L’IPBES, l’équivalent pour la biodiversité du GIEC

mars 2018 : Partout sur la planète, le déclin de la biodiversité se poursuit, « réduisant considérablement la capacité de la nature à contribuer au bien-être des populations ». Ne pas agir pour stopper et inverser ce processus, c’est mettre en péril « non seulement l’avenir que nous voulons, mais aussi les vies que nous menons actuellement ». Tel est le message d’alerte délivré par la Plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), réunie du 17 au 24 mars à Medellin (Colombie), pour sa 6e session plénière. Créée en 2012, sous l’égide des Nations unies et fédérant aujourd’hui 132 pays, l’IPBES peut être considérée comme le « GIEC de la biodiversité », en référence au Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, dont elle a repris, dans son domaine, le mode de travail.

Avril 2019 : La sixième extinction de masse des espèces est bel et bien en cours. Et la terrible nouveauté, par rapport aux précédentes comme la disparition des dinosaures, voilà 65 millions d’années, est qu’elle se produit en quelques décennies seulement, et qu’une espèce parmi toutes les autres, l’homme, en est responsable : destruction des habitats terrestres et marins, surexploitation des ressources, pollutions de toute nature, prolifération d’espèces envahissantes, mais aussi changement climatique. Les experts de l‘IPBES se réunissent à Paris. Les délégués devront adopter un rapport scientifique de plus de 1 700 pages, élaboré par 150 chercheurs de cinquante pays, avec des contributions fournies par 250 spécialistes des sciences naturelles, mais aussi économiques et sociales. Encore faudra-t-il, pour espérer endiguer la perte du vivant, que les États agissent alors plus efficacement qu’ils ne l’ont fait jusqu’à présent pour contenir le réchauffement planétaire. Quelques réactions sur lemonde.fr*, en particulier sur le rôle des moustiques. L’écologie, c’est le domaine de la complexité :

Olivier Martineau : Déclin vertigineux… Et il semble qu’aucune de ces alertes ne soit en mesure de toucher les décideurs et les électeurs. Alors que nous savons tout cela depuis plus d’une décennie, tout continue comme avant. Les émissions de CO2 augmentent et nous déforestons à tout va. L’humanité est-elle devenue si apathique, que le destin des générations futures lui soit devenu indifférent ?

TW : Recommandations « non contraignantes ». Tout est dit. Tant qu’il en sera ainsi, rien ne changera.

Ivo Mieupa : Il y a urgence là aussi : Macron va créer un conseil citoyen sur la biodiversité afin de dégager des pistes de réflexion pour 2060. Et hop ! Plus de problème. What else ?

Action réaction : Est-il encore temps d’alerter les décideurs ? Il me semble que les décideurs savent, et considèrent qu’il ne peuvent pas agir car l’économie reste la priorité malgré la faille suicidaire de ce raisonnement. Ne serait-il pas temps que la science s’organise afin d’entrer en politique ?

CYNIQUE DU BON SENS ET RAISON : Comparez, »Les dépenses mondiales d’armement approchent des 2 000 milliards de dollars »… Ce monde, notre civilisation, est juste suicidaire.

le sceptique : Dès le début, on aurait aimé que les deux « éco » (économie, écologie) jouent franc jeu ensemble en mettant sur la table ce qui coince. A savoir que l’objectif d’un climat stable et d’une biodiversité stable est impossible sur fond d’exploitation croissante de la planète pour nourrir les besoins et désirs humains. Mais chacun dans son coin, le géophysicien regarde ses courbes glaces et CO2, l’écologue ses courbes espèces et habitats, l’économiste ses courbes PIB et pouvoir d’achat.

Daniel : La biodiversité est l’assurance vie de notre écosystème planétaire; elle lui confère sa capacité à s’adapter aux changements qui surviennent en son sein. Continuons de la réduire et nous atteindrons le point de rupture où les écosystèmes ne pourront plus assurer cette  » contribution de la nature aux sociétés ».

