Jean-Marc Jancovici, fondateur de Carbone 4, président du think tank The Shift Project, membre du Haut conseil pour le climat, multiplie les interventions dans les grandes écoles. Chacune de ses conférences compte des centaines de milliers de vues sur la plate-forme vidéo YouTube. L’ingénieur rappelle avec force graphiques et métaphores que notre économie est dopée aux énergies fossiles et que la décroissance énergétique est un horizon incontournable.
Jean-Marc Jancovici : Pour ma génération, il y avait une certaine insouciance, et l’esprit – moi le premier – c’était plutôt : après l’X, à nous le monde et l’argent ! Les temps changent. Cette génération a une quête de sens, elle sait que même un diplôme de l’X ne les protégera pas des crises à venir…
Lire, Ingénieur et écologiste, c’est incompatible
Normalement, la formation d’ingénieur apprend à tenir compte des limites, c’est-à-dire de ce qui ne dépend pas de nous. Dans les écoles de commerce, c’est parfois compliqué, car la finitude du monde vient tamponner toute la théorie économique mainstream enseignée dans ces institutions ; il est plus facile d’enseigner les bases physiques du changement climatique par un prof de mécanique en école d’ingénieurs que par un prof de finance en école de commerce. Les écoles sont prises en étau entre les enjeux d’attractivité et d’employabilité. Ce que veulent les étudiants est contradictoire avec ce que demandent les entreprises. Si vous êtes un jeune ingénieur dans les travaux publics et que votre entreprise construit des autoroutes, vous aurez du mal à faire basculer l’activité vers la construction de pistes cyclables.
Lire, Les ingénieurs doivent-ils renoncer à leur métier ?
Par ailleurs, il n’y a pas nécessairement de solution alternative. Total, par exemple, n’a pas de solution à moyen terme pour sortir du pétrole et du gaz… Les grandes visions techno-optimistes, qui consistent à parier sur une accélération encore jamais vue des « bonnes » innovations sans les mauvaises, sont plus souvent portées par des hommes politiques ou des économistes que par des ingénieurs… le problème est dans notre logiciel politique, qui nous pousse à vouloir toujours plus sans limite. Nous sommes des animaux à la mémoire courte, c’est cela qui explique qu’un film d’horreur a cessé de vous faire peur au sortir du ciné… Du coup, je mets mon auditoire en dehors de leur zone de confort, pour qu’il en reste quelque chose des mois ou des années plus tard, quand il faudra passer à l’action !
Pour en savoir plus sur Janco grâce à notre blog biosphere :
6 octobre 2019, Jancovici, « sans pétrole t’es plus rien »
18 décembre 2017, Extraits du discours décapant de Jean-Marc Jancovici
14 février 2011, le pic pétrolier vu par JM Jancovici
4 janvier 2009, Jean-Marc Jancovici (ses opinons politiques)
Jancovici , le polytechnicien expert de l’énergie et du climat, a publié en 2006 « Le plein s’il vous plaît », et en 2009 « Le changement climatique expliqué à ma fille », chacun écoulés à 35 000 exemplaires. Ses posts sont suivis par 353 000 abonnés. C’est le collapsologue des geeks et l peut secouer des publics très différents. On est arrivé au bout des énergies fossiles, la décroissance est inévitable, mais Janco fait passer ce message sans qu’on s’en rende compte.
Dommage que de tels pédagogues, suivis par une cohorte finalement pas si nombreuse que ça, soit en France comptabilisable sur les doigts d’une main seulement…
On peut faire le même constat mais ne pas partager les mêmes « solutions ».
Je suis le 1er à recommander Janco aux « novices » des questions liées à l’effondrement de la société thermo-indus. en mettant en garde sur les angles morts de la solution nucléaire mise en avant en tête de gondole. Je préfère bien plus Arthur Keller, INCONTOURNABLE!
Janco a le talent d’avoir compris, synthétisé et corrélé chacune de nos productions ou fonctionnalités à l’énergie. Tout doit être traduit en joule, kwh, et nombre d’esclaves humains (excellente valeur de comparaison).
Janco, Keller ou Barrau ont décidés de convertir directement là où sont formé les futurs dirigeants, politiciens, grands patrons, ce que je crois être une sacré bonne idée, à moins que ces info capitales chuchotées à l’oreille des futur(e)s diplômé(e)s soient intériorisées dans le but de savoir comment contourner le pb sans résoudre l’équation!!!
