Guerres de l’eau en perspective

La Journée mondiale de l’eau, ce 22 mars 2023, marque l’ouverture de la Conférence des Nations unies sur l’eau, L’eau est l’enjeu majeur du XXIe siècle. Aujourd’hui encore, une personne sur quatre dans le monde ne dispose pas d’un accès à l’eau potable et une personne sur trois est privée de toilettes, Aux enjeux d’accès à l’eau potable s’ajoutent les nombreuses pressions exercées sur nos ressources en eau : pollution, surexploitation, agriculture intensive, gaspillage, accaparement et dérèglement climatique. Contrairement à d’autres secteurs, sa gestion ne fait l’objet d’aucun traité international.

Collectif de 3 ONG : « Sans un réel sursaut de la communauté internationale, nous allons droit dans le mur : la moitié de la population mondiale subira des pénuries d’eau d’ici à 2050, Nos organisations – Action contre la faim, le Secours islamique France et Coalition Eau – attendent de cette conférence internationale des avancées concrètes pour construire une véritable gouvernance mondiale de l’eau.La gestion de cette ressource vitale est un enjeu de paix qui ne peut être ignoré.la mise en œuvre du droit humain à l’eau potable est aussi un enjeu de solidarité mondiale. »

Le point de vue des écologistes

Passons rapidement sur le fait que le « secours islamique » qui signe cette tribune ferait mieux de se transformer en planning familial et distribuer pilules et préservatifs. Allons à l’essentiel. Il existe deux écoles de pensée : la première affirme que des guerres auront lieu au XXIe siècle non seulement pour le pétrole, mais aussi à cause de l’eau. Un autre courant estime au contraire que la gestion commune de l’eau  peut être un facteur de pacification. L’histoire montre d’ailleurs que l’aménagement des ressources hydrauliques a été le point de départ du développement de nombreuses sociétés humaines, en particulier pour la Chine ancienne. Mais le Forum de La Haye en 2000 sur la sécurité de l’eau au XXIe siècle n’a pas adopté la motion selon laquelle l’eau constitue un droit fondamental des humains pour laisser la porte grande ouverte à une gestion privée des ressources en eau potable. Le marché fixerait un prix au mètre cube ! En fait la difficulté consiste maintenant pour les humains à mettre au moins autant d’ingéniosité à apprendre à vivre de façon équilibrée avec des ressources limitées en eau qu’ils en ont mis à la maîtriser… pour la gaspiller.

Les humains se caractérisent par leur capacité de faire des détours pour mieux atteindre ses fins. Ils sont les seuls animaux capable de reculer pour mieux sauter. Ils passent en effet quelques heures à construire un seau au lieu de boire directement à la source, et ils accroissent ainsi leurs ressources. Ils peuvent aussi allonger ce détour de production en construisant une canalisation et ils obtiennent de l’eau à volonté. Un investissement en temps se transforme en capital technique, ce qui permet de capter de plus en plus d’eau. L’accroissement de la productivité ou production par heure de travail est basée principalement sur cet allongement du détour de production, ce qui permet d’améliorer le niveau de vie de la classe globale. Mais ce détour est devenu une fin en soi, il instaure une société capitalistique (beaucoup de capital technique pour peu de travail) qui économise la main d’œuvre et rend le chômage incompressible. De plus il facilite l’exploitation de la nature par les humains, un cours d’eau dévié par une canalisation, c’est la perturbation de tous les écosystèmes en aval et l’incitation au gaspillage d’une eau qui devient pourtant rare par une utilisation forcenée.

Il nous faut raccourcir détour de production, boire directement à la source serait le mieux, mais à 8 milliards c’est devenu impossible. Et le sage de pointer du doigt la natalité …

Nos article antérieurs sur ce blog biosphere

La guerre de l’eau est déclarée (août 2022)

TV sur l’eau ce soir, à voir absolument (décembre 2019)

Un futur sans eau potable, très probable (juillet 2018)

8 réflexions sur “Guerres de l’eau en perspective”

  1. La question de l’eau apparaît comme l’enjeu majeur pour le parc nucléaire, qui en dépend pour refroidir la partie électrique des centrales. A l’avenir, le débit moyen des fleuves devrait diminuer – de 10 % à 40 % pour une majorité de bassins versants.En conséquence, selon RTE, le risque d’indisponibilité pourrait augmenter « d’un facteur deux à trois » pour les unités en bord de fleuves. EDF, qui devrait publier d’ici à début 2024 ses propres études sur le sujet, évoque un facteur allant de deux à quatre. La Cour des comptes pointe que ces pertes peuvent « s’avérer critiques en accroissant les risques de tension sur le réseau ».
    Outre les prélèvements, la question de l’eau porte aussi sur les rejets liquides ou thermiques : plus le débit du cours d’eau est faible, moins ces rejets peuvent être dilués.

    1. L’eau, c’est une affaire sérieuse. Elle est nécessaire partout, tout le temps, pour tout le monde et, lorsqu’elle vient à manquer, il n’existe aucun miracle technologique capable de remplacer une bonne vieille pluie. L’eau est au cœur de deux crises, l’une climatique, l’autre chimique. Avec, comme principal opérateur synergique entre les deux, notre modèle d’agriculture productiviste, qui aggrave le réchauffement tout en puisant de manière excessive dans les ressources hydriques. Selon les chiffres du ministère de la transition écologique, l’agriculture tricolore engloutit près de la moitié de l’eau consommée chaque année en France – et près de 80 % au cours des trois mois d’été. La plus grande part de cette eau est utilisée par une petite fraction d’exploitants, pour produire des céréales qui seront exportées sur les marchés internationaux, principalement pour nourrir des animaux élevés dans des bâtiments.

