Incertitudes de Macron sur la fin de vie !

Le pape François a rappelé son espoir de voir en France un débat sur la fin de vie qui « puisse se faire, en vérité, pour accompagner la vie jusqu’à sa fin naturelle ». Comme si le représentant d’une religion avait quelque chose à dire sur une décision politique dans un pays démocratique !

L’avancée des débats sur la fin de vie, déjà largement entravée par le traditionalisme catholique et les tenants des soins palliatifs, n’a pas besoin, en plus, des états d’âme de celui qui gouverne pour le moment le pays, Emmanuel Macron.

Claire Gatinois et Béatrice Jérôme : Le sujet de la fin de vie s’invite à l’Élysée dès 2018 lors d’un dîner consacré à la bioéthique. Parmi la douzaine de convives figure le grand rabbin de France, Haïm Korsia, qui dérape en comparant leuthanasie à la Shoah. Le 8 avril 2021, c’est le texte de l’ancien socialiste Olivier Falorni, député de la Charente-Maritime et ardent militant de la cause, qui ouvre les débats au Palais-Bourbon pour autoriser « l’assistance médicalisée active à mourir » pour les personnes atteintes d’« affections graves et incurables ».la proposition de loi échoue finalement à être adoptée, obstruée par une poignée d’élus du parti Les Républicains. Sur le sujet, la pensée du chef de l’Etat reste insondable. Macron peine, de plus en plus, à masquer son malaise. Le 24 octobre 2022, après une audience papale, il se confie : « Sur le sujet de la fin de vie, j’ai dit au pape que je n’aimais pas le mot d’euthanasie. La mort, c’est un moment de vie, ce n’est pas un acte technique. Ma mort m’appartient-elle ? C’est une question intimidante, je ne suis pas sûr d’avoir la réponse. » Plus la décision à prendre pour satisfaire les promoteurs du « droit à mourir dans la dignité » approche, plus Emmanuel Macron se fait prudent. Ni pour ni contre, bien au contraire. « Est-ce que chacun peut disposer seul de sa vie ou alors comment se formalise la collégialité ? Il y a une immense difficulté quand l’expression du consentement peut être altérée par des circonstances de souffrances et de troubles psychologiques. Je n’ai pas de position officielle. J’ai besoin d’une convention citoyenne. »

Le point de vue des usagers de l’euthanasie

Jean François Thomas : Ceux qui souffrent et veulent en finir se foutent complètement de la rhétorique. Pauvre chou de Macron, il n’aime pas le mot euthanasie …S’il oubliait les mots de temps en temps et passait à l’action.

Pascale C : J’ai beau avoir été une catéchiste, et même une communiante confirmée dans ma foi, je ne comprends pas au nom de quoi le pape et M. Macron pourraient s’arroger le droit de décider de ma fin de vie. Il existet un truc qui s’appelle le libre arbitre, qui peut me servir à décider si je veux finir dignement (d’après mes propres critères) ou non ? Et si le pape et M. Macron ne sont pas d’accord… qu’ils aillent au diable.

Liberté Egalite Fraternite et Republique : Personne, absolument personne ne peut décider des modalités de fin de vie d’un homme autre que lui même : la liberté de choix sur ce point doit être totale. La liberté de choix de sa fin de vie devrait même avoir rang de norme constitutionnelle, norme auquel tout médecin et soignant doit faire droit dès lors que la volonté est clairement et librement exprimée par la personne.

Francis Baque : La liberté devrait présider. Si certains croient à l’utilité rédemptrice de leur souffrance, pourquoi leur interdire ? Si d’autres ont tellement peur de leur mort qu’ils préfèrent l’anticiper pourquoi les blâmer ? Pour moi, le médecin peut déclarer son diagnostic, mais ni décider ni provoquer la mort. Ce serait une terrible confusion de rôle. En revanche une solution létale indolore devrait être en vente libre en pharmacie, et la décision doit revenir à l’individu et non au collectivisme.

