Hauts et bas du planning familial… en Iran

La population iranienne comptait 13 millions en 1933 et 55 millions en 1988. La révolution islamique de 1979 avait mis fin aux essais précédents de planning familial en prônant le mariage précoce et la famille nombreuse. L’âge légal du mariage est abaissé à 9 ans pour les filles et à 12 ans pour les garçons ! L’Ayatollah Khomeiny voulait renflouer les rangs des « soldats de l’Islam » pendant la guerre avec l’Irak (1980-1988) ; il fallait une« armée de 20 millions de personnes ». La population a donc augmenté de plus de 3 % en moyenne annuelle et les estimations montraient que la population de l’Iran atteindrait 108 millions en 2006. En réalité, on ne compta cette année-là qu’environ 70 millions d’habitants.

En effet le gouvernement iranien changea radicalement son orientation démographique en décembre 1989. Face à l’explosion démographique, les écoles étaient obligées d’instaurer des roulements, une partie des élèves venaient à l’école le matin et l’autre l’après-midi. Le planning familial fut institué ; l’Iran était devenu le seul pays du monde où l’on exigeait que les hommes et les femmes suivent un enseignement sur la contraception avant de pouvoir obtenir un certificat de mariage. Le taux de croissance de la population est donc passé de 3,2 % en 1986 à 1,2 % en 2001, rejoignant la moyenne mondiale.

Les concepteurs du mensuel La Décroissance n’auraient rien à dire sur la politique de Khomeiny ; ils se trouvent sur une position nataliste, jugeant que s’il y a trop d’automobiles, le nombre de personnes n’a aucun intérêt. Le livre malthusien « Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie) », n’avait reçu que ce méchant commentaire : « Misanthropie ». C’est pourquoi, dans leur numéro de juillet-août 2014, cette observation sur l’Iran apparaît extraordinaire : « Le gouvernemnt iranien est-il devenu le dernier avatar d’un occident judéo-chrétien dont la croisssance démographique viendrait d’un verset de la Bible (croissez et multipliez) ? C’est ce que véhicule une campagne visant rien moins que de doubler la population du pays pour atteindre 150 millions d’habitants d’ici 2050. Les aides et centres de planning familial ainsi que les subventions aux moyens de contraception sont supprimés ! Cette campagne cherche à faire oublier un des slogans précédents du régime, – moins d’enfants, meilleure vie – »

recoupement des données : Le guide suprême de la révolution iranienne, l’ayatollah Ali Khamenei, a signé un décret incitant les Iraniennes à avoir des enfants afin de « renforcer l’identité nationale » et de combattre « les aspects néfastes du style de vie occidental ». « Compte tenu de l’importance de la population pour la souveraineté et le progrès économique d’un pays (…), il faut prendre rapidement des mesures fortes et efficaces pour contrer la forte chute du taux de natalité constatée ces dernières années« , précise le décret diffusé sur le site internet du guide suprême. La relance de la natalité était prônée depuis plusieurs années par les milieux conservateurs, notamment par l’ancien président Mahmoud Ahmadinejad qui rêvait d’un Iran de 120 millions d’habitants, contre 76 millions aujourd’hui.

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