Le seul moyen de résoudre les problèmes écologiques serait de commencer par imposer le salaire maximum ! Tant que des gens disposeront de suffisamment d’argent pour s’acheter tout et n’importe quoi ils le feront ! A chaque fois ce sera la même histoire « Je fais ce que je veux de mon argent ! Il est à moi rien qu’à moi alors j’achète ce que je veux ! » Quitte à destroyer l’environnement, le faune, la flore et le climat, tout ce qui compte c’est de respecter leur liberté d’acheter tout ce qu’ils veulent dans la démesure » D’autant que les millionnaires et milliardaires ne doivent leur fortune, non par à leurs efforts et travail, mais à l’exploitation d’énergies fossiles, de contrôle financier, d’exploitation de main d’œuvre à bas coûts ainsi que d’héritages, sans parler de truanderie et de tricherie pour couvrir le tableau !
Il faut instaurer une nouvelle monnaie partout ! N’accorder plus aucune valeur aux monnaie actuelles pour détruire tous les paradis fiscaux ! Puis introduire de nouvelles grilles de salaires avec un plafond maximum. Tant que ce ne sera pas fait, alors on sera prisonnier du système actuel, puisque ceux qui détiennent les masses monétaires, achètent les politiciens pour en faire des pantins ! Afin de pouvoir continuer de se goinfrer…
Pousser les gens hors de la zone de confort, c’est un peu ce que fait l’association Démographie Responsable en suggérant que la question démographique ne peut être mise de côté.
La démarche est également comparable quant à la méthode : on prend du recul, on regarde les ordres de grandeur et l’on constate l’impossible.
De même que nos sociétés sont incapables de vivre sans énergies fossiles à profusion, la biosphère ne peut pas supporter durablement 8 milliards d’hommes, il n’y a plus de place. Dans les deux cas, les quantités en cause, sans commune mesure avec celles du passé conduisent à l’impasse.
Même méthode, même constat, même conclusion : le Shift Project devrait plus intégrer la démographie à sa réflexion, même s’il est vrai que Jean-Marc Jancovici y fait allusion dans beaucoup de ses conférences.
La «zone de confort» n’est rien d’autre que l’état d’esprit qui nous permet de vivre, en attendant (homéostasie). C’est ainsi que beaucoup trouvent leur «zone de confort» en se mettant la tête dans le sable (déni de réalité). Janco comme tant d’autres trouve la sienne en faisant ce qu’il croit devoir faire (des conférences). Janco refuse l’idée de l’Effondrement et du Chaos (comme l’idée du parc nucléaire en ruine et à l’abandon), il ne se sert du Chaos que comme un épouvantail pour mieux nous vendre son projet de société. Janco a besoin de croire qu’un régime totalitaire, mondialisé, peut encore nous sauver. Le sauver.
Bien sûr il n’est pas question de jeter tout ce que raconte Jancovici. Toutefois, pour trier il vaut mieux savoir qui est réellement ce personnage. Savoir ce qu’il a dans et derrière la tête, comment il raisonne, et résonne.
Reporterre (le quotidien de l’écologie) a récemment fait une enquête, particulièrement poussée. Lire notamment «Jean-Marc Jancovici, polytechnicien réactionnaire» (publié le 27 mai 2021), ainsi que tous les liens et autres articles associés. Extraits :
– Pour lui, un régime politique est «une démocratie à partir du moment où les gens votent»
– Tout ce que veulent les gens, c’est avoir plus — au royaume de Jancovici, la publicité n’a aucune influence sur les comportements, et l’action politique dans la démocratie ainsi conçue, revient à «distribuer du rab de sucettes, c’est assez facile, n’importe quel crétin y arrive». [16]
J’ai peut-être la naïveté de croire que nous devrions alors comprendre les raisons qui font que Jancovici soit aussi célèbre. Et qu’ON lui permette ainsi de faire son numéro, notamment dans les «grandes» écoles. D’autant plus qu'(et en même temps) ON nous le présente comme l’«expert» de la Décroissance.
Très à la mode, la Décroissance ! Janco est donc celui qui en parle le mieux.
Tout connement parce qu’il en parle «comme il faut».
