Nous ne sommes plus au Moyen Age. Pourtant Jacques Le Goff, spécialiste de cette époque lointain, y croit encore. Il compare la peur de la fin du monde des millénaristes aux inquiétudes de la science aujourd’hui : « L’écologie, la peur du réchauffement climatique engendre des propos producteurs de transes et de cauchemars. » (LeMonde du 14-15 mars). D’abord, il suffit d’écouter les psalmodies des élections régionales, on n’y trouve aucun cauchemar puisque la croissance sera verte et le développement durable, même pour les candidats écolos. Ensuite le citoyen moyen ne s’imagine pas du tout que son monde va s’écrouler, il a tellement besoin de sa bagnole et de son confort. Enfin les climato-sceptiques l’emportent largement dans l’imaginaire de nos contemporains : dormez, braves gens, l’apocalypse c’est irrationnel, vaut mieux s’occuper du concret, de la faim, des maladies, du niveau de vie.
Les écologistes ne disent pas qu’il faut revenir au Moyen Age ou à l’âge de pierre, ils ne disent pas qu’il faut ignorer les inégalités et difficultés sociales, ils nous disent simplement avec Jacques Chirac : « La planète brûle et nous regardons ailleurs »… Cette diatribe irraisonnée de Jacques Le Goff est donc pitoyable, presque pathétique. Mais de la part d’un homme de 86 ans qui en est resté au Moyen Age, c’est excusable. Ce qui l’est moins, c’est que Le Monde lui fasse de la place dans ses colonnes alors qu’il y a tant à dire sur les crises écologiques qui minent la biosphère, alors que l’espace éditorial est si petit, alors que les médias sont si influents.
Quand j’entends les discours de Fillon et d’Aubry d’avant hier soir, qui n’ont à la bouche que les mots, “besoin de protection”, “protéger les Français”, je suis inquiet pour mon pays. Alors que celui-ci crève à petit feu de sa perte progressive de compétitivité, il ne s’agit pas de “protéger” le pays, mais de le dynamiser. C’est pas les politiques environnementalistes inconsidérées, voire absurdes, ni le principe de précaution qui y contribueront. C’est des autoroutes sûres et rapides, donc plus nombreuses, des lignes TGV, la nouvelle génération de centrales nucléaires, ITER, des biotechnologies modernes, les OGM, les nanotechnologies, des pesticides variés et modernes, etc. C’est pas la taxe carbone, même aux frontières !
J’avais écrit plusieurs fois sur d’autres forums, qu’à force de racoler les électeurs écolos, Sarko faisait le lit du FN. Je ne me suis guère trompé. Pourtant la sagesse populaire a compris depuis longtemps qu’il est difficile de courir deux lièvres à la fois.
Soit dit en passant, c’est pas une politique FN qui dynamiserait la France, lui qui ne parle que de nous protéger de tout, les immigrés, la mondialisation, l’islamisme. Sur ce dernier point il n’a pas forcément tort, mais enfin c’est un peu limité comme politique…
Conclusion : il est temps de remplacer Borloo et Jouano par Allègre et Courtillot, et de fermer la porte des ministères et de l’Élysée à l’inénarrable Monsieur Hulot.
@ Michèle
Et si J.Le Goff avait tort ?
Jean-Pierre Dupuy et son catastrophisme éclairé serait-il moins pertinent que Jacques Le moyenâgeux, serait-il un « bobo hystérisant » ?
A force de déculpabiliser les nantis, on leur a enlevé tout sens des responsabilités !
il n’en reste pas moins que J.Legoff a raison. Dans les propos de certains ( pas tous !) l’apocalypse serait imminente. Les ANXIO-DEPRESSIFS de toujours font leur miel de la situation comme dans le passé. Mais les oiseaux de mauvaises augures en font toujours trop, et l’excès en tout est un défaut. Ces gens qui prennent un malin plaisir à culpabiliser tout le monde en faisant le contraire de ce qu’ils prônent, finissent par bassiner. Est-ce que la vestale Duflot n’a pas pris l’avion pour aller en vacances aux Maldives ? Bon !
Quoi qu’il en soit, les Chinois, les Indiens, s’en foutent pas mal des alarmes des bobos hystérisants qui se complaisent dans les récits de malheur futur en nous empoisonnant déjà le présent.
Sachons écouter la sagesse et l’humour d’un historien qui rapproche deux séries d’évènements, un passé et un présent, pour en déceler une part commune : l’hystérie collective à l’oeuvre.
Fabrice Nicolino sur son blog :
Jacques le Goff est un homme de gauche, social-démocrate comme ils le sont tous désormais. Cet historien est un véritable archétype de cette génération qui a cru au « progrès » des sociétés humaines, et qui continue, par peur du vide. On compte parmi les sectateurs de cette imagerie la quasi-totalitéé de ceux qui monopolisent la parole publique, quel que soit le domaine considéré. On les entend à la télé comme à la radio, on les lit dans les livres et sur les journaux, ils sont de droite comme de gauche. Ils croient. Ce n’est pas une honte, loin s’en faut. Le malheur est qu’ils ne se voient pas croire. Le drame est que, pour eux, c’est toujours l’autre qui est dans l’idéologie et l’indécrottable naïveté.