Marcelle : J’ose même un parallèle avec « donner la vie ». Souvent les questions autour de l’IVG sont traduites par « à qui appartient le corps des femmes ? » et il y a beaucoup de pays (pas assez évidemment) où la réponse est « à chaque femme de décider ». Pour moi, dans le cas de la fin de vie, c’est la même chose : «  à qui appartient le corps des mourants et des abîmés de la vie? ». À eux évidemment. Après, les questions à régler c’est les moyens et l’encadrement pour éviter par ex que d’avides héritiers ne profitent de situation.

Emilio Fitzcarraldo : Environ 30 % de nos dépenses de santé sont liées aux 3 derniers mois de la vie. Ces 30 % pourraient être alloués à la prévention, il y a suffisamment de comportements à risque, excès de vitesse, sexe sans capotes, conséquences de cigarettes, stupéfiants, alcool, gras, sel, nitrites, etc que nous devrions mieux gérer pour vivre mieux. Quand c’est l’heure, c’est l’heure et nous devons apprendre à l’accepter. Prenez la mort du bon côté. Terminé les ennuis du quotidien. La paix et le calme pour l’éternité.

Le philosophe et chouchou de Macon, Paul Ricœur : « « La vérité de l’euthanasie active est celle d’un suicide assisté. Un humain décide autoritairement de la frontière entre le tolérable et l’intolérable. Mais pour qui la prolongation de la vie est-elle insupportable ? Pour le malade ? Pour l’environnement familial ? Qui a demandé la mort ? Que signifie cette demande ? Et s’il faut avouer que les pratiques clandestines d’euthanasie actives sont inéradicables, et si l’éthique de détresse est confrontée à des situations où le choix n’est pas entre le bien et le mal, mais entre le mal et le pire, même alors le législateur ne saurait donner sa caution »

3 réflexions sur “Incertitudes de Macron sur la fin de vie !”

  1. Toute vérité franchit trois étapes. D’abord elle est ridiculisée. Ensuite, elle subit une forte opposition. Puis, elle est considérée comme ayant toujours été une évidence. » (
    Arthur Schopenhauer)
    « Soyez libres » de « vous émanciper des idées reçues, de dire vos doutes, vos désaccords, de partager vos expériences, de vous laisser convaincre, et bien sûr, surtout, de défendre vos opinions, vos convictions, dans le souci du bien commun. La décision médicale est évidemment centrale, mais elle n’est qu’un aspect du débat. La fin de vie, c’est aussi un enjeu d’humanité, une exigence d’anticipation, d’accompagnement, une éthique du soi » », a déclaré Elisabeth Borne, en ouvrant vendredi 9 décembre la convention citoyenne sur la fin de vie,

  2. – « Comme si le représentant d’une religion avait quelque chose à dire sur une décision politique dans un pays démocratique ! »
    Heureusement que le pape, ou que le dalaï lama ou n’importe quel religieux a encore le droit de s’exprimer sur des sujets comme celui-ci. Je remarque, en passant, que quand qu’on est d’accord avec ce que le pape raconte, là on ne trouve rien à redire. Et pareil pour la «démocratie».
    Deux poids deux mesures.

    1. – « L’avancée des débats sur la fin de vie, déjà largement entravée par le traditionalisme catholique et les tenants des soins palliatifs, n’a pas besoin, en plus, des états d’âme de celui qui gouverne pour le moment le pays, Emmanuel Macron. »
      D’abord arrêtons d’opposer l’euthanasie et les soins palliatifs. L’un n’empêche pas l’autre, on peut même dire que ce sont deux sujets différents. Les soins palliatifs ce n’est pas non plus l’obstination déraisonnable («acharnement thérapeutique»).
      Ensuite, là encore, si les états d’âmes de Macron étaient d’une toute autre nature, alors on l’applaudirait. Et qu’on aille surtout pas lui reprocher de ne pas aimer le mot d’euthanasie. Parce que les promoteurs d’«aide active à mourir», de «suicide assisté», d’«IVV» et autres façons de ne pas nommer la chose sont loin d’êtres clairs.

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