  2. marcel duterte

    Il serait intéressant de mettre en proportion les quantités d’ eau potable réellement disponibles dans les pays les plus peuplés de la planète et leur chiffre de population (Chine – Inde – Indonésie- Brésil – Nigeria – Etats Unis) et je suis prêt à parier que les ressources de ce précieux liquide sont largement insuffisantes .
    Les pays « Oxydantaux » ne sont pas des références en matière de sobriété consommatoire, , mais que dire alors des eaux potables disponibles dans le 1/3 monde où la plupart du temps le climat est chaud , soit humide soit désertique (1/3 de l’ Afrique est désertique, vastes déserts en Chine , en Inde et Asie centrale, zones quasi désertiques aux USA)
    Nous devons bien sûr pratiquer la sobriété en Europe (perso je la pratique quotidiennement) pour nous en sortir mais je doute très fort que le 1/3 monde et les USA à la population croissante y parviennent et subiront probablement un nettoyage démographique .

  3. Didier BARTHES

    Ce n’est évidemment pas qu’il manque d’eau, c’est qu’il y a trop d’hommes pour l’eau disponible.,
    Si nous étions 8 fois moins nombreux comme en 1800 par exemple, le problème serait beaucoup beaucoup plus facile à résoudre.

    1. Mon cher Didier… même s’il est probable qu’ON essaiera encore de me faire passer encore pour un moins que rien, je me permets de vous dire que ce n’est pas très sérieux. Et ce n’est certainement pas comme ça que vous pourriez arriver à me con vaincre. Ne serait-ce que d’adhérer à votre club. Et finalement c’est dommage.
      Sauf bien sûr si par «argument» ON n’entend seulement que ce qui va dans le sens malthusien… sur l’article d’hier (GIEC etc.) je pense avoir suffisamment argumenté quant au dérèglement climatique et la 6ème extinction. Et là je continue.
      1) Comme pour les émissions de GES (CO2) et tant d’autres choses, je vous invite à regarder et comparer les consommations d’eau des uns et des autres sur cette planète. Comme par hasard vous verrez que les porcs sont toujours les mêmes.
      2) Si… nous revenions en 1800, comme vous semblez le souhaiter, alors le Français moyen consommerait 10 à 20 litres d’eau par jour.
      ( à suivre )

      1. 3) L’agriculture utilise environ 70 % de la consommation mondiale d’eau douce.
        Là encore on peut regarder quels sont ceux qui arrosent le plus. Et pour produire quoi et comment etc. Il y a quelques jours Biosphère a publié le communiqué de presse de FNE au sujet du combat contre les mégabassines (3 commentaires, les miens). Ce type d’agriculture, gourmand en eau, en engrais, pesticides etc. nous est dicté par le Système.
        4) Et bien sûr le Système nous dicte (impose) également tout le reste. Ce système qui ne comprend que les mots Consommation, Production, Rendement, Productivité, Compétition etc. etc. Et derrière ça la pollution, les émissions, les guerres (de l’eau, des prix, guerres de tout et de n’importe quoi), etc. etc. bref la misère. Et pourquoi ? Non pas parce que nous sommes (ils sont) trop nombreux, mais pour qu’une minorité puisse engranger toujours plus de Pognon.
        5) Et c’est seulement ça qui nous tue.

      2. Didier BARTHES

        Oh accordez-moi Michel C qu’il y a bien longtemps que je n’ai plus prétention à vous faire adhérer à mon club de Démographie Responsable.. Je ne vous ai jamais traité de moins que rien, j’ai juste marqué mes désaccords et ai présenté mes arguments.
        La seule chose sur laquelle j’ai insisté (mais sans succès je l’avoue) c’est tenter de vous faire lever votre anonymat pour que nous puissions parler dans les mêmes conditions et qu’éventuellement si un jour nous allons dans votre belle région des Pyrénées (j’adore votre région) nous puissions nous rencontrer.

      3. Je n’ai pas dit que vous, Didier Barthès, m’aviez un jour traité ou qualifié de moins que rien. Ou de troll par exemple. La seule chose sur laquelle j’ai insisté (mais sans succès je l’avoue) c’est pour tenter de vous faire dire la raison d’une telle énergie à me «combattre». Comparée à votre complaisance (complicité ?) envers certains, ici, qui balancent et qui font des choses pas très jolies jolies. Quant à mon anonymat, pourquoi me bassiner avec ça ? Tout le monde ou presque utilise un pseudo, ça change quoi à la valeur des commentaires ? Personnellement je n’ai pas besoin de connaître les identités de certains ici pour deviner ce qu’il valent. En plus je vous l’ai déjà dit, si un jour le hasard me met sur votre route je me ferais un plaisir d’aller vers vous. Et avec un large sourire je me présenterais : « Bonjour mon cher Didier, je suis Misère Misère».
        Et si vraiment vous y tenez… je vous montrerais ma carte d’identité. 🙂

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