Syfre : comme d’hab dans ce genre d’article la démographie humaine n’est jamais évoquée alors que c’est LA principale raison de tous les problèmes.

JP4921 : Vous avez raison, quand Pasteur trouve le moyen de sauver tant d’Humains, il ne se doute pas de l’utilité de toutes ces « petites, petites, bêtes » que depuis nous tuons grâce à une chimie « protectrice » de notre démographie galopante…

Laurent Jacques : Et alors ? Faudrait-il un petit génocide pour protéger les abeilles et les rhinos ?

Enkidou : la nature n’est pas autre chose qu’une ressource pour l’homme. Il faut la gérer, comme n’importe quelle ressource, au bénéfice de l’humanité, mais pas la diviniser. La biodiversité doit être protégée, mais seulement dans la mesure où son maintien est plus utile aux hommes que sa diminution. Je doute fort, par exemple, que la forte réduction du nombre de moustiques (y compris ses conséquences) soit une calamité pour l’homme.

PIERRE FERRON : « Ecologie » désigne l’équilibre d’un systéme vivant ; les moustiques font partie de ce systéme, ils nourrissent les oiseaux, entre autres. Supprimez un maillon de la chaîne du vivant ( » bios » ) et l’ensemble est déséquilibré. Nous ne connaissons pas encore toute la teneur des interactions entre tous les maillons de la chaîne. « L’économie » ne peut exister sans « l’écologie », Un président qui se veut « moderne » aurait dû comprendre ça profondément.

Enkidou @ PF : « Nous ne connaissons pas encore toute la teneur des interactions entre tous les maillons de la chaîne », dites-vous. Certes. Mais si l’homme avait attendu de connaître toutes les conséquences de ses actions avant d’agir, il en serait encore à l’âge de pierre, et nous ne serions pas là pour en deviser.

GILLES GAMAICHE @ Enquidou : Quelle ignorance crasse. La nature n’est pas une ressource pour l’homme. L’homme fait partie intégrante de la nature. Il en est même tout à la fois son espèce la plus disruptive et la plus fragile.

Claude Hutin : Supprimons ces saloperies de moustiques et nous supprimerons le paludisme et d’autres maladies ignobles qui tuent encore des centaines de milliers d’enfants chaque année. D’autres insectes prendront leur place, ou il y aura moins d’insectes, mais je me fous de cette nature qui tue des enfants.

Lysistrata : Par simple cohérence intellectuelle, Le Monde pourrait cesser de jouer les pleureuses dès que la croissance baisse. Le niveau minimum de récession pour sauver le vivant (et donc aussi les êtres humains) est de – 2% par an. Il est indispensable que nous soyons durablement en récession pour que nos enfants survivent. Et on ne meurt pas d’avoir une voiture plus petite, de ne pas passer nos vacances en Tunisie et de manger du steak seulement une fois par semaine.

* LE MONDE du 30 avril 2019, Les délégués de 132 pays et les experts de l’IPBES entament lundi une semaine de discussions à Paris pour alerter sur la disparition accélérée du vivant

1 réflexion sur “L’IPBES, l’équivalent pour la biodiversité du GIEC”

  1. Originaire d’Asie, le moustique tigre, ou Aedes albopictus, s’est installé dans les Alpes-Maritimes en 2004 et il est désormais implanté dans plus de la moitié des départements, dont Paris. Il est essentiellement urbain et aime les lieux habités par l’homme. « Une fois installé dans une commune ou un département, il est pratiquement impossible de s’en débarrasser », observent les autorités. C’est une espèce capable de transmettre des maladies telles que la dengue, le chikungunya et le zika. Mais la transmission se fait lorsqu’un moustique tigre « sain » pique une personne contaminée lors d’un séjour hors de France métropolitaine. L’insecte devient alors porteur du virus et peut le transmettre à une personne saine n’ayant pas séjourné hors du territoire.

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