Inventer l’avenir sans Nathalie Kosciusko-Morizet

La ministre française de l’écologie NKM* s’imagine avoir du recul pour envisager le long terme : « La raréfaction des ressources naturelles et les pollutions menaçant les équilibres vitaux de notre planète… Importations de matières premières aux prix voués inexorablement à la hausse… La consommation à outrance a vécu. » Elle propose donc la sobriété, basée sur « le simple bon sens » et les économies d’énergie ! Mais dans le même temps, elle fait toujours confiance aux technologies de pointe : « Airbus, fusée Ariane, TGV, aciers spéciaux… » !! Car elle rêve encore d’une « nouvelle croissance » !!!

Nathalie Kosciusko-Morizet n’a pas encore compris que la sobriété assumée est incompatible avec la recherche de la croissance. Son diagnostic est bon (équilibres vitaux menacés), ses perspectives déplorables. Car aucune civilisation n’a survécu à la destruction continue de son écosystème. NKM fait comme tous ces prétendus experts qui ne voient dans la récession de 2088-2009 qu’un simple incident de parcours avant le retour à une croissance « nouvelle ». La pensée dominante ignore le seuil de reproduction durable des écosystèmes. Cette vision est aux antipodes de la réalité écologique.

Début 2009, John Beddington, premier conseiller scientifique du gouvernement du Royaume Uni, a déclaré que le monde ferait face d’ici 2030 à une « crise absolue » de pénuries d’eau et de nourriture et à une explosion des prix du pétrole. Une semaine plus tard, l’ancien président de la Commission du développement durable britannique Jonathan Porritt exprimait son accord ; mais il écrivait que la crise frapperait à une date plus proche de 2020 que de 2030. Il parle de « récession ultime », celle dont il pourrait être impossible de se relever. NKM ferait mieux de lire le livre de Lester Brown, Basculement, pour savoir comment éviter l’effondrement économique et environnemental.

* | LEMONDE.FR | 27.12.11 | Trois clés pour une croissance durable