CGT, pronucléaire ! L’aliénation syndicale…

Nous ne pouvons pas oublier que dès les premières réunions mettant en question le nucléaire à la fin des années 1970, les salariés CGT étaient dans la salle pour  défendre leur outil de travail ; un salarié voit d’abord son gagne-pain, il ne s’interroge pas vraiment sur la finalité de ce qu’il produit. Aujourd’hui sur un chat du monde.fr*, une responsable de la CGT-Nucléaire, Mme Cailletaud, ne fait pas exception malgré Fukushima. Mme CGT commence par ne pas répondre à la première question : Existe-t-il en France des salariés prêts à être envoyés « au charbon » en cas d’accident, comme à Fukushima ? Sont-ils volontaires ? Que risquent-ils ? Il est vrai que la maintenance des centrales en France est faite par des sous-traitants ; les salariés les moins bien payés et les plus exposés ne sont pas en général syndiqués. Mme CGT ne répond pas à la question de la vétusté des centrales ; elle se décharge sur l’avis de l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire). Mme CGT nous claironne que le nucléaire est incontournable ; elle oublie que toutes les centrales nucléaires ont été construites à grands renforts de compagnies de CRS, la démocratie n’a jamais eu son mot à dire pour le nucléaire civil. Mme CGT sait que nous sommes dépendants de l’uranium étranger : elle élude le pillage et la contamination du Niger, elle se contente d’affirmer que « les ressources fossiles doivent être considérées comme des biens publics mondiaux » !

Mme CGT ne voit que le côté production, le « mix » énergétique, le photovoltaïque, la génération 4, le charbon propre, la recherche, ITER ; elle appelle à son secours les « 2 milliards de personnes sur la planète qui sont encore privées d’électricité » ou « les 3,4 millions de foyers en précarité énergétique ». Pour Mme CGT, « il est impossible de se passer du nucléaire, cela impliquerait de réduire de 50 % notre consommation ». Mme CGT répète son catéchisme sur le nucléaire nécessaire vu la raréfaction des ressources fossiles et le réchauffement climatique. Comme si notre boulimie d’énergie volée à la nature avait réduit les inégalités sociales et apporté le bonheur sur la terre ! Mais Mme CGT persiste et signe : « La position de la CGT, très clairement, n’est pas pour une sortie du nucléaire. Il n’y a aucune ambiguïté là-dessus. » Comme si les réserves d’uranium étaient infinies et le problème des déchets négligeable : «  Je me permettrai de dire qu’il y a peu d’industries qui se soucient dès le départ de la sûreté et de la gestion des déchets qu’elles produisent. Il n’est bien entendu pas question de minimiser ce sujet, mais dans ce débat, il nous faut répondre à une question essentielle : est-ce que l’urgence, ce sont les émissions de CO2, et donc la sortie des ressources fossiles, ou non ? »

Le niveau d’aliénation d’une salarié CGT du nucléaire peut atteindre des sommets… car l’essentiel n’est-il pas de « mettre sur le tapis les conditions de travail et l’organisation du travail ». Mme CGT devrait faire une  cure de désintoxication au sein du réseau Sortir du nucléaire . On lui montrerait que puisque nous sommes capables de rendre la biosphère invivable pour des siècles, nous pouvons aussi bien nous passer progressivement du nucléaire. Le scénario Négawatt a montré que c’était possible, il repose sur une priorité de premier rang, les économies d’énergie.

* chat lemonde.fr du 22 mars, il est impossible aujourd’hui de se passer du nucléaire

8 réflexions sur “CGT, pronucléaire ! L’aliénation syndicale…”

  1. Bah continuons dans le nucléaire, puisqu’on ne peut pas soit-disant s’en passer, et contaminons pour des siècles et des siècles la Terre que nous lèguerons aux générations futures (ils se chargeront eux-même de trouver une soit-disante solution qui n’existe pas), amen !

    Quand à la sortie du nucléaire sur plusieurs dizaines d’années, quelle ineptie ! On aura eu tout le temps de polluer encore et encore plus notre planète (toujours cette idéologie du toujours plus !). Le réseau sortir du nucléaire avait sorti il y a quelques années de ça, un bon dossier sur la sortie en 5 ou 10 ans du nucléaire, c’est possible ! Mais il faut une réelle volonté politique !
    Et ça commence par les économies d’énergie, l’efficacité énergétique, la sobriété !

