Intersexualité, à opérer ou à conserver ?

A l’occasion de la révision des lois de bioéthique, est envisagée la proposition d’un article de loi visant à ne plus autoriser la chirurgie précoce des enfants présentant une anomalie de différenciation génitale. Deux textes en vis-à-vis du MONDE papier* donnent deux points de vue diamétralement opposés, qui a raison ?

Thèse : L’absence systématique d’intervention chirurgicale précoce aurait de graves conséquences. L’identité sexuelle est en premier lieu la résultante de la génétique, les chromosomes XX ou XY induisant respectivement la différenciation des gonades en ovaires ou testicules. Si anomalie, une intervention chirurgicale est réalisée aujourd’hui dans les premières années de vie pour que l’enfant puisse dès son plus jeune âge s’identifier fille ou garçon. L’observation de l’évolution de nos petits patients et de leur famille nous a montré combien était fondamental pour l’enfant et ses parents qu’il soit le plus tôt possible inscrit dans une identité sexuelle et que son corps corresponde à cette identité. Ainsi, pour de très rares cas où le choix de la meilleure option d’orientation physique pour l’enfant reste difficile, l’absence systématique d’intervention chirurgicale précoce induite par cette nouvelle loi aurait de graves conséquences pour la majorité des enfants concernés par ce problème.(collectif de 24 professeurs de médecine et chirurgiens et 116 autres professionnels )

Antithèse : Ces actes chirurgicaux ne guérissent pas et peuvent être considérés comme des mutilations »

Comment croire que, dans notre pays, des actes chirurgicaux et des traitements hormonaux irréversibles soient pratiqués sur des enfants, en l’absence de toute nécessité médicale et sans leur consentement ? Selon eux, il serait en effet nécessaire de le conformer à un corps masculin ou féminin afin qu’il développe l’identité correspondante « non ambiguë » puisque notre société ne reconnaîtrait que l’existence des hommes et des femmes. Cet argument consiste pourtant à justifier la réalisation de meurtrissures par l’existence de discriminations. Ce sont au contraire les discriminations qui doivent être corrigées plutôt que les corps soient mutilés. Les lois de bioéthique doivent permettre de fixer en ce sens les limites imposées à la technique quant aux interventions sur le corps, dans le respect de la dignité de l’être humain. Il nous incombe d’être à la hauteur de l’enjeu essentiel de ces actes : rappeler que la médecine est au service de l’être humain et de ses choix.

Collectif de 25 signataires, principalement LGBT et intersexes)

Synthèse de biosphere : Pourquoi donc intervenir chirurgicalement au plus jeune âge et ne pas laisser à chacun le droit d’assumer en tant qu’adulte sa différence ? Mais également, pourquoi opérer des adultes consentants qui veulent changer de sexe et qui n’acceptent pas leur propre nature ? Que viennent faire la médecine et la chirurgie dans ce pataquès, notre héritage génétique quel qu’il soit serait-il une maladie ? Que vaut l’approche du lobby LGBT qui considère qu’il ne faut pas opérer au plus jeune âge, mais que l’adulte peut choisir l’opération et faire ainsi à sa guise de son patrimoine génétique ?

* LE MONDE du 5 juillet 2019