Grenelle 2 : l’enfumage est dissipé

Notre société thermo-industrielle n’est pas du tout préparée à l’ère de l’après-pétrole. Il faut une énorme marée noire pour que Barack Obama commence à se pencher sur la question. Pourtant les Lloyds, premier assureur mondial de risque, s’inquiètent : « Même avant que nous atteignions le pic pétrolier (ndlr : le moment où la production entamera un déclin irréversible, c’est-à-dire en ce moment), nous pourrions assister à une pénurie de pétrole à cause de la hausse de la demande d’énergie en Asie. » Mais en France, nous faisons comme si demain allait être pareil qu’avant-hier, on prévoit toujours la construction d’autoroutes et de lignes TGV, même au détriment de la biodiversité. La trame « verte et bleue », censée protéger la biodiversité, diminue comme peau de chagrin : le texte initial prévoyait la « compatibilité » des infrastructures avec les schémas régionaux de cohérence écologique. Le texte final, en fin de navette, stipule qu’elles devront seulement les « prendre en compte », sans aucune obligation (LeMonde du 18 juin). Le Grenelle va de renoncements en renoncements.

Le parti socialiste émet sur le Grenelle 2 un communique de presse (18 juin 2010) qui se veut assassin :  « Les parlementaires UMP ont confirmé et encore aggravé en Commission Mixte Paritaire les renoncements du Grenelle de l’environnement. Qu’il s’agisse des nombreux obstacles de procédure et des seuils infligés à l’éolien, de la non opposabilité des trames verte et bleue aux infrastructures linéaires de l’Etat, de l’usage des produits phytosanitaires dans l’agriculture, l’accord conclu entre les sénateurs et les députés UMP n’a sauvé ni le contenu ni l’honneur de la loi Grenelle 2. Les parlementaires UMP ont emboîté le pas au Président de la République. « Toutes ces histoires d’environnement, ça commence à bien faire » avait-il déclaré au salon de l’agriculture. Le Parlement a fermé le ban !

Le problème, c’est que si le PS était au pouvoir, connaissant les parlementaires socialistes comme on les connaît, la trame verte aurait été enterrée et l’ère de l’après-pétrole resterait un slogan vidé de son sens. Quant aux parlementaires américains, ils sont encore bien plus loin d’un véritable plan climat…

5 réflexions sur “Grenelle 2 : l’enfumage est dissipé”

  1. @biosphère: si vous pouviez éviter d’utiliser des termes comme « illusion techno-scientifique », ce serait appréciable. En effet:
    -ça vous rend ridicule
    -les techniciens et les scientifiques sont les premiers à se rendre compte des limites de l’exploitation des ressources fossiles.
    -ce sont habituellement les personnes de formation littéraire, commerciale, avec un fond (plus ou moins insuffisant) de maths qui sont les plus sensibles à un optimisme irraisonné.
    -les vrais matheux sont capables de comprendre ce qu’est une consommation exponentielle… et un stock fini, eux.
    -les vrais physiciens comprennent très bien, et ça les inquiètent souvent, qu’un réacteur nucléaire présente des dangers, que ses déchets ne sont pas traitables facilement, et qu’ils présentent un risque pour longtemps.

    Mais sachez aussi que tous ces gens n’ont absolument aucun pouvoir aujourd’hui: que ce soit dans les entreprises ou les administrations, il n’y a pas un seul ingénieur ou docteur en physique/maths/bio à une position de direction. Tout simplement parce que l’effort demandé pour se tenir à jour en science est important et que pour parvenir au pouvoir et y rester, il faut utiliser son temps à intriguer plutôt qu’à s’informer.

  2. Je pense personnellement que « Biosphère » comprend beaucoup, au contraire…
    Même si ce blog était peu intéressant, il ne serai en aucun cas justifié de réagir comme ci-dessus…

    Pour avoir rencontré un haut commissaire à l’énergie atomique (pro-ITER et spécialiste du dossier), le programme ITER pourrait, selon lui débouché à une utilisation commerciale d’ici… 100 ou 120 ans selon le retard (qui commence à être pris).

    D’autres projets doivent être trouvés (individuels et collectifs) pour d’autre buts dans la vie. Le pic arrive, les énergies nouvelles, encore basé sur un aveuglement d’une course en avant ne nous aiderons pas à donner du sens à notre société. Il faut changer ou péricliter !! (bon courage à tous !! :-))

  3. Ce que « nous ne comprenons pas très bien, c’est l’illusion techno-scientifique »

    S’il n’y avait que ça que Biosphère ne comprenne pas ! Mais Biosphère ne comprend rien à rien !


    Remarque de la modératrice du blog biosphere :

    Biocube, non seulement vous n’argumentez pas, mais vous lancez des affirmations gratuites qui n’ont pas leur place sur ce blog que nous voulons courtois dans les échanges.

  4. @ Bill
    Ce que nous ne comprenons pas très bien, c’est l’illusion techno-scientifique, l’optimisme démesuré que cela entretient. Car avec l’augmentation des investissements autorisés par l’augmentation du prix du baril, quand il ne restera plus une goutte de pétrole, que restera-t-il pour nos générations futures ? La fusion nucléaire ?

    En fait ITER n’est qu’un projet de laboratoire de recherche dont le surcoût actuel handicape déjà la concrétisation (LeMonde du 17 juin, « Le réacteur expérimental à fusion nucléaire ITER en attente d’un financement »).

    Nous pensons que l’optimisme ambiant nous empêche d’être réaliste et de prendre d’urgence les mesures d’économies d’énergie qui s’imposent. C’est cet optimisme-là qui nous rend pessimiste, il n’y a pas d’évolution « naturelle », il n’y a que le manque de réflexion des humains.

  5. je ne comprends pas tres bien le probleme pour etre honnete. Au fur et a mesure que la demande de l Asie s accroitera, les prix monteront, rendant ainsi possible l exploitation de gisements aujourd hui non rentables.
    Mais independamment de ca, les prix eleves rendront aussi rentables et inciteront a la recherche de nouvelles energies. je ne vois ni le besoin de cesser de construire des TGVs, ou de subventionner des non sens comme l eolien dans les conditions actuelles. les choses vont evoluer naturellement, l eolien ou une autre technologie va apparaitre, devenir rentable, ainsi que le recyclage, etc… pour le moment nous avons le nucleaire qui nous donne une certaine independance energetique, nous avons ITER, les choses avancent, pourquoi ce pessimisme?

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