Jean-Marc Jancovici utilise l’image de deux courbes présentant une évolution similaire pour en déduire une corrélation. Elle se rapporte à l’équivalence énergie/croissance PIB depuis 1950. Il n’y a pas vraiment de question sur cette dépendance, l’interrogation porte uniquement sur la question de savoir dans quelles proportions ces deux valeurs sont effectivement liées et donc l’étendue de causalité. De récents travaux semblaient indiquer un ordre de 75% minimum. Ceux qui invoquent la « croissance verte » n’ont en revanche pas de données pour étayer un possible découplage absolu entre elles.
L’agence européenne de l’environnement a elle même publié en janvier un papier réfutant toute possibilité de croissance sans augmentation de consommation des ressources : « Full decoupling of economic growth and resource consumption may not be possible ».
– «Full decoupling of economic growth and resource consumption may not be possible».
Traduction : Le découplage complet […] n’est peut-être pas possible.
Nous en avons parlé vite fait hier, de ce fumeux DÉCOUPLAGE ABSOLU (En marche… vers la sobriété partagée). Notez bien le «peut-être».
Autrement dit : P’têt ben qu’oui … p’têt ben qu’non ! Alors comme les «brillants» cerveaux en sont encore à penser que c’est toujours possible… eh ben on continue, à pomper. Et c’est pareil avec la Fusion et tant d’autres choses, plus ça rate et plus on a de chances de réussir.
Ce qui serait caricatural, c’est présenter JM Jancovici comme un fervent supporter du nucléaire. Le nucléaire en France génère 70 % de l’électricité consommée, mais on oublie toujours que l’électricité ne représente que 20 % de l’énergie totale consommée en France. Le reste c’est du carburant qui est directement brûlé dans du chauffage et dans des machines (transport, industrie, etc…). Bref, décarboner la France, c’est remplacer 85 % de l’énergie consommée. Si on choisit de réduire la consommation d’énergie, c’est de près de 80 % qu’il faut se priver. Je crains que notre société ne survive pas à un tel choc.
Bref, le nucléaire ce n’est pas la joie, mais c’est ça ou les émeutes partout. Dire le contraire est mentir.
Il n’y a rien de caricatural à présenter Janco comme un marchand de nucléaire, puisque c’est ce qu’il est. Ceci dit je préfère encore un marchand de n’importe quoi à un marchand de salades. Maintenant, si je dois choisir entre différents marchands de salades, j’écarterais de suite ceux qui en plus et en même temps vendent toutes sortes de merdes.
Dans le domaine de l’énergie, Jancovici est indéniablement un des meilleurs. En tous cas de ceux que je connaisse, autrement dit de ceux qui meublent nos écrans. Jancovici me fait penser là à Raoult, lui aussi un des meilleurs dans son domaine.
Seulement il y a une grosse différence entre ces deux experts, en dehors bien sûr de leur domaine de compétences. Jancovici ne dérange nullement le Système, au contraire il le sert parfaitement. Autrement dit Janco n’est qu’un pion, pour ne pas dire une marionnette.
Carbone 4 n’est ni plus ni moins qu’un groupe de pression (lobby). Et comme par hasard, son laboratoire d’idées (think tank) est directement financé par le Système.
– «The Shift Project est financé par un système de mécénat provenant des entreprises membres. Les membres en sont de grandes entreprises, comme Spie, la SNCF, EDF, Bouygues, Vicat, Saint-Gobain, Rockwool, Vinci ou Kingspan. Il a aussi des mécènes comme Thalys, Keolis, Asfa, l’Ademe ou Enedis» (Wikipedia).
Nous n’aurons quand même pas la naïveté de croire que tout ce joli monde est vert comme la menthe, totalement exempt de conflits d’intérêts. Nous ne serons donc pas non plus surpris que Janco multiplie les interventions dans les grandes écoles, pour y porter la Bonne Parole : EPR ; SMR ; fusion ; Capitalisme Sobre et j’en passe.
En attendant, je pense que si Raoult passait son temps à vendre du Big-Pharma, au lieu de le démolir comme il le fait si bien, eh ben aujourd’hui il aurait moins de soucis.
Jancovici n’est pas vraiment optimiste concernant l’énergie nucléaire à fusion ! Comme quoi des marchands de salade on en trouve chez les Michel ! Jancovici parle d’utiliser l’énergie à fission comme amortisseur de la décroissance pour éviter les émeutes les conflits et gagner du temps pour s’adapter. Dans tous les cas Jancovici parle de se mettre au régime énergétique, même en utilisant le nucléaire !