, mais il émet des réserves à son sujet… Quant aux autres…
– « seule Delphine Batho défendait la décroissance […]
L’économiste Sandrine Rousseau, comme les autres candidats et toute la classe politique, tient à tout prix à s’en démarquer […] Sandrine Rousseau est une synthèse de toutes les dérives à l’oeuvre dans l’écologie politique et la gauche […]
Eric Piolle. Nous lui avons notamment consacré une rubrique écotartufe dans notre numéro 109 de mai 2004 […]
Enfin Yannick Jadot. Toujours désireux de servir les puissants [etc.] il ne défend pas avant tout des idées mais un score électoral […]
Le libéralisme culturel d’EELV n’a pour fonction que d’ouvrir toujours plus grand la voie au libéralisme économique [etc.] tout ce beau petit monde se retrouvera dans l’idéologie libérale-libertaire pour insulter de «réacs» ceux qui objectent au Meilleur des mondes (vert). »
Vincent Cheynet a tout compris.