Les valeurs aujourd’hui se modifient à toute allure, mais pas toujours, pas encore. Pierre Palmade n’a plus peur de renouveler son coming out, Dominique Méda se lamente du fait que l’idée de décroissance économique patine. Mais un jour chacun vivra sa sexualité à sa guise tout en ayant dès sa naissance délimitation stricte de son quota de CO2.
Pierre Palmade* : A la fin des années 1960, je me suis affiché une fois avec un garçon à Bordeaux et j’ai été la risée de tout le lycée. Dans ces années-là, on ne parlait pas d’homophobie, puisqu’on ne parlait même pas de l’homosexualité. Donc il n’y avait pas de mots sur ce que je ressentais. Je suis d’une génération qui est passée de la honte à la loi pour le mariage pour tous… C’est le virage le plus historique de la société sur l’homosexualité. C’est incroyable ce changement de regard. Il y a encore quinze ans, si une personne traitait de pédé quelqu’un dans la rue, on regardait le pédé. Maintenant, on regarde l’homophobe. Le délit a changé de camp.
Dominique Méda** : l’économiste Michel Husson a ainsi montré que même si l’intensité en CO2 (la quantité de CO2 émise pour produire une unité de PIB mondial) baissait deux fois plus vite qu’au cours des quarante années passées, une baisse annuelle de 1,8 % du PIB mondial serait nécessaire pour atteindre les objectifs fixés par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC)…Nous sommes quelques-uns à prôner, depuis la fin des années 1990, sinon l’abandon du PIB comme indicateur de référence, du moins son encadrement au sein de normes environnementales et sociales strictes (possiblement représentées par deux indicateurs non monétaires : l’empreinte carbone et l’indice de santé sociale) dans une société que nous qualifions de « postcroissance », une société qui ne se donne plus pour objectif principal d’obtenir des gains de productivité ou de croissance mais de répondre aux besoins sociaux en visant des gains de qualité et de durabilité. Aujourd’hui, l’objectif principal est de diminuer la production de CO2 de la manière la plus égalitaire possible, y compris en adoptant des quotas carbone individuels. De cela, malheureusement, il n’est guère question aujourd’hui.
Greenpower : La phrase clé c’est «quota de CO2 individuel». Mais sur quelle base distribue-t-on de tels quotas ? La France est à 10t/an/hab quand il ne faudrait pas dépasser 2. Alors comment fait on pour diviser par 5 ? Comment découpler progrès technique et croissance industrielle ? À quelle époque la France a t elle atteint le chiffre de 2t/an/ hab ? Avant la Révolution industrielle probablement. Quelles seront les sanctions si vous dépassez votre quota ? On se dirige vers la dictature écologique voilà.
le sceptique ;Si la nature est un bien commun, si l’objectif est sa modification minimale, si le sol, l’air, l’eau, le climat, le vivant doivent être surveillés et si ce qui les impacte doit être contrôlé pour rester dans une enveloppe d’équilibre, alors chacun naîtra en effet avec un quota d’impact jugé soutenable, chacun sera surveillé pour ne pas dépasser ce quota, y compris dans sa vie privée et sa propriété privée. Je ne vois pas trop d’autre aboutissement logique aux présupposés de départ (l’écologie).
* LE MONDE du 28-29 avril 2019, Pierre Palmade : « Je veux m’éloigner de mes démons »
** LE MONDE du 28-29 avril 2019, Dominique Méda : « La croissance est-elle la meilleure ou la pire des choses ? »
Laquelle de ces affirmations se rapprochent le plus de votre point de vue :
50 % des Français : On devrait donner la priorité à la protection de l’environnement, même si cela ralentit la croissance économique et si certains perdent leur emploi .
34 % des Français : On devrait donner la priorité à la croissance économique et à la création d’emplois, même si l’environnement en souffre d’une manière ou d’une autre.
16 % : autre réponse ou ne sait pas .Notons que pour les niveaux d’instruction primaire, la préférence pour la croissance économique (44 %) l’emporte sur la protection de la planète (39%).
(enquête publiée dans « La France des valeurs, 40 ans d’évolution », aux presses universitaires de Grenoble)
Nicolas Hulot : « On recherche une croissance à tous crins… Quand on se réjouit de voir sortir de Saint-Nazaire un porte-conteneurs qui va porter 50 000 conteneurs, est-ce bon pour la planète ? La réponse est non. »