    Pour finir, sortir du nucléaire, c’est aussi sortir de cette société policière !

  2. @JP Beaucher : « Alors, quoi d’autre que le nucléaire pour freiner un tant soit peu le réchauffement »
    Rien. Justement rien. Une parfaite inaction et un joyeux continuisme pour nous guider vers une récession mondiale que visiblement pas grand monde ne voit venir. Les émissions de CO2 vont baisser par la récession induite, il faudra ensuite souhaiter qu’on n’abuse pas du Charbon et du CTL mais bien que nous réalisions qu’il est temps de se mettre au régime et de changer le modèle.

    Voir ceci par exemple : http://www.espci.org/fr/jancovici
    Ou ceci : http://collapse.xgstatic.fr/energy_sources/videos/16_06_2009_Jancovici_Climat_SCoM.flv

    Il ne fait aucune doute que sortir du nucléaire pour le remplacer par du gaz ou du charbon ne constitue qu’une substitution d’un problème par un autre.
    Nucléaire :
    – Risque d’incidents (en temps normal mineur au vue du peu de morts en 50 ans d’exploitation)
    – Risques plus forts en cas de déstabilisation mondiale de l’économie et des systèmes politiques en situations de décroissance forcée

    Charbon/Gaz :
    – forte dépendance de la France au gaz russe = situation extrêmement tendue en contexte de déplétion (20 ans pour le pic gaz) mais avec de grosses perturbations préalables dues au pic pétrolier
    – augmentation des rejets de CO2, donc direction scénario A1F1 et conséquences encore plus graves

    Il y’a quelques années je soutenais le discour de cette personne de la CGT, l’urgence est de sortir du CO2, et non du nucléaire. Malheureusement rien a bougé entre temps, et il faut sincèrement souhaiter qu’on arrivera à gérer cette transition en douceur sinon les centrales ne sont pas un cadeau…

    Voir mes deux derniers posts (Grib) : http://www.oleocene.org/phpBB3/viewtopic.php?p=289905#p289905

  3. Je suis pleinement en phase avec l’axiome « l’enérgie la moins chère et celle qui ne pollue pas est celel que l’on ne consomme »… et l’applique avec rigueur à moi-même : 45 ans de vélo en ville… et croyez-moi, même aujourd’hui, nous ne somme pas légion à pédaler et mettre cette solution si simple en oeuvre pour économiser l’énergie. Hélas, l’homme est vorace et peu enclin à se modérer… et le scénario Négawatt, que je connais bien, pour séduisant qu’il soit, relève hélas largement de l’utopie. La sombre réalité, c’est que la demande d’énergie mondiale va DOUBLER dans les 25 ans à venir. Seul le charbon peut répondre à cette problématique (surtout si le nucléaire est abandonné) , d’où desrejets de CO2 massif, une pollution généralisée, et un réchauffement incontrôlé. Songez qu’il s’ouvre une centrale thermique charbon chaque semaine en Chine, et que chaque année, la Chine installe la capacité de production d’élec de la France, à 80 % charbon. Aux USA, en Allemagne, partout le thermique charbon. Alors, quoi d’autre que le nucléaire pour freiner un tant soit peu le réchauffement qui va causer d’ici un siècle la fin de l’aventure humaine ?…


    @ JP Beaucher
    Vous dite : « La demande d’énergie mondiale va DOUBLER dans les 25 ans à venir ».

    Nous avons déjà répondu à cet exemple de filière inversée, vous avez le même discours que le PDG d’EDF  !

