Il paraît que c’est la revanche de Keynes (LeMonde du 2 septembre). D’après l’article, « Les keynésiens disent simplement que les gens gagneraient plus d’argent s’il y avait plus de régulation. » Mais pour d’autres, « Le keynésianisme n’est pas la solution à la crise, c’est son origine. Ce sont les recettes de 1929, toujours appliquées aujourd’hui, qui ont entraîné la crise. » Qui a raison ? Le journaliste tranche en faveur des keynésiens. Erreur !
En fait la méthode keynésienne est faite pour enrayer un chômage de masse à un moment donné. Keynes a écrit après la grande crise de 1929 pour promouvoir une politique de relance économique soutenue par l’Etat. Le système de marché n’était pas capable à son avis de résoudre une telle crise financière et ses impacts sur l’activité réelle. Mais il s’agissait pour lui d’une politique conjoncturelle, de court terme. Les Trente Glorieuses en ont fait une politique structurelle de soutien continu de la demande par l’expansion monétaire, le crédit et les dépenses étatiques. Cette politique a échoué dans la période 1974-1980 car la stagflation, à la fois stagnation de l’activité économique (et donc chômage) et inflation s’est installée : le premier choc pétrolier a été plus fort que le volontarisme gouvernemental. La relance effectuée par les socialistes française en 1981 a échoué à cause de la contrainte extérieure : plus de distribution de pouvoir d’achat entraîne plus d’importations, donc creusement du déficit commercial dans une économie ouverte. Aujourd’hui l’inflation menace, le chômage reste structurel et les économies sont encore plus ouvertes sur l’extérieur. Les politiques keynésiennes sont définitivement inapplicables.
Il faut ajouter à cela que les matières premières non renouvelables, de plus en plus rare, forment un goulet d’étranglement pour l’activité économique. Il faut ajouter à cela que même les ressources renouvelables comme l’eau et les poissons se raréfient. Il faut ajouter à cela que la population humaine explose et que le modèle de consommation occidental voudrait se généraliser. Il faut ajouter à cela que la gestion de nos déchets devient de plus en plus problématique, gaz à effet de serre, déchets nucléaires et même déchets ménagers. La croissance économique est dernière nous, il va falloir apprendre à gérer la pénurie, situation que Keynes ne pouvait envisager à son époque.
LeMonde est-il encore aveugle, lui qui consacre pourtant ce jour un article documenté sur la difficulté probable de financement du démantèlement des installations atomiques.