  4. je suis salarié du nucléaire et employé a la centrale de Fessenheim (et pourtant j’ai pas de 3em bras ou tous autre mutation « Simpsonesque »), j’entends tellement de choses fausses sur le nucléaire que je me dois de réagir…..
    ce serai trop long de répondre a l’article, tellement il est démagogique, mais est ce une mauvaise idée de dire « les ressources fossiles doivent être considérées comme des biens publics mondiaux », pourquoi ne pas revenir sur la loi NOME qui va fragiliser EDF et donc ces investissement. Je rajouterai que le véritable danger est la « privatisation » des installations nucléaires.
    je suis pour une sortie du nucléaire, mais elle ne peut se faire que de façon progressive, c’est à dire en plusieurs dizaine d’année, et j’ai étudié les propositions des verts, j’ai particulièrement apprécié leur idée de réduire de 50% la consommation industrielle en changeant les ampoule et en améliorant les performances énergétique des ordinateurs…..désolé mais ce n’est que de l’utopie.
    Pour finir, je vais répondre a la question de « Mme CGT », oui il y a des personnes prévu en cas d’accident et j’en fais partie, c’est une partie indissociable de notre métier et tout le monde à un rôle, avant j’étais charger de réaliser des mesures d’activité dans l’environnement a bord d’une camionnette prévu pour et aujourd’hui, ayant évolué, je guide ces camionnettes….
    une dernière question M.Biosphère, est ce que le réseau sortir du nucléaire faisait partie de ces « écologistes » qui, en 2003, jetaient des poissons morts en amont de la centrale, pour aller les repêcher en aval et accusé la centrale ?…..

  5. JP Beaucher ne parle que de la production d’énergie, jamais de l’essentiel, les économies d’énergie.

    C’est malheureusement significatif de l’aliénation collective de notre société thermo-industrielle, qui ne connaît qu’un seul slogan : « Toujours plus »

    NB : les ENR, c’est encore le prisme de la production…

  6. JP Beaucher ne parle que de la production d’énergie, jamais de l’essentiel, les économies d’énergie.

    C’est malheureusement significatif de l’aliénation collective de notre société thermo-industrielle, qui ne connaît qu’un seul slogan : « Toujours plus »

    NB : les ENR, c’est encore le prisme de la production…

  7. Pas d’accord du tout avec votre analyse. Je l’ai trouvée, tout au contraire, très pertinente, Mme CGT. Il faudra, Mr Biosphère, que vous nous expliquiez :
    1. par quoi vous remplacez les 87 % de production nationale, soit plus de 400 TWh, assurés par le nucléaire, au meilleur prix européen,
    2. en quoi le fait que les 2/3 de l’électricité produite dans le monde le soit à partir de charbon aide à freiner le réchauffement climatique.

    En outre, n’hésitez pas à communiquer sur le nombre de victimes produites par 50 ans de nucléaire, à comparer au nombre de victimes du thermique charbon.

    Un peu de réalisme, moins de sectarisme et une meilleure connaissance du dossier ne nuirait pas à votre blog.

    Il n’est pas d’énergie parfaite. Mais compte tenu de la menace du réchauffement climatique, global, irréversible et fatal (sans commune mesure avec le risque nucléaire, limité et local), il y a urgence à ne par réagir sous l’émotion, mais au contraire à mobiliser toutes nos ressources de matière grise. Merci de nous épargner le couplet sur les ENR, lesquelles tout au plus, feront 10 % du mix mondial en 2050.

  8. Pas d’accord du tout avec votre analyse. Je l’ai trouvée, tout au contraire, très pertinente, Mme CGT. Il faudra, Mr Biosphère, que vous nous expliquiez :
    1. par quoi vous remplacez les 87 % de production nationale, soit plus de 400 TWh, assurés par le nucléaire, au meilleur prix européen,
    2. en quoi le fait que les 2/3 de l’électricité produite dans le monde le soit à partir de charbon aide à freiner le réchauffement climatique.

    En outre, n’hésitez pas à communiquer sur le nombre de victimes produites par 50 ans de nucléaire, à comparer au nombre de victimes du thermique charbon.

    Un peu de réalisme, moins de sectarisme et une meilleure connaissance du dossier ne nuirait pas à votre blog.

    Il n’est pas d’énergie parfaite. Mais compte tenu de la menace du réchauffement climatique, global, irréversible et fatal (sans commune mesure avec le risque nucléaire, limité et local), il y a urgence à ne par réagir sous l’émotion, mais au contraire à mobiliser toutes nos ressources de matière grise. Merci de nous épargner le couplet sur les ENR, lesquelles tout au plus, feront 10 % du mix mondial en 2050.

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